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Une adolescente britannique congelée dans l’espoir d’une « résurrection »

© Cryonics

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Fanny Magdelaine - publié le 22/11/16
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Décédée d’un cancer à l’âge de 14 ans, elle a obtenu de la justice le droit d’être congelée.

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Une adolescente, souffrant d’un cancer en phase terminale et décédée le 17 octobre dernier, a remporté, peu avant sa mort, une victoire sans précédent devant la justice britannique : le droit d’être cryogénisée, dans l’espoir que la médecine du futur puisse la ramener à la vie et la soigner, rapporte l’Agence France Presse.

La cryogénisation ou cryogénie étant un procédé de conservation du corps par le froid, la jeune fille exprimait ainsi son espoir d’avoir une petite chance de « vivre plus longtemps » : « J’ai seulement 14 ans et je ne veux pas mourir mais je sais que je vais mourir », peut-on lire dans la lettre qu’elle a adressée au juge, publiée par la Haute Cour et consultée par l’AFP.

De l’ordre de l’utopie

Cette décision a été prise en octobre dernier par le juge Peter Jackson, de la Haute Cour de Londres et n’a été rendue publique que vendredi 18 novembre, conformément aux souhaits de la défunte qui a également souhaité rester anonyme. Elle soulève évidemment de nombreuses questions scientifiques et éthiques. « Déjà, a-t-on la capacité de réanimer un corps cryogénisé, j’en doute, s’interroge le père Bruno Cazin, médecin hématologue et vicaire général du diocèse de Lille. Et je trouve bien imprudents les scientifiques qui disent qu’on y arrivera… Certes, lorsqu’on congèle un tissu, il n’y a pas de perte pendant la congélation – si tout se passe sans incident technique – mais on sait déjà qu’il y a une petite perte à la décongélation. Et là, on parle d’un tissu unique, pas d’un organisme complet avec des interactions entre les tissus, on est encore complètement dans l’utopie ! On peut donc émettre de sérieux doutes sur cette faisabilité pour un certain temps et j’ajouterais même peut-être pour toujours… ».

Quid de l’anthropologie humaine ?

C’est la première requête de ce type portée devant les tribunaux britanniques et même ailleurs dans le monde. Le corps de la jeune fille a été transféré quelques jours après sa mort aux États-Unis dans un établissement spécialisé. L’Institut de cryogénisation, une organisation à but non lucratif basée dans le Michigan, a été créé en 1976 par Robert Ettinger, professeur de physique et « père de la cryogénisation », lui-même congelé après sa mort en 2011, à l’âge de 92 ans.

« Reconstituer une personne à l’identique ne se résume pas à la reconstituer biologiquement, c’est méconnaître l’homme que de prétendre cela, poursuit Bruno Cazin. L’homme est un être spirituel, de sens, de relation, tout ça nous constitue et dépasse largement la pure biologie ! On ne pourra jamais pétrifier une personne et la ressortir à l’identique avec son histoire et les composantes de son humanité… Au-delà de la cryogénisation, il y a beaucoup d’imagination dans la science-fiction, le transhumanisme qui font fi de l’anthropologie humaine, de l’homme avec toutes ses composantes et qui le réduisent à la pure biologie. Mais c’est un point de vue très restrictif et contraire aux connaissances que nous avons par exemple en épigénétique où on se rend bien compte que c’est l’environnement du gène – le moral, la culture, l’alimentation et de nombreux autres facteurs – qui détermine l’expression ou le silence de certains gènes ! On ne peut pas réduire l’homme à un code génétique  ou à une carte des synapses cérébrales et c’est ce qui fait que ces théories sont scientifiquement fausses et éthiquement très réductrices ».

Les parents de la jeune fille, divorcés, avaient des avis divergents sur la question et c’est avant tout sur ce différend que l’affaire portait. Le père de l’adolescente avait notamment exprimé des craintes quant au coût (43 000 euros selon le Times) et aux conséquences potentielles du projet, son éventuel retour à la vie dans des dizaines d’années la plongeant dans un monde sans souvenirs où elle ne connaîtrait plus personne.

Dans sa requête, l’adolescente avait donc demandé à la justice de donner à sa mère tous pouvoirs pour prendre les dispositions relatives à sa dépouille. Après avoir statué en sa faveur, le juge anglais a expliqué avoir pris sa décision pour que soient respectés la volonté et les droits de la jeune fille, et non pour trancher sur la question de la cryogénisation.

La vie est un don, elle ne se fabrique pas

Sur le plan moral, cette utopie scientifique montre donc une vision très matérialiste et très réductrice de la vie. Et la foi chrétienne va souligner et renforcer cet aspect anthropologique. « Nous existons aussi parce que nous sommes aimés, poursuit le P. Cazin. L’homme est un être spirituel, qui vit dans l’échange, ouvert à la rencontre de l’autre et à la rencontre de Dieu. Accepter que la vie se finit c’est aussi accepter qu’on reçoit sa vie, que quelque part, elle ne nous appartient pas complètement. Or l’homme peine à reconnaître que cette vie, qui est un don – don de Dieu pour les chrétiens – le dépasse et que la vie, on la reçoit mais on ne la fabrique pas. La vie est bien dans le don, dans l’échange d’amour et pas dans quelque chose qu’on pourrait posséder… ».

Selon Futura, média de décryptage scientifique, environ 300 personnes dans le monde attendent actuellement dans des caissons réfrigérés, en état de cryogénisation. Espérant un jour être réanimés par les progrès de la science et ainsi échapper à la mort.

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