Le père Pascal Ide nous parle de son émotion face au dernier film de Mel Gibson : “Tu ne tueras point”.
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Attention, spoil intégral du film…
Le dernier film réalisé par Mel Gibson n’est pas moins violent que les trois précédents (Braveheart, 1995 ; La Passion du Christ, 2004 ; Apocalypto, 2006) – de ce point de vue, il est formellement déconseillé à toute personne sensible – ; il n’est non plus pas moins spirituel, c’est-à-dire chargé d’un message d’une très haute valeur.
Les vertus de Desmond
- Le courage
Assurément, Desmond est courageux et même exceptionnellement courageux. Voilà pourquoi il fait partie du little happy few (trois !) des objecteurs de conscience à avoir reçu la plus haute distinction militaire des États-Unis, la Médaille d’honneur : pour « son extraordinaire bravoure et sa détermination à toute épreuve face au danger », affirme l’éloge du président Harry Truman qui la lui remet en mains propres en octobre 1945. C’est cette même intrépidité que ses supérieurs et les autres militaires reconnaîtront après l’avoir traité de lâche. Desmond va même réussir à s’attirer l’amitié de Smitty Ryker (Luke Bracey, étoile montante du cinéma australien), cet orphelin blessé qui méprise autrui par protection et se targue de pouvoir faire le tour d’une personnalité en un clin d’œil. Celui qui, par sa personnalité charismatique, devient rapidement le leader du groupe, commence par se méfier de Desmond et le mépriser, mais, en observant son courage sur le champ de bataille, reconnaît qu’il est au fond de la même trempe que lui, se met à l’admirer et finit par le chérir comme un frère.
De fait, l’acte qui l’a rendu célèbre, voire unique, est un sommet de courage : secourir et sauver de nuit 75 hommes grièvement blessés, abandonnés sur le terrain de bataille. En effet, celui-ci se caractérise par deux actes : affronter la peur et persévérer contre le découragement. Or, cette peur était la plus grande qui se puisse imaginer : seul, dans la nuit, entouré par un ennemi supérieur en nombre et sans aucune pitié qu’il a vu à l’œuvre le jour. Et comment ne pas se décourager face à l’ampleur inimaginable de la tâche : transporter à dos d’homme un à un des blessés du champ de bataille à la falaise, puis les faire glisser, l’un après l’autre, 120 mètres plus bas ?
Toutefois, il serait bien naïf de croire que cet acte a surgi spontanément. Cette action admirable est si désirable qu’on pourrait aisément croire qu’elle est imitable. Qu’on ne s’y trompe pas ! Personne n’y a songé, ni ne l’a suivi. Alors que tous, du moins parmi les gradés, savaient qu’une centaine des leurs étaient restés là haut, incapables de se déplacer par eux-mêmes et d’emprunter le pont de singe, et surtout qu’une mort atroce à l’arme blanche de la part de Japonais les attendait au petit matin, personne n’est monté leur porter secours dans la noirceur inquiétante de la nuit. Si Desmond a déployé une telle fortitude intérieure, c’est que toute sa vie antérieure était déjà sigillée par cette capacité à domestiquer la peur et à durer dans l’épuisement : il le fera pour sauver sa mère de la violence de son père ; il fera de même pour conquérir sa belle (Dorothy elle-même s’étonne de l’entendre dire que les 8 km parcourus à pied pour rejoindre l’hôpital ne sont rien) ; il la mettra en œuvre dans l’apprentissage du métier d’infirmier, alors qu’il ne bénéficie de presqu’aucune formation ; il la manifestera autant qu’il s’y entraînera, alors que les vexations se multiplient, toujours plus humiliantes, injustes et violentes, pour chercher à le désespérer de rester dans le camp d’entraînement.
