Jean Mermoz, l’archange de l’aventure.
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La mort même, dit-on, ne saurait séparer deux vrais amis de ce bas monde. L’ordre logique s’imposait donc ainsi : après Saint-Éxupéry, Mermoz. Un nom tout empreint d’aventure, celui d’une « tête brûlée » qui aurait tant aimé ne jamais redescendre de ce géant étalon qu’était La Croix Du Sud, son destrier de métal.
Postérité et portrait littéraire
Moins prolixe que son jeune ami, Mermoz ne compte que deux ouvrages sous sa plume : Mes vols, et Défricheur du ciel, un recueil de lettres. Le premier n’est ni vraiment une biographie ni vraiment une suite ordonnée de récits chronologiques, mais il est de ces ouvrages qui vous font rencontrer l’auteur comme autour d’un café. Et pour achever le croquis, on se tourne vers le biographe de l’aventure elle-même, Joseph Kessel. Son livre intitulé Mermoz vous dit tout haut ce que les réflexions intérieurs de Mes Vols vous avaient suggérés en confidence : Mermoz est un fou, aviateur passionné, écrivain tendre et ardent.
Vision de l’existence
On ne saurait définir le sens que Mermoz donnait à la vie mieux que par ses propres citations : « L’accident pour nous, ce serait de mourir dans un lit », ou encore cette phrase confiée à Kessel : « Tu sais, je voudrais ne jamais redescendre ». La première des quêtes de l’aviateur de renom, c’est l’aventure. C’est la nécessité, intrinsèque à sa nature, d’idéal et d’évasion de soi-même qui le poussent vers l’aviation. Il voit en elle, et dans ses oiseaux de fer, la réponse à sa « volonté de s’élever des contingences d’une vie terrestre trop étroite ».
Cette vie terrestre pourtant, ce monde moderne qu’il préférait voir enfoui dans des sacs de courrier, il y prenait part activement quand il posait le pied à terre. Il avait tout juste ce qu’il fallait d’idéalisme et de bon sens pour ne pas s’abandonner corps et âme à ce seul rêve d’aventure. Il fut pourtant, on le devine, bien heureux de quitter ce monde pendant son service : service du pays et de sa soif de conquête.
Aux dires de Saint-Éxupéry, c’est cette folie joyeuse qui faisait de Mermoz l’aviateur de légende qu’il était. Il raconte à son sujet dans Pilote de Guerre : « Si vous aviez objecté à Mermoz, quand il plongeait vers le versant chilien des Andes, avec sa victoire dans le cœur, qu’il se trompait, qu’une lettre de marchand, peut-être, ne valait pas le risque de sa vie. Mermoz eut ri de vous. La vérité, c’est l’homme qui naissait en lui quand il passait les Andes. »
Orientation spirituelle
S’il fallait être honnête, on accuserait Mermoz d’être un bon hérétique. Son œuvre et ses discours sont marqués par l’analogie constante de l’Église et de l’aviation : « L’aviation fut le résultat d’une œuvre de foi » dit-il. Faut-il vraiment lui en vouloir ? On décèle tout de même dans sa perpétuelle désinvolture face au danger des hauteurs la volonté d’un Absolu qui tolère volontiers une majuscule. Il n’aura pourtant de cesse de contempler dans l’aviation naissante le lien qui unit les hommes. Les pilotes sont des saints dont la religion sera le courrier. Ils lui laisseront de bon gré leurs petites existences.
Chez Mermoz, plus explicitement que chez les autres, point déjà de son vivant, sans attendre la postérité des âges, le rôle mystique de l’aéropostale : l’aviation ranime le désire de grandeur de l’homme, le relie à sa primitive recherche de nouveau monde. Elle le tire vers le haut, puisque c’est là qu’il aspire.
Retrouvez le 2e épisode de la série : Antoine de Saint-Éxupéry