Découvrez la sélection du prix “Écritures & Spiritualités” qui sera décerné au printemps 2017.Le Prix Écritures & Spiritualités récompense depuis 1979 des ouvrages d’inspiration spirituelle, issue ou non des grandes traditions monothéistes, qui invitent le lecteur à découvrir un écrit porté par l’hospitalité de l’Autre en soi, quelle que soit la forme de sa manifestation.
Karima Berger, la présidente du Prix, nous éclaire sur ce que cela signifie. Il s’agit d’ “une écriture qui fait de la place à l’autre quelque soit le nom qu’on lui donne, cet étranger, cette étrangeté en soi, cette altérité spirituelle qui est accueillie dans toute son ampleur au point même de transformer l’écriture. Et ce contrairement à des romans trop nombrilistes de la tradition française contemporaine”. Mais le fil rouge se résume aussi en cette phrase d’Edith Stein choisie par l’association : “Mon désir ardent de la vérité est mon unique prière”.
Les critères de sélection se portent sur la qualité de l’écriture, l’ouverture, la quête, le dialogue et le “souffle” en rapport avec le spirituel. Mais le but est aussi de découvrir de nouvelles voix d’écriture et de pensée, hérauts du dialogue interreligieux, de la dimension de l’altérité et qui peuvent entrer en résonnance avec l’actualité. Et pour maintenir l’exigence de ce prix, le jury s’est muni depuis deux ans d’un président d’honneur, François Surreau, sous l’impulsion de la présidente du prix.
Une sélection pointue
Parmi les sélectionnés, deux prix sont décernés. L’un en catégorie littérature et l’autre en catégorie essais. Cette année, le jury a souhaité inclure dans sa sélection une BD qui s’inscrivait dans les critères de sélection du prix et qui pourtant n’était ni littérature ni essai… c’est donc une première ! Coup de cœur des membres, la BD Les Réfugiés, cinq pays, cinq camps d’un collectif de cinq auteurs fait son entrée avec brio dans le paysage littéraire. Reste à savoir lequel des prix serait-elle susceptible de recevoir, bien qu’elle soit face à six ouvrages dans chacune des catégories.
Côté littérature, trois romans signés chez Actes Sud : Destiny, de Pierrette Fleutiaux Tout dort paisiblement, sauf l’amour, de Claude Pujade-Renaud et Azyme, de Jean-Philippe de Tonnac. L’enfant qui mesurait le monde, publié chez Grasset, raconte les relations entre trois générations, à travers trois personnages, face au destin d’une île grecque prise entre un passé mythologique et un avenir idéalisé. Le titre d’Armel Job, Et je serai toujours avec toi, reprend l’épitaphe du défunt mari de la fervente héroïne, qui voit alors comme un signe l’arrivée d’un inconnu dans sa vie mais aussi le début d’une histoire pleine de suspense… que l’auteur maîtrise remarquablement. Le dernier écrivain est l’habituée des prix Céline Minard qui signe un nouveau roman, Le Grand jeu.
Les essais ont été tout aussi soigneusement choisis, deux sont de la grande maison Gallimard : Chrétien et moderne, de Philippe d’Iribarne qui, en observateur de longue date, affirme la possibilité de conjuguer les deux si les deux parties renoncent à la toute-puissance et La beauté du monde, de Jean Starobinski. Deux autres viennent de chez Albin Michel, avec Dieu par la face Nord, d’Hervé Clerc et Paysage d’hiver, de Christine Jordis. Et suivent L’Épreuve de la haine, de Marc Crépon et Esther, le nom voilé, de Claudine Vassas du CNRS.
La spiritualité dans la pensée actuelle
Bien que les femmes auteurs soient minoritaires, le thème du féminin revient souvent sous les plumes choisies pour le prix. Dans Azyme, la place de la femme est mise à l’honneur par son rôle dans le pain biblique, Esther, le nom voilé, offre une belle réflexion sur une très belle figure féminine de la bible sans doute à restaurer, en y ajoutant la question du voile pour en retrouver le sens originel. Et enfin, le roman de Céline Minard raconte l’histoire de deux femmes, dont l’une brisera la solitude de l’héroïne qui a décidé de tout quitter pour vivre en autarcie dans les montages et se centrer sur soi pour tenter de contrôler son destin, sans savoir que le plan de la vie ne se contrôle pas.
Les réflexions contemporaines apportées par les essais offrent une diversité de voix et tout autant d’éléments pour trouver des repères dans le monde actuel.
La spiritualité n’a pas fini d’inspirer ni de jalonner la pensée actuelle, elle ne saurait d’ailleurs trop s’en éloigner sous peine de perdre l’homme, et c’est tout à l’honneur de ce prix de les récompenser.