Contre la négation politique et polémique de l’histoire biblique. Il y a un mois et demi, le conseil exécutif de l’Unesco adoptait formellement une nouvelle résolution sur les lieux saints à Jérusalem-Est, classée au patrimoine de l’humanité, provoquant un tollé en Israël où le gouvernement a aussitôt suspendu ses relations avec l’organisation. Selon cette nouvelle résolution – entérinant une précédente résolution, adoptée en avril dernier, – Jérusalem est reconnue comme une ville essentiellement arabe ou musulmane, gommant de facto aussi bien le passé et le présent juif de Jérusalem, que le passé et le présent chrétien de Jérusalem.
La résolution, censée viser entre autres à “sauvegarder le patrimoine culturel palestinien et le caractère distinctif de Jérusalem-Est”, avait suscité une vive protestation des évêques de France. Mgr Vincent Jordy, le président du Conseil pour l’Unité des Chrétiens et les Relations avec le judaïsme, avait adressé une lettre à Mme Irina Bokova, lui rappelant que “la reconnaissance explicite de chaque communauté de croyants, le respect de cette histoire, est non seulement une question de justice mais aussi une condition de paix “. Ce que ne fait pas l’organisme, en “semblant ignorer le lien du peuple juif et, en conséquence, de la tradition chrétienne, avec Jérusalem”.
Cette résolution, sous l’intitulé général “Palestine occupée”, proposée par plusieurs pays arabes, et soutenue par la France, efface purement et simplement tout “lien entre les juifs, le Mur occidental et le Mont du Temple à Jérusalem”. Le président de la Fédération protestante de France, François Clavairoly avait également fait part de son “étonnement”, et regretté une “absence de référence qui méconnaît l’histoire et efface la mémoire de plusieurs siècles”.
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Respect universel des lieux saints
Jusqu’ici le Saint-Siège ne s’était pas positionné. Il a attendu de rencontrer les représentants du Grand Rabbinat d’Israël, fin novembre, à Rome, pour le faire, mais en restant sur « le général », c’est-à-dire en évitant de citer l’Unesco, “par sobriété diplomatique” affirme-t-on dans l’entourage des discussions. À l’issue de sa 14e rencontre bilatérale, la commission a néanmoins réaffirmé “le principe du respect universel pour les lieux saints de chaque religion”. Dans un document, signé par les présidents des délégations et intitulé “La paix au nom de la religion”, rapporte l’Osservatore Romano du 1 décembre, la commission a “pris position avec force contre la négation politique et polémique de l’histoire biblique, exhortant toutes les nations et les religions à respecter ce lien historique et religieux”.
Urgence éducative
Devant les défis et les tragédies humaines de notre époque, elle rappelle également le rôle “indispensable” des “guides religieux” dans l’enseignement de “la tolérance et du respect” aux jeunes générations, et pour “persuader le plus efficacement possible” les autorité de leurs nations à agir avec plus de tolérance et humanité, envers autrui et envers les plus faibles”.
Et de réitérer alors expressément l’exhortation du pape François à l’audience interreligieuse du 3 novembre dernier au Vatican : “Que soient rejetés les chemins sans but de l’opposition et de la fermeture. Qu’il n’arrive plus que les religions, à cause du comportement de certains de leurs disciples, transmettent un message qui sonne faux, en désaccord avec celui de la miséricorde”, et que face aux atrocités, justifiées au nom d’une religion ou de Dieu lui-même, « que soient condamnés de façon claire ces comportements iniques qui profanent le nom de Dieu et qui polluent la recherche religieuse de l’homme (…)”, favorisant au contraire, partout, “la rencontre pacifique entre les croyants et une réelle liberté religieuse”.
Après plus d’un demi-siècle de réconciliation et de dialogue fructueux entre juifs et catholiques, conclut la commission, “juifs et chrétiens sont appelés à œuvrer ensemble pour contribuer à créer la paix dans la famille humaine tout entière”, en éduquant notamment « les nouvelles générations à promouvoir la paix et le respect réciproque “.
La France
En mai dernier, le premier ministre français, Manuel Valls, avait regretté le vote de la France à l’Unesco, soulignant devant l’assemblée nationale : “Il y a dans cette résolution de l’Unesco des formulations malheureuses, maladroites, qui heurtent et qui auraient dû être incontestablement évitées, comme ce vote”. Il faut dire que cette question tombe à un moment où la France tente de relancer le processus de paix israélo-palestinien, toujours au point mort.