Un prêtre nous parle du camp Optimum et de ce qu’il a changé dans sa vie.
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Le père Francis Manoukian est membre de la communauté de l’Emmanuel. Il nous fait part de son témoignage sur le Camp Optimum, une retraite faite pour les hommes sur le thème de la vocation masculine.
Aleteia : Comment avez-vous connu le camp Optimum ?
Père Francis Manoukian : Je connais bien les organisateurs et je savais que ce camp faisait des merveilles.
Vous avez participé au camp en tant qu’homme, qu’est-ce qui vous a uni aux autres hommes dans cette expérience ?
Ce qui m’a uni, c’est que j’étais comme eux ! Comme eux, on ne m’a jamais parlé de masculinité pendant toute mon enfance, comme eux, on ne m’a jamais parlé de la vocation masculine ni de la vocation propre de l’homme. Comme prêtre et comme éducateur de jeunes, j’ai dû me former moi-même, et j’ai même écrit un petit livre sur les étapes de la vie humaine. Mais dans le camp Optimum, il y a une manière simple et directe d’en parler simplement. Pas de grande théorie philosophique ou psychologique : place à l’expérience ! Et ce qui me touche, c’est que tout le monde reconnaît à travers les mots qui sont prononcés, une expérience propre qui sommeille… notre masculinité “sous le boisseau”.
En tant que prêtre, vous avez reçu en confession les participants, qu’avez-vous observé, ressenti, entendu de plus frappant par rapport à l’impact du camp sur les hommes ?
Ce qui m’a frappé, c’est que le fait de parler de la masculinité parle au cœur. Quand l’homme sait qu’il peut être fort, c’est là qu’il s’autorise aussi à être vulnérable. C’est là qu’il découvre son cœur d’homme. Il apprend qu’être “bon”, ce n’est pas être “gentil”. On dit le “bon Dieu” pas le “gentil Dieu”. La bonté du pasteur révèle sa douceur et son humilité qui est aussi force et exigence. La gentillesse évoquerait plutôt la peur et le monde consensuel, en un mot : la lâcheté.
En quoi l’aspect spirituel d’Optimum apporte un plus dans ce camp consacré et adapté aux hommes ?
“Voici l’homme”. Ainsi était désigné Jésus par Pilate au moment même de sa Passion. Défiguré, meurtri, bafoué, Jésus est en même temps celui qui a revêtu l’homme dans sa faiblesse, sa souffrance, et en même temps celui qui va relever et révéler un homme nouveau, transfiguré, éternel.
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Le Christ est un homme mature parce qu’il a un père et que sa relation au Père est pleine d’amour et de puissance. Le secret de la fécondité de Jésus et de sa force devant sa mission, c’est ce lien mystérieux qui l’unit au Père. Ce lien nous l’avons aujourd’hui, nous aussi, par le baptême. Ainsi, on ne peut pas réfléchir jusqu’au bout à la masculinité, sans la comparer à celle du Christ offert pour son épouse qui est l’Église.
L’approche d’Optimum est-elle accessible à un homme qui n’a pas la foi, et est-ce une approche universelle de l’homme ?
Oui, si tant est que tout homme a une âme et une masculinité, il a une âme masculine ! Maintenant, qu’il ait la foi ou pas ne l’empêche pas de se percevoir comme homme avec une certaine vocation.
Quels sont les changements que vous avez observés dans votre vie après le camp ?
J’avais déjà bien étudié l’auteur originel qui a donné naissance à ce parcours (Indomptable, de John Eldredge, éditions Farel, 2005) mais c’est en faisant le camp que j’ai pu découvrir la notion communautaire de la masculinité. Je ne suis pas un homme tout seul. Ma masculinité n’est pas indépendante de celle de mon père et de ceux qui ont joué ce rôle dans ma vie. Nous avons besoin de pères pour le devenir. De la même manière, on a besoin de se retrouver entre hommes pour le devenir toujours plus. Il est remarquable que ceux qui ont eu recours à des projets entre hommes (scoutisme, club de rugby, groupes sportifs, engagement militaire, etc.) ont plus de facilité à se poser comme homme et à fonder une famille.
Les conférences Optimum et l’accent mis sur la masculinité de Dieu ont-ils changé votre vision de Dieu, ou de la place réservée à l’homme dans l’Église ?
J’avais bien réfléchi avant sur cette place et ce n’est pas sur Dieu que ma vision a changé. C’est surtout sur la place de l’homme dans l’Église que ma vision a pu, non pas changer, mais évoluer plus vite. Ma manière d’être prêtre m’oblige à non pas me poser comme un père qui empêche de grandir, mais qui fait grandir. Le prêtre ne prend pas l’unique place de l’Église (celle qu’il faut se disputer) mais il aide chaque personne à prendre sa place. Et il y a autant de places qu’il y a d’hommes.
Qu’avez-vous découvert ou redécouvert de votre masculinité pendant ce camp ?
Elle est donnée par Dieu et non par le regard des hommes. Elle est un talent qu’il faut faire grandir. C’est parce que je reçois une mission propre dans la masculinité, que je peux m’en emparer et porter du fruit. La masculinité ne se mesure pas par le nombre d’exploits à faire, mais dans la manière dont nous engageons notre âme. Beaucoup de héros ont été fragiles au départ, mais ils ont su répondre à un appel plus grand qu’eux, et ils sont devenus… plus grands.
Cela a-t-il modifié votre manière d’être prêtre ?
Il faut le demander à ceux qui m’entourent.
Propos recueillis par Louise Alméras.