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Après une vague de dénonciations touchant plusieurs diocèses de France, les 115 évêques du pays ont organisé ce lundi une journée de messes, vêpres et jeûne, pour les victimes de pédophilie dans l'Eglise. Réunis à Lourdes, pour leur grande assemblée annuelle d'automne, ils ont demandé pardon pour leur "silence souvent coupable".
"Il n’y a pas d’excuses ou de demi-mesures pour les actes commis sur un seul des plus petits (...) Oui, il nous faut oser regarder en face les scandales du péché qui atteignent l’Église toute entière » a déclaré Mgr Luc Crepy, responsable de la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie, au cours de l'homélie de la messe célébrée à la mi-matinée, "Oui, il nous faut sortir du trop long silence coupable de l’Église et de la société et entendre les souffrances des victimes : les actes pédophiles, ces crimes si graves, brisent l’innocence et l’intégrité d’enfants et de jeunes. Oui, il nous faut oser prendre tous les moyens pour que la Maison Église devienne un lieu sûr".
Une demande du Pape
Cette initiative répondait à la demande du Saint-Père d’organiser dans le monde entier "un temps de recueillement" pour les victimes d'abus sexuels dans l'Eglise. Tolérance zéro pour les coupables d’abus sexuels sur mineurs ! C’est la ligne de fermeté adoptée par le Saint-Siège depuis le pontificat de Benoît XVI. François la réaffirme à chaque fois qu’il en a l’occasion, à commencer dans le clergé, où son combat est mené ouvertement.
En France, les fidèles de chaque diocèse sont invités à s’associer et à participer à la prière des évêques. Après avoir écouté ces derniers mois les plaintes de nombreuses victimes, ceux-ci ont jugé important de pouvoir prendre "ensemble ce temps de prière", a souligné le porte-parole de l’épiscopat, Mgr Olivier Ribadeau Dumas. La messe de ce lundi matin était pour demander pardon pour "leurs propres péchés, pour leur silence parfois coupable et souvent coupable, pour ne pas avoir permis que la vérité éclate toujours", avait-il précisé. Au cours de la messe, Mgr Crepy, qui est L’évêque du Puy-en-Velay, a encouragé ses pairs à avancer sur un "chemin de purification", rapporte Radio Vatican. "Nous, évêques, a-t-il affirmé, nous avons voulu sans doute sauvegarder l’image de respectabilité de l’Église par peur du scandale, en oubliant qu’elle est sainte et composée de pécheurs. En cela, nous avons failli à notre mission (…) Engageons-nous fermement sur un chemin de justice et de vérité face aux abus sexuels, sur un chemin où la souffrance des victimes est pleinement entendue".
A Lyon prochainement
Le 18 novembre, à Lyon, le cardinal Barbarin célébrera une messe "en réparation de la profanation du corps vivant du Christ" que représentent les abus sexuels. Les victimes qui le souhaitent y sont "spécialement invitées", a précisé l’archevêque, très fortement secoué par l’affaire du père Bernard Preynat, prêtre de son diocèse soupçonné d'avoir abusé de près de 70 enfants âgés entre 8 et 11 ans. L’enquête préliminaire qui visait le cardinal Barbarin pour "non- dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs" et "non-assistance à personne en danger" a été classée sans suite, le 1er août dernier.
Ce lundi soir, une soirée de prière est organisée à la paroisse Saint-Luc de Sainte-Foy les Lyon, l’endroit-même où Bernard Preynat s’est rendu coupable des faits. " Des paroissiens porteront soixante-dix bougies au pied de la croix, pour symboliser, par un geste fort, les soixante-dix victimes – déclarées – du P. Preynat", fait savoir le curé actuel, P. Eric de Nattes, dans un entretien à La Croix. Et ensemble, a-t-il ajouté, "nous demanderons pardon et nous engagerons à ce que le silence, qui est le pire de tout, ne soit plus possible dans l’Église autour de tels crimes".
Le Figaro a résumé la rencontre des évêques de France en images :