“Jamais, peut-être, le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle…”
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Alliance Vita a réalisé une grande enquête, demandant à ses volontaires d’engager la conversation, dans la rue, sur la mort.
Deux milliers de personnes ont répondu à la question : “Qu’est-ce que la mort d’un proche a pu vous apprendre sur la vie ?”. Devant la gravité du sujet, ils ne se sont pas dérobés, mais ont engagé des conversations profondes, avec familiarité. Alors qu’elle est supposée être un sujet tabou, la mort est à la fois l’événement le plus exceptionnel d’une vie et l’expérience la plus ordinaire, la seule qui soit inéluctable !
Dans leur compte rendu, les volontaires témoignent : “Combien de fois avons-nous entendu les passants, que nous avions hésité à interpeller sur un tel sujet, nous remercier en fin de conversation, les yeux brillants !” Le résultat de cette enquête sera publié sous la forme d’un livret, Parlons la mort, de 72 pages avec cinq contributions de personnalités, Tugdual Derville, Christian de Cacqueray, Anne Davigo-Le Brun, Tanguy Chatel et Jacques Ricot.
“Ceux qui vont mourir nous apprennent à vivre”
Les réactions à ce grand micro-trottoir ont été étonnement positives, et plus de la moitié des personnes interrogées ont accepté de poser, en fin d’entretien, avec un cadre résumant leur réponse. Parmi les verbatim recueillis, celui de Pierre : “L’accompagnement de la mort d’un proche m’a fait prendre conscience du prix de la vie et d’en accepter la fin”, ou d’Alain : “Écoutons attentivement et avec amour les derniers mots de ceux qui arrivent au bout du chemin”, expriment l’importance des derniers moments, pour l’entourage.
“Je sers des vivants plus vivants que les autres”
Parmi les cinq contributeurs de l’ouvrage, Christian de Cacqueray dirige le “Service Catholique des Funérailles” du diocèse de Paris. Devant ceux qui s’inquiètent de le voir travailler quotidiennement avec des familles endeuillées, il assure : “Quelle que soit la réalité de leur malheur, ils vivent dans leur peine des moments d’une vérité, d’une intensité sans égales dans le reste de l’existence.” Or, il regrette que le rapport à la mort soit occulté. L’évolution de la médecine ayant gommé la mort naturelle au profit de l’échec médical : “On meurt aujourd’hui parce que la médecine n’a pas su faire autrement.” Il reprend volontiers ces paroles : “Jamais, peut-être, le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle où les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le goût du mystère. Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle.” Mots prononcés par François Mitterrand à la fin de sa vie.
“La mort n’a plus sa place dans la cité”
Un autre contributeur, Tanguy Chatel, voit dans la pauvreté du rapport à la mort de nos sociétés un symptôme de ses ambitions prométhéennes. La mort s’oppose aux rêves de toute puissance, et elle est donc bannie, escamotée. À ses yeux, l’euthanasie est la conséquence logique de cette attitude. Pourtant, insiste Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, nous sommes tous mortels, donc tous frères. C’est pourquoi il a fait le pari de “creuser ensemble ce mot de mort”, en espérant que cela nous rendra un peu plus vivants. Et même plus fraternels.