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Aleteia : Anne-Sophie, difficile de parler de vous sans parler de votre famille. Qui sont les Walser ?
Anne-Sophie Cohen-Walser : Notre famille est issue d’un grand peuple Suisse, le peuple des Walser qui a laissé en Europe un héritage familial et patrimonial d’importance. Depuis plus de mille ans les Walser travaillent le bois sous toutes ses formes .
Partie de Zermatt au XIIIe siècle, cette famille s’est dirigée progressivement vers le Vorarlberg et le Tyrol. À la fin du XVIIe siècle, le prince du Luxembourg découvrit la richesse artisanale du savoir-faire des Walser en particulier dans la construction d’églises et leur demanda de venir s’installer dans son pays afin d’y exercer leur art.
De génération en génération la tradition du bois a été poursuivie. Mon grand-père Robert Walser, après plusieurs années comme ouvrier chez Louis Majorelle et Eugène Vallin, deux grands maîtres de l’École de Nancy, a repris l’entreprise familiale, puis mon père Philippe a créé il y a 30 ans le centre de formation que je dirige depuis 2009 à sa suite et avec la même passion que celle qui l’a animée.
Ne vous êtes-vous jamais sentie contrainte de reprendre le métier de votre père ? L’équilibre n’a pas dû être facile à trouver avec la vie prenante d’une mère de famille …
Au début, oui… Mais mon père approchant de la retraite ne pouvait pas me prendre comme salariée. J’avais peur de ne pas pouvoir concilier ma vie de famille et mon travail. La vie quotidienne n’est pas toujours simple, surtout avec quatre enfants, mais je suis très soutenue par mon mari et mes parents qui m’aident beaucoup. En étant « chef d’entreprise » j’ai une certaine liberté qui me permet d’être présente quand mes enfants ont besoin de moi.
Où en sont les Ateliers d’art Walser aujourd’hui ? Qui sont les clients qui viennent chercher votre savoir-faire ?
Les ateliers d’art Walser continuent de restaurer du mobilier civil et religieux, mais depuis quelques années nous créons du mobilier plus contemporain. Nos clients sont des particuliers désireux de conserver leur patrimoine. Mais nous avons également des paroisses et des communautés religieuses qui nous contactent pour des restaurations ou des créations (sculpture, ambon, tabernacle…).
En parallèle de l’entreprise, vous avez la spécificité d’avoir une école d’arts appliqués. Quel a été l’état d’esprit qui l’a fait naître ?
L’intuition de mon père, qui a créé cette école au début des années 90, était de faire perdurer un savoir-faire ancestral transmis de génération en génération.
Quelle dimension spirituelle parvenez-vous à trouver dans votre travail d’artisan ?
Mon don artistique, « mon talent » m’a été donné par Dieu et je ressens le besoin de redonner « la splendeur » à chaque objet que je restaure ou que je créé. Pour moi la beauté et l’art sont des chemins vers Dieu.
Quel message souhaiteriez-vous donner à un jeune — ou moins jeune — qui serait tenté par l’artisanat d’art et qui craint de se lancer ?
L’artisanat d’art est un secteur très difficile qui demande du courage et de la persévérance mais lorsque on garde Espérance en Dieu, on se relève des moments difficiles et on traverse les éventuels déserts arides de la vie.
Propos recueillis par Thomas Renaud
Pour découvrir le travail d’Anne-Sophie et des Ateliers Walser : http://www.ateliers-walser.com/index.php/fr/