Le cri du père salésien enlevé au Yémen est le symbole de tous les cris de prêtres, religieux ou laïcs enlevés ou portés disparus dans le monde.D’un côté, le père Tom Uzhunnalil, enlevé le 4 mars 2016 au Yémen, apparaît dans une vidéo publiée le 24 décembre sur YouTube, après des mois de silence afin de demander de l’aide. De l’autre, au Myanmar, deux laïcs de la communauté Saint-François-Xavier à Mongkoe disparaissent après avoir participé à une enquête sur une attaque contre l’Église catholique. Deux affaires différentes mais liées entre elles : ces hommes payent de leur vie “leur foi en Jésus Christ”, comme tant d’autres dans le monde “dont nous n’aurons jamais connaissance ou dont on ne connaîtra pas même le nom”, regrette l’agence Fides dans son rapport annuel sur les opérateurs pastoraux tués dans en 2016. Et le nombre de ces enlèvements ou disparitions de prêtres, religieux ou laïcs est en hausse. Faire état de ces deux affaires récentes, dont les médias ne parlent pas ou peu, est leur rendre hommage à tous… Et inviter à ne pas les oublier dans nos prières.
Yémen
“Ma santé s’aggrave. Je dois être hospitalisé au plus vite. Je vous en prie, aidez-moi ». C’est le cri lancé par l’un d’eux : le père Tom Uzhunnalil, enlevé le 4 mars dernier, au Yémen, par un commando de djihadistes, lors d’une attaque contre le couvent des missionnaires de Mère Teresa, où il était aumônier. Après des mois de silence et de rumeurs les plus folles sur son sort, le père salésien a réapparu ces jours-ci dans une vidéo diffusée sur YouTube par ses ravisseurs.
Le religieux, rapporte la presse italienne, visiblement souffrant, amaigri et la barbe longue, demande aussi l’aide du Pape : «Cher pape François, s’il vous plaît, prenez soin de ma vie. Et je demande aussi aux autres évêques de venir vite à mon secours”, ajoutant, dans des propos très certainement dictés par les islamistes : “Aucune initiative sérieuse n’a été prise parce que je viens d’Inde. Si j’étais un prêtre européen, mon cas aurait été traité beaucoup plus sérieusement !”.
Pour Mgr Paul Hinder, vicaire apostolique de l’Arabie du sud (Émirats Arabes Unis, Oman et Yémen), interpellé par Asianews, l’élément positif de cette vidéo est “le fait que le prêtre est, ou semble être, encore vivant”, mais négatif qu’il parle “sous pression et selon les indications des ravisseurs”. Mgr Hinder, sans donner de détails, affirme que des actions sont menées sur “plusieurs fronts pour obtenir sa libération”.
Le 4 janvier, les communautés salésiennes d’Asie ont prié “avec ferveur” pour leur confrère, rapporte Radio Vatican. En Inde, plus de 50 000 cartes postales ont été envoyées au Premier ministre Narendra Modi afin de lui demander de s’impliquer davantage pour la libération du père Tom. Le comité de soutien formé pour le missionnaire enlevé, “le gouvernement indien ne prend pas assez au sérieux cette affaire”. Une manifestation publique est prévue dans les prochains jours.
Myanmar
Mais le phénomène des enlèvements est également en hausse dans les pays où le seul fait de se rendre disponible auprès des pauvres, des orphelins, des toxicomanes, des anciens détenus, de mettre en œuvre des projets de développement et dénonçant, au nom de l’Évangile, les injustices, les discriminations, la corruption, est vu comme un délit et passible de rétorsion.
Au Myanmar (l’ex Birmanie), deux laïcs de la communauté catholique Saint-François-Xavier à Mongkoe (diocèse de Lashio, Etat Shan), non loin de la frontière avec la Chine, Gam Seng et Dumdaw Nawng Lat, disparus le soir de la veille de Noël après avoir aidé des journalistes à enquêter sur le bombardement d’une église catholique, début décembre. Leur communauté, à laquelle ils se consacrent très activement, avait elle-même fait les frais du raid de l’armée birmane contre la rébellion armée de la minorité chinoise de Kokang, le 3 décembre dernier.
Le diocèse de Lashio comprend une trentaine de paroisses et plus de 30 000 catholiques desservis par quelque 30 prêtres, une centaine de religieuses et plus de 100 catéchistes. Après la destruction de leur paroisse – il ne reste plus que le clocher – le curé, les religieuses et un millier de paroissiens ont quitté la ville pour aller se réfugier de l’autre côté de la frontière, en Chine.
Des sources locales contactées par AsiaNews ont confirmé la disparation des deux hommes précisant qu’il s’agit bien de deux laïcs “liés à l’Église locale”, qui n’hésitaient pas à prendre fait et cause pour leur communauté. D’après les journalistes qu’ils avaient assistés dans leur enquête, Gam Seng et Dumdaw Nawng Lat, ont disparu “après la publication de photos montrant des églises et écoles endommagées par les bombardements, et avoir raconté les faits”.