David Garrison, chrétien baptiste américain, a parcouru le monde pendant trois ans à la recherche des convertis de l’islam.
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L’islam a connu une expansion explosive au début de son histoire, notamment aux dépens du christianisme et du judaïsme. Alors que des populations entières se convertissaient à l’islam, ceux qui faisaient le chemin inverse étaient des individus. David Garrison, professeur à l’université de Chicago et spécialiste de l’islam observe un événement inédit, dont les prémisses se font sentir au XIXe siècle, mais qui prend de l’envergure aux XXe et XXIe siècles : des musulmans se convertissent en groupes importants au christianisme, dans toutes les régions où l’islam est majoritaire. Il a passé trois ans à dresser ce constat, en parcourant le monde et en rédigeant un livre sous forme de compte-rendu : Un souffle dans la maison de l’islam, paru en français aux éditions Première partie.
Les maisons de l’islam
Dar al’Islam “la maison de l’islam”, le lieu de la soumission à Dieu, en opposition à Dar al-Harb “le lieu de la guerre”, s’étend sur les 49 pays dans lesquels l’islam est majoritaire. David Garrison s’est rendu dans toutes les grandes régions de cet espace, pour rencontrer des convertis, et leur poser une série de questions, toujours les mêmes. Par exemple : “Votre foi musulmane était-elle active avant votre conversion ? Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis sur Jésus ? Quel rôle la persécution joue-t-elle dans votre vie ?”. D’une façon inattendue, le millier de convertis interrogés dans le cadre de ce livre donne des réponses très diverses. Il n’y a pas un facteur isolé de conversion mais un faisceau de causes diverses, ce qui confirme que ces conversions reposent sur une tendance de fond.
Selon ses estimations, qu’il avoue très imprécises, David Garrison calcule qu’il y a 2 à 7 millions de musulmans convertis, soit une infime minorité des 1,6 milliards de musulmans dans le monde. Le paradoxe de ces conversions, c’est qu’en dépit de leur petit nombre, elles ne décroissent pas, mais continuent au contraire à se développer. Il le démontre, chiffre à l’appui, avec une comptabilité très scolaire : il ne prend en compte que les mouvements qui, en 20 ans, ont créé 100 nouvelles églises ou qui ont baptisé 1 000 personnes. Il a relevé le phénomène même dans les “pièces” les plus fermées de la maison de l’islam, comme la péninsule arabique.
Les explications du mouvement
Pour expliquer que ce mouvement ait lieu depuis à peine plus d’un siècle, après 1300 ans sans rien de comparable, l’auteur invoque la fin de la colonisation. Il était inadmissible pour un musulman de se convertir à la religion des Européens qui prenaient le pouvoir. Un point de vue qui serait certainement à nuancer, en précisant par exemple que les pays colonisateurs n’ont pas montré beaucoup de zèle pour évangéliser les musulmans. Toujours est-il que dans de nombreux pays, la chronologie de David Garrison se tient : les mouvements vers le Christ se développent quand la colonisation s’achève. La multiplication des moyens de communications apporte une autre explication, en particulier pour les moyens qui ne peuvent pas être contrôlés par les États, comme la télévision par satellite. D’une façon surprenante, un prêtre copte nommé Abouna Botros Zakaria a ainsi un audimat qui se chiffre à des millions de téléspectateurs arabes, dont une majorité sont musulmans !
Mais au-delà de ces explications concrètes, la multitude de témoignages recueillis met en évidence un autre facteur, décisif : beaucoup de musulmans sont amenés à l’Évangile par Jésus lui-même. Les témoignages font souvent état de songes, de guérisons, d’actions miraculeuses, décisives dans le chemin parcouru par ceux qui choisissent de tout risquer pour le suivre.
L’énergie indomptable des convertis
Les convertis ont la foi… des convertis, qui seule leur permet de dépasser les épreuves. Les pages sont émaillées de témoignages de personnes rejetées par leurs familles, battues, devant vivre leur foi dans la plus stricte clandestinité. Certains ont rompu toute attache avec leurs proches et s’exilent. D’autres développent des techniques, comparables à celle des résistants de la dernière guerre, pour survivre. Ils fractionnent les cellules pour éviter qu’un chrétien capturé fasse tomber toute une église, se donnent des noms de codes, organisent des rassemblements clandestins etc.
L’écriture de ce livre elle-même a coûté cher à une partie de ses contributeurs. L’un des témoins interrogés par David Garrison a été empoisonné par un voisin, et a échappé à la mort de justesse. Un autre a été kidnappé et torturé pendant cinq mois.
Un souffle dans la maison de l’islam de David Garrison. Éditions Première partie, 2016, 18 euros.