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Douter, est-ce perdre la foi ?

© Stéphane OUZOUNOFF/CIRIC

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Jules Germain - publié le 23/12/16
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Quand des catholiques découvrent l’expérience de l’athéisme.

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Les croyants sont-ils sur la bonne voie ? La position vis-à-vis de la religion a un lien avec l’expérience personnelle. C’est une expérience étonnante, lorsque des catholiques éminents découvrent soudainement l’expérience de l’athéisme.

Anselm Grün, père bénédictin et auteur de livres spirituels qui sont tous des bestsellers, se confie : « Il y a en moi la foi et une part d’incroyance. Cette part d’incroyance me rend plus tolérant et me permet de mieux comprendre ceux qui ne partagent pas ma foi ». Cette confession peut troubler : comment un homme ordonné prêtre, qui atteint des millions de personnes avec ses livres, peut-il ne pas être totalement convaincu par la foi ?

Comprendre la foi comme l’athéisme est, selon Anselm Grün, un avantage : « Je peux ainsi parler plus facilement à ceux qui ne croient pas et les remettre en question, leur faire sentir la présence de Dieu ». Gün a écrit un nouveau livre avec Tomas Halik, théologien, professeur de sociologie et prêtre, intitulé, Être séparé de Dieu – Quand la foi et l’incroyance se rencontrent. Le père Tomas Halik est persuadé que l’incroyance a une part de vérité en lui-même. « Un athéisme critique peut purifier des représentations religieuses trop naïves et fausses. Il faut rencontrer cet athéisme, le dépasser et l’intégrer à la foi pour la rendre plus forte ».

Prêtre en dépit des obstacles

Concernant le père Halik, sa biographie est particulière et l’a confronté d’abord à l’athéisme. Né à Prague en 1948, élevé dans une famille intellectuelle et sécularisée, il a abordé la Bible comme la mythologie grecque : cela faisait partie de la culture générale. Il a ensuite étudié à l’université la philosophie, la sociologie et la psychologie. Mais il y avait une autre face en lui : celle de l’homme religieux. « J’ai fortement remis en question l’agnosticisme de ma famille, j’ai douté et tant douté que j’en suis venu à douter de mon doute même. »

Comme dans les années 70, dans la Tchécoslovaquie communiste, il était impossible de rentrer au séminaire pour devenir prêtre, il a fait des études de théologies et s’est ensuite fait ordonné prêtre dans le secret : « Même ma mère ne savait pas que j’étais prêtre ». Il était psychothérapeute, spécialisé dans les maladies liées à l’alcool et à la dépendance à la drogue. C’est clandestinement qu’il célébrait la messe, en dépit des mesures prises par le parti communiste au pouvoir.

Les Tchèques veulent croire en quelque chose mais ils sont loin de la foi chrétienne

Aujourd’hui, le père Halik est professeur de sociologie à l’université de Prague. Il connait deux populations : la grande masse des étudiants devenus areligieux et les milieux chrétiens enracinés dans la foi en Jésus Christ. Il voit cependant un retour de la religion dans ce monde sécularisé : « mais ce n’est pas un retour à la religion traditionnelle : ils recherchent une religion transformée ».

Il y a quelques orientations religieuses qui se transforment en idéologie politique. D’un autre côté, on rencontre de nombreuses personnes qui ne se veulent pas religieuses mais se considèrent intéressées par la spiritualité. « Il y a énormément de personnes en recherche, mais ils trouvent peu d’interlocuteurs », explique ce prêtre qui a baptisé déjà 1300 adultes en République Tchèque. Il est convaincu qu’il y a des structures à développer pour répondre à ce profond besoin de connaitre et de découvrir Dieu, « mais quand des personnes sont en recherche, on ne peut pas se contenter d’arriver et de se présenter comme propriétaires uniques de la vérité : il faut se mettre en recherche à leurs côtés ».

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