Avec leur livret sorti le 13 octobre dernier, les évêques tentent de rappeler aux politiques français les vertus de la patience. À lire avant les élections !
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Le 13 octobre dernier, le Conseil permanent de la conférence des évêques de France publiait un court ouvrage intitulé Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique. À quelques mois de l’élection présidentielle de 2017, ces évêques y établissent un bilan de la politique française, à destination de leurs concitoyens français. Celui-ci est sans appel : “Il y a de la tristesse dans notre pays aujourd’hui”. Leur réponse est tout aussi radicale : il ne faut surtout pas perdre espoir.
Ainsi dix chapitres détaillent les axes principaux de leur réflexion : la question du sens, l’éducation, la différence culturelle, la justice… L’individu devenu roi, la difficulté à partager la même identité, la nécessité de poursuivre le projet européen font partie de leurs remarques diverses sur la situation politique actuelle. Les remarques restent générales et modérées, les exemples trop précis étant un risque de se faire étiqueter clairement sur l’échiquier politique.
La permanence de l’Église contre le court-termisme politique
L’intérêt dans ce livre est ailleurs. Il s’agit de replacer l’Église dans la temporalité qui lui correspond : celle du temps long, de l’histoire et de l’avenir. Alors que la politique telle qu’elle est faite aujourd’hui ne s’envisage qu’à court terme — et peine à construire un projet solide et commun pour cette même raison — l’Église rappelle qu’elle a toujours été là et qu’elle compte bien le rester. Les évêques rappellent donc à leurs lecteurs les racines chrétiennes de la France de cette manière :
“Dans notre société, profondément redevable à l’égard de son histoire chrétienne pour des éléments fondamentaux de son héritage, la foi chrétienne coexiste avec une grande diversité de religions et d’attitudes spirituelles. Le danger serait d’oublier ce qui nous a construits, ou à l’inverse, de rêver du retour à un âge d’or imaginaire ou d’aspirer à une Église de purs et à une contre-culture située en dehors du monde, en position de surplomb et de juge”.
Par là est également affirmée la volonté de prendre part au monde des mortels. Eux n’attendront pas le royaume des cieux pour agir.
Dans la même logique, la conférence des évêques de France offre à ses lecteurs un éloge de la patience. Si le règne du tout instantané domine aujourd’hui, eux rappellent les bienfaits de l’attente :
“Il peut y avoir de l’impatience dans un monde de l’immédiateté, en pensant que la seule volonté peut faire bouger rapidement les choses. Il faut accepter que le temps des récoltes ne soit pas celui des semences”.
Ils font ainsi écho à certains versets de la Bible, comme celui-ci, extrait de la lettre de saint Jacques Apôtre (5, 7) :
“Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive”.
Ne pas aller plus vite que la vie elle-même et agir pas à pas, à son échelle, telle est la démarche dans laquelle s’inscrivent ces évêques. Une belle leçon d’humilité pour les hommes politiques d’aujourd’hui.
Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique du Conseil permanent de la conférence des évêques de France. Éditions Bayard, Cerf, Mame. Octobre 2016, 4 euros.