Où en sont les relations entre catholiques et protestants aujourd’hui ?
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C’est ce 31 octobre que sera donné le signal de départ des commémorations autour de la Réforme protestante. Deux lieux différents retiennent aujourd’hui l’attention des Allemands, pour qui cet anniversaire a une signification très profonde. D’un côté, on retrouvera à Berlin, l’Église évangélique allemande réunie pour fêter ce jubilé, et de l’autre, dans la ville suédoise de Lund, c’est le pape François lui-même qui fera le voyage à la rencontre de la Fédération luthérienne mondiale : tout un symbole !
Ces deux lieux de manifestations semblent se faire concurrence, comme le souligne le site de la conférence des évêques allemands, puisqu’ils commémorent différemment le même événement : « La Fédération luthérienne mondiale s’apprête à commémorer l’anniversaire de la Réforme dans un esprit de responsabilité œcuménique », affirme ainsi le Secrétaire général de la Fédération luthérienne mondiale, le révérend Martin Junge, « profondément convaincu qu’en mettant tout en œuvre pour la réconciliation entre luthériens et catholiques, nous œuvrons pour la justice, la paix et la réconciliation dans un monde lacéré par les conflits et la violences.»
Ces deux lieux, l’un avec le Pape, l’autre sans catholiques du tout, rappellent ainsi les différentes facettes du protestantisme d’aujourd’hui, héritier de la Réforme. Le souhait de l’unité des chrétiens peut être plus ou moins fort, en comparaison avec la méfiance envers le Pape et l’Église catholique de la part de certains protestants. Mais à qui appartient réellement la commémoration de la Réforme ? Les luthériens eux-mêmes ne sont pas d’accords entre eux, et ils ne seront pas les seuls à vouloir commémorer la Réforme.
Les luthériens ne sont qu’une des voies de la réforme protestante
De toutes les Églises issues de la Réforme, les luthériens ne constituent qu’une possibilité parmi d’autres. Luther était certes le premier à engager le mouvement, mais les luthériens ne sont pas aujourd’hui les plus nombreux. Avec 74 millions de membres, la Fédération luthérienne mondiale ne constitue qu’une petite partie des protestants. Les églises réformées qui sont issues de la tradition suisse calviniste regroupent à elles seules déjà 80 millions de personnes. Les chiffres eux-mêmes montrent clairement que l’Église évangélique allemande ne peut se considérer comme détentrice d’un monopole sur la commémoration de la Réforme.
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La Fédération luthérienne mondiale a d’ailleurs voulu que ses assemblées générales ne se fassent pas spécialement en Allemagne. Elles se sont tenues, par exemple, à Windhoek en Namibie. Une maison faite de pièces très différentes : voilà comment on peut se représenter l’œcuménisme. Le christianisme regroupe des Églises et des communautés extrêmement variées : catholiques, protestantes, orthodoxes, coptes, anglicanes et autres.
Par ailleurs, une commémoration au niveau mondial aura lieu avec une route de prière, sorte de pèlerinage protestant qui aura lieu à Genève du 3 novembre au 20 mai 2017, passant par 68 lieux symboliques dans 19 pays européens, jusqu’à ce qu’il arrive à Wittenberg, lieu emblématique de la Réforme – c’est là que Luther avait affiché ses 95 thèses contre le commerce des indulgences en 1517 tout en mettant en question l’autorité du Pape.
50 années de dialogue
Le fait que le pape François se rende non pas à Wittenberg mais à Lund tient au fait que la Fédération luthérienne mondiale est depuis 50 ans un partenaire de dialogue avec l’Église catholique et très impliquée dans l’unité des chrétiens. C’est ce cadre qu’avait été publiée en 1999 une Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification, point de discorde historique entre les luthériens et les catholiques : « La Déclaration sur la doctrine de la justification est [en effet] le résultat de plus de trente ans de dialogue luthérien-catholique. Cette déclaration exprime avec concision les aspects essentiels de cette vision commune de la doctrine de la justification qui a été développée précédemment par les dialogues luthérien-catholique internationaux et nationaux ». Elle leur a permis de trouver un point d’accord sur la place de la grâce dans le Salut de l’homme. Ils sont donc arrivés à une vision substantiellement unie de ce qui était la principale pierre d’achoppement de l’unité des chrétiens. Ils ont également publié en 2013 un document intitulé « Du conflit à la communion ».
Ce qui est commémoré à Lund, c’est donc non seulement les 500 ans de la Réforme et les 70 ans de l’existence de la Fédération luthérienne mondiale, mais également les 50 ans de dialogue très approfondi avec l’Église catholique.