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Petit précis de culture chrétienne à l’attention de Vincent Peillon

Former French Education minister and Socialist Party's candidate for the left-wing primaries ahead of France's 2017 presidential election, Vincent Peillon is pictured during a campaign visit in Tours, on December 28, 2016. / AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT

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Jules Germain - publié le 25/01/17
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Parlant d’Emmanuel Macron, l’ancien ministre de l’Éducation nationale a confondu la parabole du fils prodigue avec l’expression d’enfant prodige, qui n’a absolument pas le même sens.

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Le peu d’affinité qu’a Vincent Peillon avec la religion chrétienne n’est un mystère pour personne. Il était récemment justement présenté comme un « bouffeur de curé », « un ennemi juré de la foi catholique de son propre aveu ». Mais ce désamour lui a, semble-t-il, joué des tours lors du troisième débat à la primaire de la gauche. Son erreur n’a pourtant pas été repérée par les principaux médias, l’inculture religieuse semblant parfois la chose la mieux partagée par les analystes politiques. Cette erreur est tout de même troublante de la part d’un professeur de philosophie, que l’on imagine cultivé, et qui se permet de nombreux jugements sur l’histoire de la religion, en faisant l’un de ses principaux thèmes de recherche académique. Ces quelques précisions lui seront donc bien salutaires.

Évoquant le parcours original d’Emmanuel Macron et son retour probable au sein de la gauche traditionnelle, Vincent Peillon a en effet dit qu’après ses errances, « sa grande famille », c’est-à-dire la gauche, « l’accueillera » : concluant : « c’est l’enfant prodige, il est parti, il reviendra », confondant ainsi la parabole du « fils prodigue » avec l’expression « enfant prodige », qui n’a absolument pas le même sens.

En effet, un enfant prodige, ce n’est pas ce fils qui s’en va et qui finit par revenir, accueilli par sa famille, prête, comme le Père dans les cieux, à lui pardonner, mais un enfant incroyablement doué. Le terme “prodige” signifie miraculeux, extraordinaire, impossible, magique. Alors que le terme “prodigue” est synonyme lui de dépensier. Ainsi un enfant prodige, c’est un enfant qui maîtrise à un âge précoce, un ou plusieurs domaines scientifiques ou artistiques, en principe seulement maîtrisé par des adultes. Les exemples les plus connus sont ceux de Rimbaud ou de Mozart qui ont su très jeune composer des œuvres parmi les plus belles et les plus incroyables de l’humanité. Blaise Pascal est un autre exemple fameux : à 11 ans, celui qui écrira ses Pensées en vue de bâtir une apologie de la religion chrétienne, a composé un court Traité des sons des corps vibrants et il aurait également au même âge redécouvert tout seul et démontré la 32e proposition du Ier livre d’Euclide.


Lire aussi : Devinez qui est le seul catholique de la primaire de la gauche 


Si la jeunesse et la trajectoire, digne d’une météorite d’Emmanuel Macron, peuvent rappeler la vie de tous ces enfants prodiges, ce n’est évidemment pas de cela dont parlait Vincent Peillon, comme son commentaire en témoigne : « Il est parti, il reviendra ».

En effet, mettant en lumière l’accueil inconditionnel du Père et sa capacité infinie à pardonner, la parabole du fils prodigue raconte l’histoire d’un jeune homme qui s’empare avant l’heure de l’héritage de son père, et qui, comme Emmanuel Macron, quitte les siens sans éprouver aucune culpabilité malgré sa trahison et son absence de gratitude, mais qui, devenu pauvre, parce qu’il dépense sans compter (le vrai sens de l’adjectif prodigue) finit par revenir dans sa famille, comprenant que : “Tous les ouvriers de mon père ont plus à manger qu’ils ne leur en faut, tandis que moi, ici, je meurs de faim ! ». Charles Péguy dit justement de cette parabole contée par le Christ que « de toutes les paroles de Dieu, c’est celle qui a éveillé l’écho le plus profond. »

Nous proposons, ainsi, à l’attention de Vincent Peillon et de tous ceux qui confondraient fils prodigue et enfant prodige, de méditer avec Charles Peguy sur cette parabole magnifique qui illustre l’immense bonté de Dieu et sa capacité infinie à accueillir ceux qui ont pu le trahir comme Pierre lors du jugement du Christ. Voici la méditation de Charles Péguy dans Le Porche du mystère de la deuxième Vertu :

« Un homme avait deux fils.

De toutes les paroles de Dieu

C’est celle qui a éveillé l’écho le plus profond.

C’est la seule que le pécheur n’a jamais fait taire dans son cœur.

Ainsi elle accompagne l’homme dans ses plus grands débordements.

C’est elle qui enseigne que tout n’est pas perdu.

Il n’entre pas dans la volonté de Dieu

Qu’un seul de ces petits périsse.

Quand le pécheur s’éloigne de Dieu,
mon enfant,
à mesure qu’il s’éloigne,
à mesure qu’il s’enfonce dans les pays perdus,
à mesure qu’il se perd,
Il jette au bord du chemin,
dans la ronce et dans les pierres
comme inutiles et embarrassantes
et qui l’embêtent
les biens les plus précieux.

Les biens les plus sacrés.

La parole de Dieu, les plus purs trésors.

Mais il y a une parole de Dieu qu’il ne rejettera point.

Sur laquelle tout homme a pleuré tant de fois.

On n’a pas besoin de s’occuper d’elle, et de la porter.

C’est elle qui s’occupe de vous et de se porter et de se faire porter.

C’est elle qui suit.

Dans la fausse quiétude un point d’inquiétude, un point d’espérance. Toutes les autres paroles de Dieu sont pudiques. Elles n’osent point accompagner l’homme dans les hontes du péché.

Elles ne sont pas assez avant.

Dans le cœur, dans les hontes du cœur.

Mais celle-ci en vérité n’est pas honteuse.

On peut dire qu’elle n’a pas froid aux yeux.

C’est une petite sœur des pauvres qui n’a pas peur de manier un malade et un pauvre.

Elle a pour ainsi dire
et même réellement
porté un défi au pécheur.

Elle lui a dit : Partout où tu iras, j’irai.

On verra bien.

Avec moi tu n’auras pas la paix.

Et c’est vrai, et lui le sait bien. Et au fond il aime son persécuteur.

Tout à fait au fond, très secrètement.

Car tout à fait au fond, au fond de sa honte et de son péché il aime (mieux) ne pas avoir la paix.

Cela le rassure un peu.

Un point douloureux demeure, un point de pensée, un point d’inquiétude.

Un bourgeon d’espérance.

Une lueur ne s’éteindra point et c’est la parabole troisième, la tierce parole de l’espérance.

Un homme avait deux fils. »

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