L’auteur du “Seigneur des Anneaux” avait une foi profonde qui a influencé ses descriptions à la fois fantastiques et épiques du bien et du mal, nous explique une fan des Hobbits.
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Je dois faire un aveu : quand j’avais 13 ans, le plus grand trésor que j’avais en ma possession était un tee-shirt sur lequel était représenté un petit personnage et portant les mots « Bilbo Baggins ». Oui, j’étais une fan de Hobbits, une passionnée de ces romans où des paysans anglais mythologiques vivant dans de douillettes maisons recouvertes de gazon et amateurs du deuxième petit-déjeuner étaient menacés par un anneau aux mystérieux pouvoirs. À l’époque, avant l’adaptation au cinéma du Hobbit et des autres livres, il y avait peu d’inconditionnels de mon niveau. Mais plus maintenant : les films ont propulsé les livres sur grand écran, bien sûr, et un nouveau biopic, où il sera certainement question de l’attachement de l’auteur aux valeurs chrétiennes, est actuellement en préparation.
L’esprit derrière la fiction
J.R.R. Tolkien est né en 1892, et après avoir obtenu un diplôme à Oxford, il combat pendant la Première Guerre mondiale en tant que lieutenant. Il assiste alors à de nombreux carnages, y compris la terrible bataille de la Somme, qui inspira plus tard certaines des grandes batailles du Seigneur des Anneaux. Traumatisé, il est démobilisé pour raisons de santé.
C’est alors qu’il se remettait de la guerre que J.R.R. Tolkien a commencé à écrire des œuvres de fiction. Son intérêt pour la mythologie anglaise et ses cadres sauvages s’est renforcé au cours de ses études en littérature médiévale anglaise. En 1925, il a déjà écrit Le Hobbit et les deux premiers tomes de la trilogie du Seigneur des Anneaux, à savoir La Communauté de l’Anneau et Les deux tours. Le dernier tome, Le Retour du roi, n’est achevé qu’en 1955. Pendant la Seconde Guerre mondiale, J.R.R. Tolkien œuvre comme “décrypteur” de codes secrets.
Cependant, la plupart des gens qui adorent les classiques de l’auteur anglais ignorent tout de sa vie spirituelle, ou tout du moins de la manière dont sa foi a influencé son œuvre. Bientôt, ce sera de notoriété publique puisque James Strong, réalisateur de la série Downton Abbey, vient de signer pour la réalisation d’un biopic sur la vie et l’œuvre de l’écrivain, avec un focus sur sa vie de jeune professeur. Bien qu’il n’y ait pas plus d’informations pour l’instant et que la date de sortie ne soit pas précisément connue, la perspective d’un film sur J.R.R. Tolkien est pour le moins alléchante pour les nombreux fans de ses livres.
Ce biopic permettra également aux gens de mieux percevoir sa grande dévotion chrétienne. À Oxford, le créateur du Seigneur des Anneaux appartenait à un petit groupe de professeurs intitulé « The inklings », mot qui signifie en anglais « des petites idées », faisant ainsi référence aux idées de sagesse spirituelle et littéraire qui les intéressaient. Ce nom constitue également un jeu de mots avec le terme « ink » qui désigne l’encre avec laquelle ils aimaient écrire. La douzaine de membres de ce club, dont faisait également partie son collègue anglican C.S. Lewis, se retrouvaient de manière informelle dans des pubs ou à leurs domiciles pour discuter d’histoire, de littérature, d’imaginaire, de mythologie, de la langue – tous ces domaines qu’ils essayaient de traiter dans leurs cours et dans leurs livres.
Bien que J.R.R. Tolkien ait eu une sensibilité plutôt libérale sur le plan social et politique, il est resté résolument traditionaliste dans sa pratique religieuse. Son petit-fils Simon se souvient qu’après le concile Vatican II, son grand-père avait refusé d’accepter le changement du latin à l’anglais à la messe, et qu’« il répondait toujours très fort en latin alors que toute l’assemblée répondait en anglais ».
Les mythes : des vérités divines
Pour ceux qui penseraient que J.R.R. Tolkien dissociait le processus de création d’un mythe de sa foi, sachez que lui-même considérait que la mythologie était essentielle à la croyance de l’homme en Dieu. Il croyait que les mythes étaient le meilleur moyen, sinon le seul, de transmettre des vérités qui pourraient sans cela rester inexprimables. Il était même convaincu que nos mythes contenaient des petites parcelles de la vérité de Dieu, et qu’ils pouvaient nous aider à nous réorienter vers cette vérité.
Aujourd’hui, des années après sa mort en 1971, beaucoup de spécialistes en littérature et en religion reconnaissent la véritable influence de la fidélité de l’auteur au christianisme sur sa propre fiction, et sa volonté de se tourner vers une vérité divine. Il a notamment beaucoup écrit sur la religion catholique. Voici l’une des citations qui touche au cœur de sa foi : « L’unique remède contre une foi qui s’étiole est la communion. Bien qu’immuable, parfait, complet et inviolé, le Saint-Sacrement n’opère chez personne de manière complète et définitive. Comme pour un acte de foi, il faut que cela soit continu et que cela mûrisse au fur et à mesure ».
Dans Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux, J.R.R. Tolkien a voulu allier son amour pour la campagne anglaise, le pouvoir de la langue et la croissance permanente de la foi par l’exercice du bien. Pour lui qui a servi son pays au cours de deux guerres, la pratique du bien contre le mal est plus qu’un concept, c’est une réalité, une réalité qui représente parfois la seule issue possible. À une époque qui a mis la foi de nombreuses personnes à l’épreuve (et qui a vu certains la perdre malheureusement), l’écrivain a non seulement conservé la sienne mais s’est aussi servi de son œuvre et de sa visibilité pour renforcer celle des autres.