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Chronique du temps qui passe. Le temps des Tsars

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Antoine-Joseph Assaf - publié le 31/10/16
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Il fut un temps où la France impériale osait les alliances fortes et ouvertes avec les Tsars de Russie, un temps révolu…

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Il fut un temps où la France impériale osait les alliances fortes et ouvertes avec les Tsars de Russie et ne craignait ni le jugement des nations européennes ni les cris des grandes puissances, car elle était la grande puissance que personne ne pouvait contester sauf quand cela dérangeait les intérêts de l’empire britannique.

C’est ainsi que lors de la guerre de Crimée en 1854 la France de Napoléon III a préféré se rapprocher du Royaume-Uni après des siècles de conflits, au lieu de s’allier à l’armée du Tsar pour en finir avec “la Turquie, l’homme malade de l’Europe” (selon la juste expression de Nicolas Ier adressée à l’ambassadeur d’Angleterre). Certes, l’empereur des français, après le traité de Paris du 30 mars 1856, y remportera une victoire personnelle quatre ans après son accession au pouvoir.

La France impériale renforce son influence en Orient sans pour autant résoudre l’épineuse “question d’Orient” que le Tsar dans sa sagacité voulait solder en obligeant les Turcs à respecter les minorités chrétiennes sur leur territoire et à leur donner la liberté et la sécurité nécessaire qui leur permettaient d’échapper définitivement à la soumission lourde et humiliante de l’empire agonisant mais toujours aussi cruel.

Il a fallu attendre que les chrétiens d’Orient fussent massacrés en Syrie et au Liban pour que l’alliance entre la France de Napoléon III et la Sainte Russie fût ravivée avec “l’Expédition française”, pour sauver ceux qui sont les gardiens naturels et victimaires de ce qui reste de libre de la Terre Sainte elle-même. Le tsar et l’empereur ont su alors imposer au Sultan des gouverneurs chrétiens pour un Liban chrétien. Le Mont-Liban commençait ainsi à réaliser un début d’autonomie et une sage coexistence avec la communauté islamique qui l’entourait et cherchait à acquérir plus de puissance sous la longue occupation ottomane.

Aujourd’hui la France, en condamnant sévèrement l’engagement total et militaire de la Russie dans la guerre syrienne, passe à côté d’une alliance qui pourrait redorer sa présence dans cette région dont elle a tracé les frontières au début du XXe siècle avec les signatures des accords de Sykes-Picot.

Car cette alliance lui permettra avant tout de ne pas être dupe d’un appui inutile qu’elle cherche à donner à son allié américain : la grande puissance des États-Unis cherche toujours à sauvegarder une alliance objective avec les russes tout en condamnant les dommages collatéraux de la guerre syrienne.

Il faut une autre alliance pour la France, une alliance qui la ramènera à l’axe stratégique le plus profond et qui a été à la racine de la vieille “question d’Orient” un axe qui se résume tout simplement dans la protection qu’il faut assurer aux minorités opprimées et aux chrétiens d’Orient qui représente, dans cette région du monde plongée dans d’atroces épreuves, le savoir, la culture et l’éducation. Des minorités qui incarnent la possibilité d’une société où la foi et la raison peuvent cohabiter pour rendre la pratique de la religion humble, humaine et pacifique à la fois entre tous ceux qui croient en un Dieu unique.

La France de nos jours n’est plus un empire et n’a plus d’empereur non plus, mais elle aurait pu déployer son intelligence ou son tact diplomatique et ne pas s’aventurer à mettre des conditions outrageantes à la visite de celui qui se présente comme le président de la Russie mais qui, au fond, en est le tsar caché et non déclaré. Il l’est par la manière dont il impose le rôle immémorial de la Russie sur la scène internationale et la manière dont il impose sa solution sans état d’âme à un conflit qui a généré tant de faux printemps et de faux espoirs dans le monde arabe.

Un tsar qui trouve du temps libre pour annoncer une visite (ajournée certes) dans la capitale de la “mode”, du luxe, et de l’élégance, pour inaugurer une cathédrale flamboyante sous le soleil de France. Combien de présidents trouvent du temps libre pour de telles manifestations, si archaïques aux yeux du monde ? “Il y a un temps pour tout” comme le dit si bien l’antique sagesse !

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