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Primaire de la droite : François Fillon en boulet de canon

Candidate for the right-wing Les Republicains (LR) party primaries ahead of the 2017 presidential election and former French prime minister, Francois Fillon reacts at his campaign headquarters after finishing first of the first round of the rightwing presidential primary, on November 20, 2016 in Paris. / AFP PHOTO / POOL / Thomas SAMSON

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Philippe Oswald - publié le 21/11/16
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Au terme d’une remontée éclair dans la dernière ligne droite du premier tour, François Fillon arrive largement en tête avec 44,1 % des voix, éliminant Nicolas Sarkozy et reléguant Alain Juppé loin derrière.

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Le phénomène Trump, qui a ridiculisé experts et sondages, s’est en partie reproduit en France au premier tour de la primaire de la droite. François Fillon, longtemps placé en quatrième position, derrière Bruno Le Maire, est sorti largement vainqueur du premier tour, et aborde le second en position de  grand favori. « Si les enquêtes d’opinion montraient depuis deux semaines une forte poussée de l’ancien Premier ministre, aucune n’a indiqué qu’elle serait aussi puissante et que le candidat Fillon recueillerait plus de 44 % des voix » relève France 24.

Un succès éclatant pour la droite

« Fillon écrase Sarkozy et Juppé » annonce l’Internaute : « A 1h30 ce lundi, (…) selon les résultats quasi-définitifs de la primaire de la droite et du centre, François Fillon s’impose très largement avec 44,2% des suffrages (soit 1 749 757 voix), loin devant Alain Juppé à 28,6% (1 131 519 voix) et Nicolas Sarkozy à 20,6% (815 977 voix). Nathalie Kosciusko-Morizet s’impose à la quatrième place avec 2,6% devant Bruno Le Maire à 2,4%. Jean-Frédéric Poisson à 1,5% surclasse Jean-François Copé, bon dernier avec 0,3%. »

« Autre information de ce scrutin : les Français se sont déplacés en masse. Selon les organisateurs, 3,9 à 4,3 millions de votants (…). Dès le matin, de longues queues se sont formées dans certains bureaux de vote » souligne Capital.

« Au moins , nul ne dira que la campagne — trois mois intenses —  n’aura servi à rien », analysait, à la veille du premier tour, Guillaume Tabard dans Le Figaro : « D’un duel annoncé entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, dont le premier faisait figure de grandissime favori,  on est passé, du fait de la remontée aussi spectaculaire que tardive de François Fillon, à un match à trois… » L’affrontement annoncé entre un Juppé prônant « le rassemblement » au-delà de la droite et Sarkozy qui « n’a cessé de sonner la mobilisation de la seule droite (…) a pu lasser, inquiéter ou décourager une part croissante de l’électorat de droite. C’est l’un des raisons de la progression de Fillon. » L’autre étant, poursuit Guillaume Tabard,  le succès des coups que l’un et l’autre des favoris se sont portés, Sarkozy fustigeant « la droite molle », Juppé attisant l’antisarkozysme. « Fillon en a été le bénéficiaire ».

Un pronostic partagé par… Manuel Valls selon le JDD : «C’est Sarkozy qui a remis Fillon en selle en lançant les attaques sur Bayrou, estime le Premier ministre en petit comité. Sarkozy a bien joué le coup pour laisser penser que Juppé n’était pas assez à droite, mais ça a eu pour effet de reporter une partie des électeurs sur Fillon. À mon avis, Sarkozy n’a pas de marge de progression et de réserve de voix suffisante, juge l’ancien maire d’Evry. » Bien anticipé.

Les adieux de Sarkozy et le va-tout de Juppé

Tôt dans la soirée, Nicolas Sarkozy a tiré sa révérence avec élégance, relève Paris Match : « C’était certainement un moment historique. (…) l’ancien Président de la République, très digne, a tout d’abord souligné combien la primaire de la droite et la gauche avait été un succès après “la page des guerres fratricides dans son camp (…) Beau joueur, Nicolas Sarkozy a souligné l’estime qu’il avait pour les deux hommes avec qui il a travaillé par le passé. L’ex-chef d’État a néanmoins appelé sans hésitation à voter pour François Fillon au second tour. » Appelant les électeurs  à « ne jamais emprunter la voie des extrêmes », il a conclu avec émotion : « La droite a donné une bonne image, j’ai été heureux de participer à ce combat, au revoir à tous ».

D’anciens « fillonistes » se mordent les doigts d’avoir quitté François Fillon « pour rejoindre un candidat mieux placé dans les sondages » s’amuse le Huffington Post : « Alors que leur ancien champion sort largement en tête de la primaire de la droite ce dimanche 20 novembre, Laurent Wauquiez, Pierre Lellouche et Éric Ciotti plongent avec Nicolas Sarkozy alors que Valérie Pécresse et Patrick Devedjian sont en mauvaise posture du côté d’Alain Juppé. »

Le second tour de la primaire de la droite opposera donc, dimanche 27 novembre, François Fillon à Alain Juppé. « Les deux anciens premiers ministres partagent les mêmes grandes orientations économiques, mais ils divergent sur de nombreux points, de la politique internationale à la lutte contre le terrorisme, en passant par la pratique du pouvoir » analyse Le Monde.  Mais le score de François Fillon au premier tour et les reports qu’il a presqu’aussitôt engrangés ne laissent guère de doute sur l’issue du second tour : on ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher de gagner haut la main. « Dans le camp d’Alain Juppé, la désillusion est forte, même si ses plus fidèles lieutenants, à l’image de Benoist Apparu, appellent les électeurs du maire de Bordeaux à ne rien lâcher. Face au raz-de-marée Fillon, la perspective du second tour s’annonce compliquée pour Alain Juppé : le rapport de force est, pour l’instant, plus que favorable à son rival » constate France Info. Pour espérer l’emporter malgré tout, avance LCI, « le maire de Bordeaux devrait jouer sur deux leviers : mobiliser les électeurs de gauche (…) [en mettant] en avant ses mesures progressistes et sociales, proches de celles défendues par la gauche, pour avoir leur soutien dans les urnes. Démonter le projet de son adversaire et démontrer sa radicalité et sa dureté. Comme il l’a déjà fait, Alain Juppé devrait aussi montrer que l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy défend des mesures qu’il juge difficiles à appliquer, comme la suppression de 500 000 fonctionnaires. Alain Juppé pourrait aussi rappeler que François Fillon est soutenu par Sens commun, une association qui défend l’abrogation de la loi Taubira pour le mariage et l’adoption pour les couples de même sexe. »

Une mauvaise nouvelle et un défi pour la gauche

Sarkozy battu, « François Hollande et la gauche perdent à deux mois de la primaire du PS, celui que beaucoup considéraient comme leur meilleur adversaire» rappelle Le Parisien. « En privé, Hollande, qui annoncera début décembre — soit quelques jours après le second tour de la primaire à droite — une éventuelle nouvelle candidature, avait prédit pendant plusieurs mois la victoire de M. Sarkozy, sans croire à Juppé et encore moins à Fillon. » « Il n’y en aura que deux, Juppé et Sarkozy. Fillon n’a aucune chance » avait confié François Hollande aux journalistes G. Davet et F. Lhomme, dans « Un président ne devrait pas dire ça »…

« Autre défi à relever pour la rue de Solférino : parvenir à organiser avec autant de succès que Les Républicains sa primaire des 22 et 29 janvier, dont l’ensemble des protagonistes ne sont toujours pas connus. »

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