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Le yoga est-il compatible avec la foi chrétienne ?

© Matt Madd

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Jules Germain - publié le 04/11/16
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Un débat qui suscite les passions.

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Pour beaucoup, le yoga fait partie du quotidien. Peut-on pratiquer cette gymnastique méditative en tant que catholique ? Ce n’est pas évident pour tout le monde : l’exorciste Père Amorth va jusqu’à dire que le yoga serait « satanique » !

Le yoga est très aimé en Allemagne. Il est pratiqué actuellement par plus de 2,5 millions de personnes, comme le souligne le site de la conférence des évêques allemands.  Mais il n’a pas que des partisans. L’exorciste du diocèse de Rome s’est en effet exprimé de manière critique sur cette pratique méditative : « Pratiquer le yoga est diabolique. On croit pratiquer simplement une activité épanouissante, mais elle conduit à l’hindouisme » et éloigne donc de la foi chrétienne. Cette critique n’est certes pas généralisée au sein de l’Église catholique, mais on trouve parmi de nombreuses confessions des personnes qui voient dans la pratique du yoga un danger. D’où vient la peur de ces exercices gymnastiques apparemment inoffensifs ?

Les critiques soulignent souvent que le yoga fait partie intégrante d’une autre religion et qu’on ne peut pas le considérer à la légère. Ces exercices corporels sont une manière de prier les divinités hindouistes, de sorte qu’on pourrait y voir une doctrine niant l’action de Dieu et de sa grâce : on n’aurait plus besoin de sa présence et de l’action bénéfique de l’Esprit Saint, on pourrait se sauver soi-même en pratiquant ce genre d’activités qui visent à unir l’âme et le corps et à le libérer du cercle des réincarnations. Il ne serait alors pas possible de conjuguer cette pratique spirituelle avec la foi en Jésus Christ ressuscité se sacrifiant pour toute l’humanité et offrant la rédemption et le Salut.

Si l’on aborde cette question d’un point de vue historique, il est vrai que le Yoga provient directement de la culture indienne et a un lien évident avec l’hindouisme.

Le yoga

Le yoga est une technique qui vise à encourager la méditation au moyen de mouvements gymnastiques et du travail de la respiration. La forme répandue en Occident n’est qu’une part de cette tradition. En Inde, le yoga est considéré comme une sagesse qui permet d’harmoniser le corps, l’âme et l’esprit. Il y a d’ailleurs de nombreuses manières de le pratiquer. On peut le voir comme une tâche intellectuelle, un acte désintéressé pour s’en remettre à Dieu, ou comme voie méditative avec huit marches. Le yoga comme gymnastique est la troisième marche de ce chemin qui conduit, dans la tradition hindouiste, à l’illumination.

Un yoga chrétien ?

La position officielle de l’Église n’est pas tout à fait claire : d’un côté, dans l’esprit de Vatican II, l’Église respecte les autres manières de chercher Dieu issues d’autres traditions. D’un autre côté, elle avertit sur le risque de trop attendre de la méditation et de la prière en en faisant une sorte de pratique magique et idolâtre. Une confusion entre des pratiques chrétiennes et païennes peut aussi mener à un trouble dans le rapport à Dieu.

Néanmoins, en raison de la popularité de ce sport et des fruits qu’il peut porter sur le plan spirituel, de nombreux efforts sont déployés par des hommes d’Église et des laïcs pour développer un yoga spirituellement chrétien.

Aux États Unis, le père jésuite Bobt Karle se réunit régulièrement avec de nombreux jeunes dans une chapelle pour y répéter des poses de yoga en développant une relation personnelle avec Dieu. Il ne fait pas cela simplement pour remplir son église : pour lui, le yoga peut être un moyen de rapprocher les croyants de Dieu. « La combinaison de la prière ignacienne et du yoga calme les corps et les esprits, ce qui leur permet de mieux d’appréhender les frémissements intérieurs de leur âme et de les orienter vers le Christ ». Il voit donc le yoga comme un moyen d’apaiser le corps et de le rendre disponible à la prière.

Voir le yoga comme une façon de prier le Christ avec le corps

On retrouve une situation similaire pour le prêtre catholique Markus Thomm de Vallendar près de Coblence. Il dirige des retraites et est en même temps instructeur de yoga. Selon lui, il est tout à fait possible de bénéficier du trésor que constituent ces pratiques en les convertissant et en les évangélisant. C’est l’attitude qu’avaient les chrétiens par exemple avec la philosophie grecque, en cherchant ce qu’elle pouvait leur apporter et leur apprendre, tout en la convertissant. Selon ce prêtre il faut justement poser des limites : il ne faut jamais oublier que l’hindouisme diffère complètement du christianisme dans son rapport à Dieu.

Il peut y avoir pour les chrétiens un risque de panthéisme et de désir de fusion dans les éléments naturels, excluant la présence vivifiante du Christ et l’action réelle du Saint-Esprit. Il s’agit ici au contraire de voir le yoga comme une façon de prier le Christ avec le corps. Il faut pour cela le rendre présent et faire un yoga explicitement chrétien dans lequel le Christ est au centre. On peut ainsi remplacer les mantras hindous par des versets bibliques ou par des chants de Taizé. Pratiquer le yoga ? Oui, si l’on sent qu’il enrichit notre relation à Dieu et facilite la prière. Ce que l’apôtre Paul ne démentirait pas, puisque comme il le dit dans l’Épitre aux Thessaloniciens (5, 21) : « Éprouvez toutes les choses ; retenez ce qui est bon ».

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