2. La foi
Pour être une vertu morale, ce courage prend partiellement sa source dans la vertu théologale de foi. Certes, ses parents, surtout sa mère, sont de très croyants adventistes du Septième Jour. Toutefois, loin d’être seulement un héritage, la foi de Desmond est une vie qu’il nourrit très tôt par sa pratique. C’est en s’arrêtant longuement face à ce tableau qui, tel un antique vitrail, offre une catéchèse résumée de toute la foi chrétienne, que le tout jeune adventiste prend vivement conscience du mal qu’il a commis à son frère Hal et décide de ne plus jamais recommencer. C’est au nom de la même foi que, contre les accusations idéologiques qui lui reprochent d’avoir désobéi aux ordres de ses supérieurs, il plaide, en toute cohérence, non-coupable et s’apprête à passer en cour martiale. C’est surtout au nom de cette foi que, resté seul sur l’escarpement de Maeda après la défaite, la fuite et le carnage inimaginables qui ont permis aux Japonais de reprendre le plateau, il entre en dialogue avec Dieu en lui criant sa détresse spirituelle : « Que veux-tu de moi ? Je ne comprends pas. Je ne t’entends pas ». Et qu’il entend la réponse que Dieu ne manque jamais de donner au pauvre – le psalmiste la résumera dans une phrase inépuisable : « Un pauvre a crié, le Seigneur entend » (Ps 34,7) – en lui faisant écouter un autre cri, celui qui résume toute la détresse humaine : « À l’aide ! ».
3. L’humilité
Cette foi indéracinable suscite l’un des traits les plus touchants de Desmond qui est de même et encore une vertu, elle aussi (quasi-) théologale : son humilité. En effet, redescendu de cet escarpement infernal, le jeune infirmier s’étonne des regards émerveillés et profondément respectueux que ses camarades posent enfin sur lui, s’écartant avec déférence sur son passage – faut-il le préciser ?, ce moment, superbement filmé, est intensément émouvant ; cette émotion naît, certes, de la levée des injustices, pire des persécutions, commises à son égard, mais, beaucoup plus, de la reconnaissance de la sainteté, osons-le mot, qui émane de cette simple personne simple. Et, plus tard, devenu un homme connu et reconnu, Desmond a toujours refusé qu’on tire un film de son histoire, alors que les demandes ne cessent d’affluer, au nom de la même raison : les « vrais héros », affirme-t-il, ce sont ceux qui ont laissé leur vie sur le champ de bataille. Il ne cèdera qu’au terme de sa vie (il est mort en mars 2006, à l’âge de 87 ans) de raconter son histoire et de participer à un documentaire sur sa personne – ce qui nous vaut de le voir et l’entendre au terme du film. Mais, plus encore, si Desmond ne se voit pas comme un héros (encore moins un super-héros), c’est que, pour lui, le véritable Héros est Dieu lui-même, qui lui a donné la force. Telle est l’essence de l’humilité : dire non pas « je suis petit » – ce qui en est la caricature, la modestie –, mais « Dieu est grand », car « Dieu opère en [moi] le vouloir et le faire » (Ph 2,13). Or, cette conviction intime naît du regard de foi : « Je peux tout en celui qui me fortifie » (Ph 4,13) ; « Hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Voilà pourquoi la foi pure se révèle dans l’humilité.
4. La charité
Enfin, si la foi est reçue dans la bonne terre de l’humilité, elle fructifie en amour, selon le mot de saint Paul : « la foi agit par la charité » (Ga 5,6). À côté du cinquième commandement qui constitue le titre du film, l’unique parole de l’Écriture que cite le héros, pourtant constamment plongé dans sa lecture, est le commandement qui les résume tous : « Aimez-vous les uns les autres » (Jn 13,34 ; etc.). D’ailleurs, cette Bible, livre de foi, devient le livre même de l’amour : cadeau de l’amour (Dorothy lui fait symboliquement et solennellement le don de cette Bible qui est la sienne le jour de son départ pour l’armée), elle contient l’amour (la photo de sa bien-aimée, accompagnée d’un message d’amour) et devient la source de cet amour inimaginable et invincible dont il ne cessera de vivre. À l’école de l’hymne à la charité qui est « serviable », « patiente », « pardonne tout », etc. (1 Co 13,4-7), Desmond va vivre de manière exemplaire le service – c’est la raison même de son désir d’être médecin ; c’est l’essence même de son métier d’infirmier ; c’est la motivation qui le pousse à continuer à chercher les blessés alors même que chacun s’écroule, épuisé par le combat –, la patience – le sergent Howell (Vince Vaughn) sera édifié devant son refus de désigner ses agresseurs après son passage à tabac (« mais qui a parlé d’agression ? ») ; surtout, l’incroyable ténacité qui lui fait porter des hommes plus lourds que lui sur un terrain impraticable dévasté par les bombes et où chaque trou peut receler un ennemi meurtrier –, le pardon – Desmond sauvera d’une mort certaine une grande partie des compagnons qui, pourtant, l’avaient frappé, et surtout le capitaine (Sam Worthington) qui, par tous les moyens, même injustes, a tenté de l’évincer –, etc.
