Un groupe armé a attaqué la prison de Mindanao mercredi 4 janvier et est parvenu à libérer une partie des détenus, parmi lesquels trois artificiers.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
“On était en alerte”, assure le gardien de prison, Peter John Bongat, une attaque était en effet attendue pour le Nouvel An. Mais le renfort de militaires, qui avait été octroyé à cette prison de Mindanao, près de Cotabato, au sud des Philippines, avait été retiré lundi 2 janvier. À l’aube de ce mercredi, les gardiens ont donc dû faire face, seuls, à un assaut organisé : “Ce n’était pas une simple attaque de prison, mais une opération de récupération planifiée”. 21 gardiens armés pour la plupart de simples pistolets et de quelques M16 ont échangé des coups de feu avec une centaine d’assaillants équipés d’armes automatiques, pendant plus de deux heures. Profitant de la confusion, 158 détenus parmi les 1511 que compte la prison ont empilé des matelas pour franchir le mur d’enceinte. Un gardien et cinq détenus ont trouvé la mort lors de la fusillade.
Deux ans après le massacre de 44 policiers philippins dans la même île, cet événement semble réactiver le conflit du gouvernement avec les guérillas séparatistes. Il était arrivé à des accords, prévoyant une certaine autonomie d’une région musulmane, avec le MILF pour Moro Islamic Liberation Front, l’un des principaux acteurs du conflit. Mais l’application de l’autonomie piétine, notamment en raison de groupes islamistes encore plus radicaux que le MILF. Le BIFF, notamment, pour Bangsamoro Islamic Freedom Fighters. Il a refusé les accords avec le gouvernement et a prêté allégeance à l’État islamique. La plupart des évadés de ce mercredi appartenaient justement à ce groupe extrémiste. Trois d’entre eux sont des artificiers expérimentés, et la plupart étaient incarcérés pour des crimes graves. Le BIFF est naturellement le principal suspect pour l’attaque de mercredi, bien que son porte-parole, Abu Misry Mama, ait réfuté l’inculpation de son groupe sur l’antenne d’une radio chrétienne.
Minorité musulmane aux Philippines
L’archipel des Philippines est le seul pays d’Asie à majorité chrétienne, 5 à 7% de sa population est musulmane, principalement située dans l’île de Mindanao. Les inégalités, présentes dans cette île comme dans le reste du pays, attisent les mouvements armés islamistes armés, comme le MILF et le BIFF, mais aussi les guérillas communistes, très anciennes, représentées par le New People’s Army (NPA) dans l’île. Ce dernier groupe avait organisé une opération assez semblable à celle de ce mercredi 4 janvier : en 2008, il libérait 7 prisonniers communistes des prisons philippines.
40 des détenus qui sont parvenus à s’échapper mercredi sont retournés sous les verrous. Un autre, blessé pendant la fusillade, a été retrouvé mort. La police et l’armée continuent leurs recherches en prospectant dans les hôpitaux, car plusieurs des évadés auraient été touchés eux aussi.