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Apprentis d’Auteuil : “Les jeunes en difficulté ont souvent peu de vocabulaire, alors leur mode de communication est la violence”

© Facebook/Apprentis d'Auteuil

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Violaine Plagnol - publié le 06/01/17
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Le défi de l’animation en pastorale. (2/3)

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Découvrez la 1ère partie de la série : Apprentis d’Auteuil – « Au moment des attentats il y a eu beaucoup de tensions entre les jeunes » (1/3)


Dominique Grassin d’Alphonse est animatrice en pastorale dans une maison d’enfants des Apprentis d’Auteuil, à Creil dans l’Oise. Elle organise des soirées à thèmes pour débattre de sujets plus ou moins brûlants ! Car débattre, c’est apprendre à se connaître et à connaître l’autre.

Respect de l’autre

Notre travail repose sur le respect de l’autre, de sa pensée et de sa religion. Pour cela, nous organisons régulièrement des soirées à thème. Par exemple, je leur propose un temps de réflexion sur le pardon. J’essaye de recueillir des témoignages de jeunes sur ce sujet.

Dialogue inter-religieux

J’ai aussi fait venir Mouna Chérif, une islamologue pour un temps d’échange sur la rencontre. Il est important d’expliquer et de comprendre les codes des uns et des autres. D’autant plus en période de Ramadan ! La soirée a démarré par une simple question : connaissez-vous des gens qui jeûnent ? De là, on parle de la foi chrétienne et de la foi musulmane. Les questions fusent : « Les chrétiens, ils ont trois dieux, Jésus, Dieu et le Saint-Esprit, pourquoi disent-ils qu’il n’y en a qu’un ? » ou encore « La Bible, ok, mais elle est rapportée par des hommes alors que le Coran c’est la parole de Dieu lui-même… ». Nous tentons de leur apporter un éclairage.

L’objectif, c’est de les emmener à se respecter et à respecter la croyance des autres. Et aujourd’hui, cela est crucial. D’ailleurs, dans cette perspective, j’acquière des connaissances sur l’Islam.

Affectivité

L’affectivité, la relation fille-garçon, la sexualité, le corps, l’estime de soi… sont aussi des sujets importants. Même s’ils sont souvent impulsés par la pastorale, ce sont des thèmes que nous travaillons en équipe et sur lesquels les animateurs s’investissent de plus en plus. Ma formation Teen Star m’aide énormément. L’enjeu est de taille : comment parler d’amour aux jeunes, de sexualité… ? D’autant plus lorsque certains ont été bafoués.

Pour lancer la discussion, je leur ai montré une petite vidéo de dix minutes tournée par des jeunes de la cité. Ils se retrouvaient dans ces jeunes-là. Parfois on projette un film. Par exemple, « Wajda » pour parler de la place de la femme dans la société.

Communication, racisme…

En réunion, je suis toujours à l’écoute des problèmes. On soulève un incident avec un téléphone portable par exemple… Faisons une soirée à thème sur la communication ! Mais ça peut aussi être sur le racisme, sur la non compréhension de la démocratie, de la laïcité, de l’hygiène. Ou encore qu’est-ce qu’être Français ? Faisons une soirée ensemble ! Et dans la mesure du possible, nous invitons un intervenant extérieur. Un ancien déporté dans un camp de concentration est venu nous parler du nazisme, de l’esclavage.

On aborde aussi la question de l’insertion des étrangers qui veulent rester en France.

S’exprimer avec des mots et non avec des coups

Les jeunes en difficulté ont souvent peu de vocabulaire, alors leur mode de communication est la violence. Leur offrir la possibilité de discuter, c’est leur permettre de pouvoir s’exprimer avec des mots en argumentant, en essayant de les faire raisonner.

Leur apprendre à exprimer une pensée, c’est leur donner la possibilité de dire « non, je ne suis pas d’accord » sans violence et sans coups. Souvent la violence monte parce que les jeunes ont peu de mots, ils n’ont pas appris à argumenter, à se défendre par les mots. Il faut arriver à les faire parler, l’enjeu est là ! Ils sont comme nous tous : quand on est au pied du mur, on s’énerve ! S’ils n’apprennent pas à s’exprimer aujourd’hui, quand ils seront adultes ils vont se renfermer dans des non-dits. Or il faut que ça sorte !


www.apprentis-auteuil.org/

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