Cette charité si active et si généreuse puise dans une intense compassion affective. Une brève scène résume tout : arrivant à l’hôpital, Desmond croise un soldat au visage ravagé par les brûlures ; interloqué, il fixe sur lui un regard bouleversé autant que bouleversant. Chez lui, attentif rime, par les commencements, avec attentionné. Aux blessés qui l’appellent au secours, il n’apporte pas seulement un geste efficace pour soulager leur souffrance et prévenir l’aggravation, il prononce toujours une parole de soutien et d’espérance (« Je reviens »), voire il tente l’impossible pour les faire revenir (à celui qui a perdu ses deux membres inférieurs, le supplie en lui disant qu’il a des enfants, mais qu’un autre donne comme perdu, Desmond promet : « Je te ramènerai à la maison » – et nous le retrouverons plus tard, amputé, mais sauvé). Bien des pas décisifs que Desmond a accomplis furent dictés par cette miséricorde, au point que les grandes décisions de sa vie sont comme rythmées par la charité : redisons-le, c’est en prenant brusquement conscience de la souffrance infligée à son frère et à ses parents qu’il cesse d’être violent ; c’est en voyant son père menacer sa mère de mort qu’il promet à Dieu de ne plus tuer ; c’est en rencontrant les corps torturés des blessés de guerre que naît en lui son désir d’être infirmier puis médecin. Même totalement épris par la femme de sa vie, et ayant totalement compris qu’il ne mérite en rien sa grâce pleine de beauté et de gentillesse (ainsi qu’il en fait l’aveu, à nouveau à son ami Smitty), son cœur peut encore être pris par la souffrance et le décider à s’éloigner de celle qui lui est plus chère que son existence et risquer la sienne.
Andrew Garfield, qui s’est longuement et soigneusement préparé, dit de son personnage : « Je pense que son incapacité à guérir l’alcoolisme et le dégoût de soi de son père a poussé Desmond à se mettre au service des autres. C’est aussi la raison pour laquelle il ne s’arrêtait jamais avant de tomber d’épuisement et de ne plus pouvoir bouger, sans quoi il n’avait pas le sentiment d’en avoir fait suffisamment » (Dossier de presse, p. 11). Assurément, le volontaire peut naître de l’involontaire. Toutefois la blessure n’est pas créative, elle est seulement réactive. Entre ces anagrammes, il y a toute la distance de l’amour. Je me refuse donc d’en demeurer à une lecture déconstructionniste ou psychologisante. Pour Desmond, aimer ne saurait se réduire à un devoir, encore moins au règlement de je ne sais quelle dette intérieure, qui viserait à réparer sa culpabilité à l’égard de son frère et lui acheter une bonne conscience. L’infirmier héroïque n’est pas un réactif qui chercherait à effacer la faute du père et démontrer qu’il a tort de diaboliser l’armée et, avec elle, détruire sa vie passée. Enfin, il n’est pas un résilient : il puise dans la foi et la confiance de sa mère ; plus encore, il éprouve l’amour de son père le jour où celui-ci, dans un acte d’indomptable courage, va chercher auprès de son ancien Capitaine devenu général, la lettre qui permettra au juge de sauver Desmond de ses injustes accusateurs. L’énergie intarissable de cet amour, il ne l’a pas puisée dans son cœur, mais au-delà. Le film lui-même indique discrètement, mais clairement cette direction. Non seulement, il nous montre Desmond prier ardemment à plusieurs reprises : « Seigneur, aide-moi à en sauver un de plus », mais il a gardé du témoignage final du vrai Desmond cette supplication.
