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Il y a un mois, le lycée français Charles de Gaulle, situé à l’ouest de Damas, ouvrait ses portes pour entamer une nouvelle année scolaire et accueillir de nouveaux élèves avec, en cette rentrée, un nouveau proviseur : André Gilleron.
Enfin de retour, car entre 1993 et 1999, André et son épouse Françoise avaient déjà effectué un long séjour à Damas avec leurs enfants. Lui en tant que professeur de mathématiques et elle comme institutrice. Et voilà qu'en plein chaos syrien, ce couple décide de candidater au poste de proviseur et reprend la route de Damas fin août dernier.
« Une lourde mission, je l’avoue » dit-il sans s'émouvoir, sachant que le lycée Charles de Gaulle est la seule institution française restée ouverte en Syrie à ce jour. « C’était un départ rendu plus difficile du fait de l’inquiétude de mes enfants et de ma famille » poursuit-il. « Les seules et uniques images qu’ils avaient du pays provenaient des médias, de la télé. Mais quelle ne fut pas notre surprise en débarquant ! Nous avons retrouvé nos amis, nos anciens collègues et les enfants de nos anciens élèves ! Pas le moindre dépaysement. Au contraire, nous avons ressenti la chaleur de la ville telle que nous l'avions laissée il y a 17 ans ».
Le seul changement de taille concernait les locaux, car le nouveau lycée avait été inauguré en septembre 2008 par le président d'alors, Nicolas Sarkozy. Une agréable surprise en prime : contrairement aux prédictions, de nouveaux élèves ont intégré le lycée cette année. « Nous sommes passés de 250 à 320. Tous les nouveaux élèves sont Syriens mais arrivés du Liban.
"En dépit de l’inflation, du prix de la vie et des frais de scolarité élevés, tout reste ici beaucoup moins cher que dans les pays avoisinants. "En cette rentrée scolaire, nous avons proposé aux élèves présents tous les équipements nécessaires au bon fonctionnement des laboratoires, de la salle informatique, ou des activités sportives et musicales dans le cadre périscolaire" affirme André Gilleron.
En effet, le personnel est au complet : on y trouve des Syriens, des Franco-syriens et des Franco-français, qui ont choisi de rester et n’envisagent nullement de partir ailleurs. Survivra-t-il longtemps, ce lycée ? "Oui, tant que nous pourrons compter sur les subventions de nos parlementaires français ! Car seuls, nous ne pourrions pas continuer" explique le proviseur.
Des terroristes de différentes fractions ont saccagé nos locaux
À quelques kilomètres de là, de l’autre coté de la ville, dans l'est de Damas, nous sommes partis à la rencontre des Sœurs de Besançon qui, elles aussi, en dépit de toutes les difficultés qu'elles rencontrent, essayent d’assurer une scolarité honorable à leurs 1 200 élèves et des conditions d'enseignements normales aux 156 professeurs et encadrants.
« Chaque année, nous avons de nouveaux inscrits et nous manquons de place » explique Sœur Fida. « Le Patriarcat nous loge chez lui depuis 2012, date à la quelle des terroristes de différentes fractions ont détruit, saccagé et brulé nos locaux. Des locaux qui s’étendaient sur des kilomètres et des kilomètres dans la banlieue de Damas. Alors, pour nous dépanner, on nous a construit rapidement des classes préfabriquées et, cet été, nous avons pu récupérer une ancestrale maison arabe où 200 élèves de maternelle seront accueillis dans un mois. Vous voyez, on perd jamais ni l'espoir, ni la foi ! »
En guise d'anges gardiens, de même que le lycée français, l’école de Besançon peut compter sur l'aide de l’Aide Église en Détresse (AED), et de sa branche italienne. L'ONG rend possible la pérennité du sacerdoce exemplaire des sœurs et de nos professeurs du lycée français. Pour tous ces enseignants, la devise est la même : il faut garder scolarisés un maximum d’élèves. Quelle que soit leur religion, leur situation sociale ou financière, ils ont tous droit à l’éducation pour demeurer partie intégrante de la société syrienne, actuelle ou à venir.
"L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde" disait Nelson Mandela...