Le Saint-Siège réagit aux rumeurs de prêtres “clandestins” ordonnés sans son aval.
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“Toute ordination épiscopale sans mandat pontifical est illicite”, a rappelé le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, Greg Burke, le 7 novembre dernier, alors que depuis quelques semaines circulent des rumeurs de nouvelles ordinations effectuées sans son aval. “Si ces dites ordinations épiscopales étaient vraies, a-t-il précisé, elles constitueraient une grave violation des normes canoniques”.
Celui par qui … les tensions arrivent
Le communiqué du Saint-Siège, souligne l’agence I-media, tombe à un moment où doit s’ouvrir un nouveau round de discussions avec le gouvernement chinois. Perspective qu’est venu assombrir un évêque de la dite « partie clandestine » de l’Église, Mgr Paul Dong Guanhua, à Zhengding, dans la province du Hebei (Est), ce dernier révélant publiquement avoir été ordonné évêque il y a 11 ans, dans le secret et sans l’accord de Rome, mais surtout d’avoir ordonné lui-même le 7 septembre dernier, un évêque âgé de 51 ans.
Le Vatican, informé de la situation à l’époque, avait pourtant demandé à Mgr Dong de ne pas exercer son ministère. Ce qu’il a fait jusqu’à cette ordination, qui lui vaudra une excommunication latae sententiae – du fait même de l’acte commis –. L’évêque continue d’estimer avoir agi selon “les dispositions spéciales” accordées par Rome aux évêques chinois dans les années 1980, et a prévenu qu’il pourrait procéder à d’autres ordinations épiscopales.
Les “dispositions spéciales” accordées par Rome prévoyaient qu’en cas de persécution, les évêques pouvaient nommer et ordonner leurs successeurs sans en référer au préalable au Pape. Ils pouvaient aussi nommer l’évêque d’un diocèse voisin sans pasteur. Mais, celles-ci ont été révoquées en mai 2007 par la Lettre aux catholiques chinois du pape Benoît XVI.
Cinq ou dix ordinations d’évêques auraient été effectuées de cette manière, ces dernières années en Chine, malgré la révocation.
La vraie cause ?
La perspective d’un accord entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois sur cette question complexe de la division entre l’Église dite “officielle” et l’Église dite “clandestine” ou “souterraine “, serait à la base de ces nouvelles tensions. Depuis juin 2014, les négociations entre Rome et Pékin sont menées dans la plus grande discrétion. Il y en aurait eu six, et une septième serait en préparation qui, selon des sources proches des négociateurs, pourrait déboucher sur une normalisation des relations et une visite du Pape en Chine. La date de la clôture de l’année de la Miséricorde, le 20 novembre prochain, semble évoquée par les négociateurs comme “date possible pour que le pape François accorde son pardon à huit évêques « officiels », ordonnés sans le consentement papal”, rapporte Églises d’Asie. Pour trois d’entre eux, l’excommunication a été signifiée publiquement par Rome en 2011-2012.
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Le cardinal Zen, archevêque émérite de Hong Kong, qui a toujours joué un rôle de premier plan dans la lutte pour la démocratie dans l’ex-colonie britannique, a déclaré en août dernier ne pas voir d’un bon œil les échanges menés entre le pouvoir chinois et les négociateurs du Saint-Siège. En mai dernier, dans un entretien exclusif à Famille Chrétienne en partenariat avec Églises d’Asie, il avait réagi sceptiquement aux “bonnes intentions” du Pape envers la Chine. Il craint que le Pape “cède beaucoup de terrain”. À Rome, a-t-il déclaré, “ils ne connaissent pas la Chine, ils ne parlent ni ne lisent le chinois, ils n’ont pas pratiqué les communistes chinois (…) J’ai très souvent écrit au pape François. Ce que j’espère, c’est qu’il écoute, qu’il écoute tout le monde, tous ceux qui ont des avis divergents sur cette question des rapports avec la Chine. Mais je ne cache pas que la situation actuelle est pleine de dangers, car il y a tant de gens autour de lui qui poussent à conclure un accord avec Pékin”.
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Vers une prochaine ordination
Et alors que les commentaires sur la conclusion possible et prochaine d’un accord entre le Saint-Siège et la Chine populaire vont bon train, Eglises d’Asie fait savoir qu’une ordination épiscopale va être menée pour le diocèse de Changzhi, dans la province du Shanxi, ce 10 novembre. Selon les informations récoltées sur place, « le futur évêque a été nommé par le pape et cette nomination a été acceptée par Pékin », précise l’agence d’information des missions étrangères de Paris. Le futur évêque est le P. Peter Ding Lingbin, qui assume déjà depuis quelques années les fonctions d’administrateur apostolique de Changzhi.