En recevant les enfants et le personnel soignant du Bambin Gesù, le Saint-Père explique le drame de la souffrance des enfants et fustige la corruption, “le pire des cancers” pour un hôpital.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
“Pourquoi les enfants souffrent-ils ? Je n’ai pas la réponse”, a reconnu le pape François devant des centaines d’enfants malades. “Mais je sais à qui nos souffrances sont offertes”, a-t-il ajouté. Le Pape a reçu le 15 décembre, dans la salle Paul VI au Vatican, plus de 1 000 personnes, entre enfants, employés et bénévoles de l’hôpital pédiatrique Bambino Gesù de Rome, propriété du Saint-Siège.
Parmi les présents, un groupe d’enfants malades provenant d’une vingtaine de pays. Pendant la rencontre, le Saint-Père a également fustigé ceux qui cèdent à la ” tentation” de “faire des affaires” sur le dos de tous ces enfants, transformant alors “une belle œuvre” comme cet hôpital en “industrie” des maladies, et s’en servir pour d’autres intérêts. Une allusion à peine voilée au scandale financier qui a secoué l’hôpital, l’année dernière, impliquant notamment l’ancien secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Tarcisio Bertone.
Pour répondre aux questions, le Saint-Père n’a pas hésité à sortir plusieurs fois de son discours, tenant d’expliquer à Valentina, une infirmière, ou à Luca, un étudiant en soins infirmiers, le mystère du drame de la souffrance chez les enfants, ou de la bonne attitude à avoir face à elle :
Pas des pourquoi mais des pour qui
“Valentina, ta question sur les enfants qui souffrent est grande et difficile ; cette question reste ouverte et je crois que c’est bien. Jésus lui-même n’a pas donné de réponse par la parole. Devant la souffrance d’innocents lors de circonstances tragiques, à l’époque, Il n’a fait aucune prédication, n’a tenu aucun discours théorique. On peut le faire, mais Lui ne l’a pas fait. En vivant parmi nous, il ne nous a pas expliqué pourquoi on souffre. Par contre, il nous a montré le chemin pour donner un sens à cette expérience humaine : il n’a pas expliqué pourquoi on souffre mais, supportant avec amour la souffrance, il nous a montré pour qui on souffre. Non pas pourquoi, mais pour qui. Jésus a offert sa vie pour nous et en nous faisant ce don, qui lui a tellement coûté, Il nous a sauvés. Suivre Jésus c’est faire comme Lui : plus que chercher des pourquoi, c’est vivre chaque jour pour.
Face à la souffrance
Mais Valentina a été “exigeante”, et a demandé au Pape un “remède” pour ceux qui sont “en contact avec la souffrance” : “Une belle demande, a répondu François. Je ne dirais qu’une petite chose, que l’on peut apprendre dès tout petit : redécouvrir chaque jour la valeur de la gratitude, savoir dire merci “. Cette chose, “nous l’apprenons aux enfants et nous ne le faisons pas, nous les adultes. Or, dire merci, tout simplement parce que nous sommes devant une personne, est un remède contre le refroidissement de l’espérance, qui est une sale maladie, une maladie contagieuse. Dire merci nourrit l’espérance (…) et l’espérance est le “carburant” de la vie chrétienne qui “nous fait avancer chaque jour”. Accompagner un enfant qui souffre est si difficile, a reconnu le Pape : on peut seulement lui prodiguer “des caresses, être proche de lui, pleurer avec lui”. Face à la souffrance, a-t-il insisté, “on ne parle pas : on pleure et on prie en silence”.
Contre les affairistes et les corrompus
À Luca, étudiant en soins infirmiers, Le Pape a expliqué “la marque de fabrique” du Bambin Gesù – premier hôpital pédiatrique en Italie, devenu l’un des plus grands hôpitaux et centres de recherche pour enfants en Europe, rappelle l’agence I-Media – Cette marque “sont les enfants”, a-t-il insisté, c’est “être fatigué, c’est avoir transpiré, être sale et avoir envie de rentrer chez soi mais en même temps avoir envie de rester avec eux, de donner sa vie à ce lieu”. Et c’est là que le Saint-Père est à nouveau sorti de son discours pour fustiger “les affairistes et les corrompus”. La corruption, “le pire des cancers qui puisse frapper un hôpital comme celui-ci”, a-t-il dénoncé, en allusion au scandale financier qui a secoué l’hôpital, l’année dernière. Car le Bambin Gesù aussi n’a pas échappé à la “tentation d’uniformiser, de transformer une belle œuvre en industrie et y faire des affaires », comportement contre lequel le Saint-Père s’insurge dès qu’il en a l’occasion. La corruption est “ce qu’il craint le plus, a-t-il avoué à ses hôtes . Car, comme le cancer, pour reprendre sa comparaison, « celle-ci ne vient pas d’un jour à l’autre, on y va doucement, lentement, un jour une petite pièce, demain un pot-de-vin, après-demain une faveur, et lentement on finit par glisser, sans s’en apercevoir, dans la corruption”. À ces mots, tonnerre d’applaudissement dans la salle.
“Les enfants, eux, ne sont pas corrompus (…) Regardez ces enfants, je peux faire des affaires corrompues sur leurs dos ?”, a poursuivi le Saint-Père, “Le Bambin Gesù doit savoir dire non. Pécheurs oui, nous le sommes tous, mais corrompus jamais !”, a-t-il conclu, suscitant une nouvelle salve d’applaudissements.
Être proche, le secret des infirmières
Et puis ne pouvait pas manquer la petite anecdote personnelle qui a permis au souverain pontife de rendre hommage au “rôle précieux” des infirmiers et infirmières : « A 21 ans j’ai eu une très grave pneumonie, on ne savait pas ce que c’était, nous pensions à une grippe, mais j’ai eu tant de fièvre que j’ai fini à l’hôpital. On a du me retirer une quantité de liquide et le docteur a prescrit un million de pénicilline et 500 mille de streptomycine, et il est parti. La religieuse qui était infirmière a dit à une autre infirmière : trois millions pour l’une et un million pour l’autre, parce qu’elle avait du flair, elle avait le flair de la maladie, je ne dis pas du mal contre les médecins, ils sont très biens, n’est-ce pas ? Mais les infirmiers, les infirmières sont si proches du malade ! Ils ont des qualités spéciales pour accompagner, mais également pour guérir”.
Le Bambin Gesù, aussi une histoire de dons
Mais l’hôpital Bambino Gesù, c’est aussi une histoire de dons, rapporte l’agence I-Media: Un chœur composé de parents et de petits patients a chanté la chanson ‘La vie courageuse’, l’hymne de la campagne de communication sociale de la Fondation Bambino Gesù, dédié à la collecte de fonds pour la recherche contre les maladies rares et orphelines.
Le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin et le nouveau cardinal centrafricain Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, étaient présents à la rencontre. Au premier rang étaient réunis plus de 150 enfants en provenance d’Italie et des « périphéries du monde » : Argentine, Venezuela, Pakistan, Népal, Russie, Liban, Moldavie, Ukraine, Bulgarie, Albanie, Serbie, Pologne, Congo et Nigeria.