Ce que les pionniers de l’Aéropostale ont encore à nous apprendre (2/6).
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Puisqu’il fallait choisir l’un des enfants du siècle pour débuter cette enquête sur notre dette envers l’aviation, il fut assez banal mais juste, de dresser en premier le portrait de celui qui a la plus charmé la postérité. Trop occupé à fouiller les eaux méditerranéennes pour retrouver la carcasse de sa fidèle carlingue, le monde moderne néglige les fouilles plus exigeantes des quelques testaments littéraires qu’il a bien voulu nous laisser.
Postérité et portrait littéraire
Cinq de ses ouvrages ont partagés son existence, les autres virent le jour après sa mort. Récits à tendance autobiographiques pour la plupart, recueil de ses correspondances pour le reste, seul le Petit Prince demeure inclassable. Les libraires s’évertuent à le ranger auprès des contes philosophiques, niant délibérément par ce geste le titre de poète qu’il mérite à son auteur. Les Lettres françaises le reconnaissent chaleureusement comme l’un de leurs enfants sages, bien que le temps lui ait manqué pour obtenir plus de deux récompenses académiques.
Vision de l’existence
C’est à tort que l’on attribue à Saint-Exupéry la louange docile de la dignité de notre race. Ce qu’il prône n’a rien en commun avec les relents nauséabonds de ses contemporains, épris de la triste notion de respect humain : son cheval de bataille, c’est la noblesse du genre humain. Il enseigne ainsi que l’homme est un miracle. Il ne le dit pas comme un universitaire, ni comme un oncle bienveillant. Il le démontre dans les âmes de ses personnages. Au-delà des hommes de métiers, des héros de moralistes, ses personnages, comme lui-même, n’avaient pour seule religion qu’une exigence intérieure hors norme et le goût du danger du corps dès lors que l’âme était paisible. L’existence de Saint-Exupéry fut un orage intérieur, qu’il dompta, comme ceux des nuages, au moyen de ses deux armes intangibles : le métier et les camarades.
Camaraderie
Ses compagnons de route mériteront eux aussi, dans d’autres articles, quelques remerciements pour ce qu’ils nous ont légués. Il s’agit plutôt ici de rappeler l’importance qu’il porta à la camaraderie, elle-mêm,e dans sa vie de solitaire. Petit prince du monologue intérieur, on devine pourtant un homme pour qui l’amitié fidèle valait tous les sacrifices du monde. Peut-être, est-ce justement parce que ses camarades, les Guillaumet et les Mermoz, enfants prodigues de la Grande Guerre, partageaient cette même foi en l’homme que le monde s’évertue à rendre décadent. C’est ainsi qu’il dira, dans Pilote de Guerre, « dans un monde devenu désert, nous avions soif de camarades : le goût du pain rompu entre camarades a fait accepter les valeurs de la guerre. Mais nous n’avons pas besoin de la guerre pour trouver la chaleur des épaules voisines dans une course vers le même but ».
Orientation spirituelle
Quelques années de plus auraient peut-être suffit à ce grand homme pour se tourner vers le Bon Dieu. On accordera donc au manque de temps son âme d’agnostique. Version plus virile et moderne d’Antigone, il reste tout de même le paisible serviteur des « lois intangibles, non écrites ». Car si sa foi réside toute entière dans la noblesse de l’homme, c’est surtout dans sa capacité à sublimer la création et dans le dépassement de soi, propres aux ambassadeurs que nous sommes, dans la création, d’un Dieu qu’il n’évoque qu’à mi mot.
“L’essentiel ? Ce ne sont peut-être ni les fortes joies du métier, ni ses misères, ni le danger, mais le point de vue auquel ils élèvent”. Un sens à la vie, Saint Exupéry .
Retrouvez le 1er épisode de cette série : Revivez la grande épopée de l’Aéropostale ! (1/6)