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Petite enquête sur la nature des mésententes : le corps a ses raisons que la raison ne reconnaît pas toujours.
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Heureusement que l’homme et la femme ont été créés pour être tout à fait adaptés à l’union, cela nous enlève déjà un mobile d’accusation dans cette enquête. L’incompatibilité physique est très peu possible, mais celle des personnes l’est beaucoup plus. C’est là où les choses se compliquent. La qualité des relations sexuelles dépend de la qualité émotionnelle entre les conjoints, de la confiance mutuelle, du dialogue, de la manière dont ils se représentent la sexualité, de leurs expériences vécues ou encore de leur rapport à leur propre corps.
Ne pas se tromper de cause
Il peut être facile de confondre ces différences ou ces freins avec une incompatibilité de facto. Comme il peut être facile d’imputer cette mauvaise qualité de relation au facteur chance — ou malchance —, alors qu’elle peut révéler ce que l’on ne veut pas voir. La bonne nouvelle c’est que la qualité des relations sexuelles ne dépend pas du hasard ou du physique, elle est à la mesure de la qualité du couple et de sa conscience, car il est plus aisé de communiquer lorsque l’on se connaît soi-même. Comme la société actuelle tend plus à nous faire croire qu’une vie de couple réussie se base sur une vie sexuelle où le plaisir est toujours fort, on peut être déçu, de soi ou de l’autre. Certains en ont une conception inverse et pensent que “la nature a toujours raison” comme disait Rainer Maria Rilke et qu’elle fera donc son travail. L’harmonie, la qualité d’amour et la solidité du couple priment et sont le fruit d’un apprentissage à portée de chacun. L’harmonie sexuelle en est ensuite le reflet.
Détecteur de mensonge ?
Plusieurs mobiles sont encore à mettre sur la table. Par le mariage, les corps ne font plus qu’un à l’image de l’objectif que le couple a choisi de poursuivre ensemble. Si l’un ne sait ou ne veut pas marcher, l’autre boite, et si les deux s’y mettent, c’est le surplace, le silence des corps.
Dans le couple l’amour peut être perçu différemment. Les deux formes d’amour ont leur importance, et l’une ne doit pas prendre le dessus sur l’autre. L’association des deux représente la lanterne qui permet d’éclairer la route sinueuse, de préserver l’impulsion de départ et la promesse de l’engagement. Pour le père Cantalamessa, “l’agapè sans eros nous apparaît comme un amour froid, un aimer “en surface”, sans participation de tout l’être, davantage imposé par la volonté que venant d’un élan intime du cœur” et inversement “l’amour mondain est un corps sans âme”.
Le cœur ne peut pas tricher, pas plus que le corps, car sur le long terme, si la composante essentielle du désir charnel nécessaire dans le couple n’est pas présente ou pour de mauvaises raisons, il sera difficile de cheminer, avec et à travers son corps, dans la vocation du mariage. On peut tenir bon, par sens du devoir, pour préserver son image ou se tourner vers des compensations qui ne feront que révéler le décalage entre ces deux composantes de l’amour alors désunis. Alors par paresse on ne regarde pas les choses en vérité. “La vertu qui fait que l’on est aimé est la vertu d’humilité” disait saint Antonin. Cette vérité devrait rester dans l’esprit des époux, surtout quand il s’agit des erreurs ou ratés de leurs relations sexuelles. L’orgueil empêche parfois de reconnaître que nous avons été humilié ou humilié l’autre, ce qui peut arriver dans ces moments de vérité où l’on se met à nu devant l’autre. On accuse ou on se dénigre. L’attitude d’humilité consiste à faire tomber les défenses qui coupent la véritable acceptation de soi et de l’autre et obstruent l’amour.
Le corps a ses raisons
La nature a horreur du vide et dans bien des cas la cause nous échappe quand nous le ressentons. “Je me sens vide” ou “vidé” est assimilé à un malaise, passager ou durable et décrit bien cette absence ressentie. Si jamais l’union sexuelle est caduque, retrouver la présence de son corps peut déjà être très utile, c’est notre être qui revient avec lui et en même temps pour l’autre. On peut chercher autour de soi des raisons extérieures à ce qui se vit à l’intérieur, ce qui permet d’identifier certaines choses à changer ou à éviter pour ne pas en subir l’influence perturbante qui nous rend moins présent. On peut aussi chercher en soi, dans son attitude, dans le décalage entre nos envies et nos actes, dans son histoire aussi, la source de certains de nos blocages. Les occasions ne manquent pas de comprendre si l’on veut bien chercher.
En entraînement sportif, seul l’effort peut provoquer le changement, l’amélioration et ensuite la satisfaction de la réussite. Il faut que l’envie soit là, mais aussi la confiance. Un sportif qui doute de lui perd une partie de ses capacités, s’il a essuyé un échec, il lui faut recommencer et s’il a été blessé, il doit à nouveau apprivoiser son corps et l’adapter à la discipline de son sport. Dans un couple, l’effort à réaliser est le même en cas d’incompatibilité passagère, une fois qu’on en a identifié les causes.