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Comment se déroule une enquête sur les crimes de nazis ?

Une équipe de Yahad - In Unum interviewe un témoin sur un site d'exécution à Chklov en Biélorussie. © Equipe YIU : Aleksey KasyanovYahad - In Unum

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Mathilde de Robien - publié le 09/11/16
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Le père Patrick Desbois localise les lieux d’exécution et des crimes nazis. (2/3)

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Retrouvez la 1ère partie de la série : Un prêtre sauve de l’oubli les victimes de la « Shoah par balles »


Saint-Ouen. Direction : les bureaux de Yahad – In Unum, association qui emploie 25 personnes dans le but de localiser les lieux d’exécution des victimes des Nazis sur tous les territoires occupés de l’ex-Union Soviétique et de la Pologne, de les préserver, et, parallèlement, d’éduquer les jeunes générations à reconnaître les crimes de masse, via des colloques universitaires.

Le plus marquant ? La jeunesse de l’équipe ! Mis à part le fondateur, le père Patrick Desbois, aucun n’a plus de 40 ans ! Et pourtant, ils sont portés par un même sentiment : le devoir de mémoire, et sont unis par un impératif : retrouver les victimes oubliées de la Shoah. Depuis 2004, Yahad quadrille l’Europe de l’Est, districts par districts, villages par villages, afin d’interviewer, sans porter aucun jugement, les témoins des fusillades, âgés à l’époque d’une dizaine d’années, et de découvrir grâce à eux les endroits où ont été commis les crimes.

Comment s’y prennent-ils ? L’enquête se déroule en 3 temps :

  1. Avant de partir, recherches d’informations dans les archives.

Les chercheurs de Yahad ont accès à différents fonds d’archives, qui leur permettent de collecter des informations sur la zone investiguée, avant de se rendre sur le terrain. Les archives principalement étudiées sont :

– Les archives soviétiques : la Commission Extraordinaire d’État de l’URSS (enquêtes et rapports effectués immédiatement après-guerre qui établissent les crimes et les dommages causés par les envahisseurs nazis) et les archives du KGB contenant les rapports des procès contre les collaborateurs des nazis, accessibles depuis 1991 via le United States Holocaust Memorial Museum de Washington.

– Les archives allemandes : dossiers d’instruction des procès contre les criminels de guerre et les bourreaux.

Autant de mines d’informations indiquant, en partie, ce qu’il s’est passé dans les villes et villages soviétiques durant la Seconde Guerre mondiale.

  1. Sur place, interviews des témoins.

Ce sont des enquêteurs locaux, formés par Yahad, qui sont chargés de trouver des témoins, de plus en plus rares aujourd’hui, et de les convaincre de parler aux équipes de Yahad. Ils font du porte-à-porte dans les villages, pour savoir qui était présent pendant la guerre. Une fois que le témoin est d’accord, l’équipe arrive (chef d’équipe, photographe, cameraman, interprète, scripte) et recueille des témoignages durs, de par la violence des faits, et émouvants, car certains sont confiés pour la première fois. Certains témoins restent neutres, voire peu empathiques, d’autres sont bouleversés. C’est ainsi que Vassil, témoin à 8 ans d’un massacre de juifs par des roumains pour un pantalon et une veste, confie : « Depuis ce jour-là, je ne crois plus en rien. »

Actuellement (octobre 2016), Yahad a deux équipes sur le terrain, l’une en Pologne, l’autre en Lituanie. Voici quelques témoignages reçus récemment :

En Lituanie, région de Kaunas, Mykolas (90 ans) : « Au début, on a marqué les maisons des Juifs avec les inscriptions Hier leben die Juden. Puis, on les a forcés à faire toutes sortes de travaux physiques jusqu’au jour où ils étaient tous fusillés. Les gens locaux se sont mis à piller les maisons des Juifs, alors pendant la messe, le prêtre a demandé d’arrêter de le faire. Personne ne l’a écouté. »

En Pologne, région de Varsovie, Henryk (85 ans) : « Les Allemands ont mis le feu aux maisons et aux magasins. Ils ont accusés les Juifs d’être responsables de l’incendie. Les Juifs ont d’abord été rassemblés dans les caves de la mairie. Puis, avant la fusillade, ils ont été déplacés vers la brasserie. »

Et un autre Henryk (89 ans) : « J’étais dans les champs quand ils ont fait sortir les hommes des camions. Ils ont été alignés le long des fossés antichars et fusillés. »

  1. Localisation des sites

Après avoir raconté leur histoire, les témoins, s’ils le peuvent, accompagnent les enquêteurs sur les lieux. Ils désignent les endroits où se trouvaient les ghettos, les camps de travail, les lieux d’exécution, et les fosses communes.

Ce travail de localisation est nécessaire afin de pouvoir préserver l’endroit en protégeant les fosses communes des victimes, en empêchant de construire par-dessus ou en installant un monument à la mémoire des victimes, avec l’aide notamment de l’American Jewish Committee (AJC). Il est important pour les familles juives de pouvoir se recueillir auprès de ses membres défunts afin de réciter le kaddish, la prière des morts.

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