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En dépit de l’élection frauduleuse d’Ali Bongo Ondimba, Paris l’admet comme interlocuteur, reniant ses prises de positions passées.
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Le 31 octobre 2016, Manuel Valls, alors Premier ministre, entérinait l’élection litigieuse du 27 août dernier en affirmant à Abidjan : “Le Gabon a un président. Et le seul souhait que nous pouvons émettre, c’est qu’il y ait un dialogue, une réconciliation”. Le même Manuel Valls avait, sept mois auparavant, remis en cause, lors d’une émission télévisée (“On n’est pas couché”, France 2, samedi 16 janvier, voir l’extrait ci-dessous), la légitimité de l’élection d’Ali Bongo Ondimba en 2009, qui succédait alors à son père.
Circonspect quant à l’élection de 2009, Manuel Valls n’a cependant pas attendu, pour celle de 2016, les résultats de la mission d’observation de l’Union européenne. Celle-ci a révélé, ce lundi 12 décembre, un secret de polichinelle : le scrutin de cet été a été massivement entaché par des fraudes.
Fin août 2016, les manifestations qui avaient suivi l’élection auraient fait trois morts selon les sources officielles, trente selon les sources médicales. Les procès-verbaux des bureaux de vote de la province du Haut-Ogooué, fief de la dynastie Bongo, jugés invraisemblables : une dizaine d’entre eux portant la même signature. Le pays, en crise politique, n’a pourtant pas la réputation d’instabilité chronique de la République du Congo, voisine.
Crise économique et sociale
Le Gabon connaissait en 2015 une croissance économique de 3,5%, et le taux de richesse par habitant est l’un des plus élevé de l’Afrique subsaharienne. Ces éléments positifs sont contrebalancés par les inégalités très fortes, et par la chute des cours du pétrole qui représente entre 80 et 85% des recettes d’exportation du Gabon. Les conflits qui ont suivi l’élection du mois d’août jouent aussi leur part dans la remise en cause de l’évolution du pays. À cause de la grève des enseignants, la rentrée scolaire n’a eu lieu que le 31 octobre. Les magistrats se sont eux aussi mis en grève pour deux mois, et plusieurs entreprises procèdent à des licenciements secs, aggravant un taux de chômage qui flirte avec les 20%.
Lire aussi : Et si on essayait de vraiment comprendre le Gabon ? (1/2)
La Conférence des évêques du Gabon a dénoncé une crise et des manifestations désastreuses, créant un “malaise généralisé”. Les évêques ajoutent : “Nous rappelons que l’élection présidentielle vaudra au Gabon sa crédibilité et sa responsabilité au niveau national et international. En même temps, nous disons que le manque de vérité dans le jeu démocratique et le non-respect des droits de l’homme ont souvent servi de terreau aux crises politiques”. Le même message pourrait quasiment s’appliquer à la politique française à l’égard du Gabon. Les opposants à Ali Bongo relèvent la différence de traitement avec Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien (poursuivi devant le Tribunal pénal international, Ndlr) et dénoncent une diplomatie française devenue inaudible.
Les opposants les plus virulents à Ali Bongo prétendent que la solution ne viendra pas des urnes, et qu’il faut par conséquents utiliser tous les moyens, y compris la violence, pour que l’expression populaire démocratique soit respectée. C’est pourtant ce que redoute la majorité des Gabonais, selon la Conférence des évêques du pays, qui savent que cette confrontation serait désastreuse, quelle qu’en soit l’issue.