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Fillon contre Juppé : quelle stratégie de campagne l’emportera ?

(FILES) This file photo taken on November 3, 2016 shows Right-wing Les Republicains (LR) party's candidate for the party's primary ahead of the 2017 presidential election, Alain Juppe (L) speaking next to fellow candidate Francois Fillon during the second televised debate of the right-wing Les Republicains (LR) party primaries on November 3, 2016 at the salle Wagram venue in Paris. Francois Fillon, the surprise winner of the first round of France's rightwing presidential primary on November 20, 2016 and Alain Juppe will face off in a November 27, 2016 decisive run-off vote to be the centre-right's candidate in France's 2017 presidential election. / AFP PHOTO / Eric FEFERBERG

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Eléonore de Vulpillières - publié le 25/11/16
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Retour sur la semaine de l'entre-deux tours de la primaire de la droite et du centre.

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9 % des électeurs français se sont déplacés pour voter à la primaire payante de la droite et du centre dimanche dernier. Depuis plusieurs mois, le cœur médiatique bat à l’unisson de ces pré-élections à l’américaine ; et depuis quelques jours, c’est la joute finale entre deux hommes qui convoitent l’investiture UDI-LR à une élection présidentielle pressentie comme gagnée d’avance par la droite classique. Pour le perdant, ce sera le dernier combat avant sa retraite de la vie politique.

Alain Juppé, candidat favori des sondages et de nombreux médias a fini plus de 15 % derrière François Fillon, l’outsider, dont l’ascension fulgurante ces derniers jours n’avait pas été détectée à sa juste mesure. À droite, François Fillon, 44 %, rallié par Nicolas Sarkozy (20,7%), Bruno Le Maire (2,4%) et Jean-Frédéric Poisson (1,5%). À gauche, Alain Juppé (28,6%), rallié par Nathalie Kosciusko-Morizet (2,6%) et Jean-François Copé (0,3%). Si l’on se contente de faire le calcul mathématique du reports de voix, le match est plié et François Fillon, vainqueur. Pour Alain Juppé, qu’une rumeur maligne disait démissionnaire au soir du premier tour, avant d’être balayée par le septuagénaire, il est urgent de réagir. L’idée serait de glaner des voix au centre et à gauche, en démontrant qu’Alain Juppé est rassembleur, et François Fillon radical : trop libéral dans sa réduction des déficits (champ économique) et entouré de l’extrême-droite réactionnaire (champ sociétal). Mais dans la panique, la réaction du camp Juppé prend une tournure excessive.

Homme politique habituellement connu pour son sang-froid, à mille lieues des sorties parfois agressives d’un Sarkozy, Alain Juppé a mené une campagne qui se voulait apaisée et apte à opérer un large rassemblement de la droite et du centre. Planant de toute la hauteur de son aura pacifique et expérimentée durant les trois débats avant le premier tour, il a délaissé attaques et petites phrases, roulant paisiblement et confortablement en zone 30. Mais dimanche soir, ses conseillers l’engagent à passer la cinquième. Un peu trop abruptement. De son côté, François Fillon, premier candidat déclaré à la primaire, a engagé une campagne au diesel, qui peine au démarrage (8 % en août dernier) mais finit à 130 sur l’autoroute, après un virage stratégique courant septembre, lorsqu’il a un peu moins parlé d’économie pour se concentrer sur le régalien, l’identité et la famille.

Une gigantesque farce ? 

Dès lundi, on sort l’artillerie lourde du côté du nouvel outsider, Alain Juppé. François Fillon est soupçonné publiquement d’être traditionaliste et de soutenir un positionnement ambigu sur l’avortement. Il réfute les deux arguments : il affirme être catholique, mais pas traditionaliste, et n’avoir jamais combattu le droit à l’avortement, ayant même voté en novembre 2014 la dernière proposition de résolution réaffirmant le droit fondamental à l’IVG. Le Pape est momentanément pris en otage par une primaire qui tourne au pugilat médiatique, Alain Juppé déclarant se sentir « plus proche du pape François que de Sens Commun et la Manif pour Tous. » (Et ce, alors que, sur la question de l’avortement, le Pape a toujours défendu l’idée que celui-ci constituait un « crime abominable », tout en accueillant avec miséricorde les femmes y ayant recours.)

Enfin, sur le plan diplomatique, il est pointé du doigt en raison d’une position qui serait trop favorable à Vladimir Poutine. L’Obs titre en finesse : « Fillon, archi-réac, ultra-libéral, pro-Poutine » et offre à son lectorat une enquête fouillée sur « la puissante armée de trolls du Kremlin »  (sic) qui auraient aidé le Sarthois à remporter le premier tour de la primaire. Pour couronner le tout, un tweet mémorable (bien qu’effacé depuis) de Pierre Bergé, actionnaire et président du conseil de surveillance du Monde, expédie directement l’ancien Premier ministre au terminus des heures les plus sombres : « Voter Fillon, c’est voter pour la France réac, la Manif pour tous, qui m’a menacé de mort. La France pétainiste. Quand va-t-on à Vichy ? ». Devant ce pilonnage intensif d’un homme dont durant trente ans de vie publique, personne n’avait vu surgir autant d’idées nauséabondes en même temps, nombreux sont ceux qui se demandent s’il s’agit d’un débat politique ou d’une gigantesque farce organisée par des professionnels du divertissement.

Après trois jours d’un Blitzkrieg picrocholin, une tribune parue jeudi dans Le Figaro, signée par 215 députés et sénateurs de la droite et du centre, parmi lesquels Bruno Retailleau et Christian Jacob, présidents du groupe Les Républicains au Sénat et à l’Assemblée nationale sonne la fin de l’entartage généralisé. Ces derniers appellent à « un débat franc mais respectueux des uns et des autres ». Retour à la dispute civilisée en vue ? Lors du débat de l’entre deux tours, jeudi soir, la brusque stratégie d’attaque à la boule puante du camp Juppé (qui semble avoir été dépassé par les événements) a fait long feu. Le dialogue reste courtois malgré les désaccords de fond, et, si aucune excuse n’est prononcée, on perçoit des regrets quant à l’emballement des derniers jours. Au fond, sur le programme économique, la différence entre les deux candidats, libéraux et partisans de sévères coupes dans les dépenses publiques, est simplement de degré, non de nature. La divergence s’opère en matière sociétale et diplomatique. L’ex-gaulliste Juppé est désormais sur une ligne libérale – acceptation de tous les changements portés par la gauche – et atlantiste. L’ex-séguiniste Fillon, force tranquille du conservatisme, porte une vision plus traditionnelle de la famille et de l’école, renoue avec l’idée d’une France troisième voie entre les États-Unis et la Russie, et ne voit de résolution possible du conflit syrien qu’en engageant un dialogue qui n’exclurait ni le gouvernement syrien, ni Moscou, ni Téhéran.

Quelle stratégie de campagne aura le mieux fonctionné ? Réponse dimanche soir.

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