“Réconcilié avec Dieu” in extremis, une messe d’hommage a été dite avant ses obsèques.
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Réalisateur, scénariste, metteur en scène de théâtre polonais, Andrzej Wajda est décédé le 9 octobre 2016 à Varsovie, à l’âge de 90 ans. Le nombre de prix et de distinctions qui ont ponctué sa carrière parle pour son talent, parmi eux une Palme d’Or (pour L’Homme de fer) et un Oscar. Il a accompagné trois générations de spectateurs avec plus de cinquante films à la faveur des prises de conscience et du respect des valeurs, qui lui valent d’être une référence morale.
Très tôt, Andrzej Wajda se positionne dans ses engagements politiques. Il s’enrôle à 16 ans dans la résistance contre l’occupant nazi, puis combat pour la liberté et la démocratie contre les idées soviétiques. Son engagement le plus significatif est pour Solidarnosc (“solidarité” en polonais). Mouvement né en 1980 à l’heure où la Pologne subit le fléau du monopole communiste du pouvoir en place, c’est le nom du premier syndicat créé à l’encontre des règles de contrôle des syndicats, dont Lech Walesa se fit le porte-parole. Ami d’Andrzej Wajda, il lui demanda de s’impliquer dans cette lutte. Le peuple polonais se mobilise alors et obtient le soutien de l’Église catholique, d’autant plus que l’élection de Jean Paul II en 1978 renforce leur enthousiasme pour obtenir gain de cause. L’État n’ayant jamais osé s’attaquer à cette institution, elle permet aux Polonais de constituer une force d’opposition valable. Pourtant, le cinéaste s’éloigne de l’Église…
Le rapprochement final avec Dieu
À cause de son opposition au pouvoir, qu’il a maintenue toute sa vie, aucune reconnaissance nationale n’a été exprimée. L’ancien chef d’État Bronislaw Komorowski l’a d’ailleurs regretté. Mais une messe a été célébrée mardi 18 octobre à l’église des dominicains de Varsovie en hommage à cette figure emblématique du cinéma de combat, précédant ses obsèques prévues mercredi. L’occasion pour le peuple de lui faire ses adieux, pour ses amis d’évoquer sa mémoire et pour le prêtre, à l’initiative de cette messe, de signifier son rapprochement final avec son Créateur. “Tout accent politique a été banni de l’homélie du père Andrzej Luter, proche du mensuel catholique libéral Wiez”, nous rapporte la Tribune de Genève. Le prêtre a indiqué que le cinéaste est parti “réconcilié avec Dieu”, après avoir reçu l’extrême-onction. Cette conversion lui permit sans doute de mettre fin au conflit permanent entre ses aspirations personnelles et son idéal politique.
Ses obsèques ont été célébrées le 19 octobre à Cracovie, en présence du président polonais Andzej Duda, qui n’a pas pris la parole d’après le quotidien belge La Dernière Heure. L’émotion est grande et la foule est nombreuse à lui rendre visite une dernière fois ce jour-là. Le réalisateur Roman Polanski a envoyé une lettre, comme plusieurs autres n’ayant pas pu venir, lue avant la messe des funérailles : “Ton amour de la vérité, de l’authenticité, ton attention portée au moindre détail m’ont fait une grande impression et ensuite j’ai essayé de t’imiter”. Il évoque aussi son admiration pour “son énergie juvénile et son audace, qu’il a gardées jusqu’à la fin”, dont il a été le témoin à travers leur amitié de plus de soixante ans. Seul le président des éditions catholiques, Znak Henryk Wozniakowski, a osé évoquer les positions politiques du cinéaste en déclarant : “Ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer en privé savaient avec quel courage il résistait au poison de l’amertume qu’il ressentait ces temps derniers face à la politique et la vie publique, qui étaient à l’opposé de ses espoirs et de sa vision de la Pologne”.