Ne croyons pas, toutefois, que cette charité soit une énergie magique que Desmond cueille en se contentant de la demander. Comme la foi qu’il a arrachée au doute qui l’étreint au terme de la défaite, la charité est aussi le fruit d’un combat et se conquiert sur la haine. À Smitty qui, après avoir entendu l’histoire de sa relation avec son père, lui demande : « Tu ne l’as pas tué ? », il reconnaît : « Si, dans mon cœur ». Dès la première scène, nous voyons ce petit garçon marcher vite, grimper comme un cabri, aller jusqu’au bout et arracher la victoire à un frère qui l’avait pris par traîtrise. Mel Gibson explique de manière éclairante : « Doss savait exactement dans quoi il s’engageait. Quelqu’un m’a dit un jour que la Médaille d’honneur était généralement attribuée à des gens qui avaient pris une décision en un instant, sans réfléchir, et accompli un acte héroïque. Ce qui m’a frappé chez Desmond, c’est qu’il a été héroïque 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant un mois à Okinawa. Il a élevé l’héroïsme à un niveau quasi inédit » (Dossier de presse, p. 7).
Deux objections
Je ne peux terminer sans répondre à deux objections que j’ai entendues.
Ce film n’est-il pas “trop naïf” ?
Dans la première partie du film, Mel Gibson donne à voir, en Desmond, une Amérique idéalisée, bien pensante, victorieuse et héroïque, qui, si elle n’ignore pas l’épreuve, paraît en sortir sans heurt ni blessure : à preuve, la rencontre avec Dorothy ou le triomphe final sur Hacksaw Ridge.
Certes, j’aurais aimé, lors de la reconquête de Maeda, une revanche plus modeste et surtout moins vengeresse des 77e et 96e divisions d’infanterie américaine sur les Japonais. Mais l’essentiel est ailleurs et l’accusation porte à faux, car elle passe à côté d’un trait de caractère de Desmond qui est aussi peut-être sa vertu la plus attachante : sa simplicité. À Smitty qui lui objecte que ce qu’il fait (ne pas porter d’arme) n’a pas de sens, Desmond rétorque : « Je ne prétends pas être sensé ! ». À son capitaine venu lui rendre visite en prison pour lui dire sincèrement toute sa perplexité face à sa position, au nom même de la Bible (ne doit-on pas se défendre contre l’ennemi et donc porter une arme ?), Desmond répond ingénument : « Je ne sais pas ». Toutefois, en rester là réduirait la simplicité évangélique au simplisme, et Desmond à un « bouseux » illuminé de Virginie – ce que ses compagnons ne manquent pas de faire dès son arrivée –. La vérité sur l’âme de Desmond est plus haute et plus… simple. Est simple ce qui n’est pas composé, ce qui est sans partie. Autrement dit, est entier. Desmond ne peut donc se donner partiellement. Quand il décide de ne pas porter ni de toucher d’armes, c’est pour toujours – ce qui n’exclut pas l’ingéniosité qui lui fait transformer une couverture en luge et un fusil en bâton. Quand il rencontre Dorothy, il lui dévoue son cœur totalement et à jamais, de sorte qu’il prend tous les moyens pour conquérir sa belle et ne peut imaginer qu’elle lui dise non (« Je vais l’épouser ? – Est-ce qu’elle le sait ?! », demande sa mère qui connaît l’enthousiasme de son fils) et donc ne désire point son baiser. Quand il adhère à la Bible, il confesse la totalité de son contenu sans nulle compromission, alors même que tout conspire à des accommodements, au nom de la foi (le capitaine Glover) ou, plus tentant encore, au nom de l’amour (Dorothy) ; mais, face à Pauline, Desmond-Polyeucte, ne cède point. Enfin, quand il entendra le cri des blessés, cette « asperge » inapte au combat (le sergent le surnomme « épi de maïs ») n’aura de cesse de les chercher, un par un, sur son dos, jusqu’au dernier, avançant sur un terrain miné et menacé, où la nuit tombante multiplie les ombres menaçantes, alors que les autres soldats se sont écroulés, éreintés, pour rassembler le peu de force qui leur reste. Pour cet homme tout un, c’est-à-dire simple, la foi, comme le don de soi, est un, c’est-à-dire total.
Ce film n’est-il pas “trop violent” ?
L’on sait le tropisme ambigu du réalisateur de Braveheart et d’Apocalypto pour la violence. De fait, Mel Gibson a cherché à conférer aux scènes de combat tout leur réalisme viscéral, visuel et plus encore auditif. Pour tourner ces scènes épiques, il a multiplié les effets réels et s’est le plus possible refusé de recourir aux effets numériques. De fait aussi, rien ne nous sera épargné. Une journaliste syrienne qui participait à la projection a dit combien il lui fut insupportable de revivre ce qu’elle vivait en ce moment à Alep.
Oui, nous retrouvons ici la crudité-cruauté de la scène d’ouverture de Il faut sauver le soldat Ryan (film de guerre américain de Steven Spielberg, 1998), encore amplifiée et prolongée. Mais qui a dit que la guerre était propre et indolore ? La véritable question est autre : cette violence est-elle gratuite ? Certes, là aussi, j’aurais aimé que telle ou telle scène soit moins spectaculaire, et regrette que la reconquête du plateau soit si jouissive. Cela dit, qui suis-je pour exprimer cette opinion, moi qui ai connu la caserne mais non la guerre ? Surtout, le film de Mel Gibson ne nourrit nulle compromission et nulle complicité avec la haine. Dès les premières images, le ralenti ne cherche pas à romantiser le combat, mais à le dramatiser. Dès les premières scènes aussi, Hugo Weaving (quelle performance d’acteur !) nous montre un Tom Doss ravagé (mais pas totalement) par cette maladie encore innommée, le stress post-traumatique. Le discours non-violent de Desmond est non seulement constant, mais totalement cohérent avec sa vie. Se refusant à céder à la rhétorique qui satanise les Japonais, Desmond en sauvera 2 qui feront partie des 75 rescapés. Il n’est pas jusqu’à la géographie du lieu de combat qui ne devienne symbolique : d’abord, l’escarpement excessivement abrupt et impressionnant d’Hacksaw Ridge sépare le monde ordinaire du champ de bataille (« Tout est différent là-haut ») et donc la logique aimante de la vie de la logique totalement absurde de la guerre (« Plus jamais la guerre ! », lançait Paul VI, dans un vibrant appel prophétique, à la tribune des Nations Unies le 4 octobre 1965) ; au terme, le retour glorieux de Desmond, entre ciel et terre, baignant dans une lumière surnaturelle, symbolise l’énergie intarissable de son amour, amour qui est « né » du Dieu descendu des cieux pour « planter sa tente » parmi nous (Jn 1,12-14).
Tu ne tueras point n’est pas un énième film qui condamne la guerre en en montrant les pires atrocités. Il n’est pas non plus un plaidoyer pour l’objection de conscience – d’autant que Desmond n’aimait pas cette expression et lui préférait celle de « coopérateur de conscience », persuadé qu’il était d’avoir à apporter quelque chose aux autres soldats, sans pour autant être obligé de tuer.
Quand je suis sorti de la projection, j’étais bouleversé. Non pas par les images, certes traumatisantes, de violence. Mais par le témoignage de Desmond. Me remémorer tel passage, tel acte d’endurance ou d’amour de cet homme ordinaire qui, dans l’extraordinaire de la situation où il fut jeté, a mis en œuvre l’encore plus extraordinaire de la grâce, faisait monter les pleurs qui avaient coulé pendant le film. Cette émotion s’est traduite, les heures d’après, par une émotion intense, l’incitation à être plus persévérant, plus humble, plus croyant, plus aimant. Que demander de plus à un film ?
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