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Nigeria : elle s’évade des geôles de Boko Haram

In this photo taken on September 15, 2016 women and children queue to enter one of the Unicef nutrition clinics at the Muna makeshift camp which houses more than 16,000 IDPs (internaly displaced people) on the outskirts of Maiduguri, Borno State, northeastern Nigeria. Aid agencies have long warned about the risk of food shortages in northeast Nigeria because of the conflict, which has killed at least 20,000 since 2009 and left more than 2.6 million homeless. In July, the United Nations said nearly 250,000 children under five could suffer from severe acute malnutrition this year in Borno state alone and one in five -- some 50,000 -- could die. / AFP PHOTO / STEFAN HEUNIS

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AED - published on 12/10/16
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Début septembre, Rebecca s’est échappée après 24 mois de captivité et de traitements inhumains.Rebecca rentre après 24 mois de captivité, accompagné de ses deux fils dont l’un est issu d’un viol. Pour l’AED (Aide à l’Église en Détresse), Rebecca raconte son calvaire au père Gideon Obasogie, prêtre du diocèse de Maiduguri Au Nigeria.

Janvier 2015, les milices de Boko Haram attaquent la ville de Baga. Bitrus Zachariah, son épouse Rebecca et leurs fils – Zachariah, 3 ans et Jonathan, 1 an –  quittent leur maison dans la plus grande confusion. Rebecca est enceinte. Elle ne peut courir. Elle supplie alors son mari de se sauver, en laissant les enfants : il ne parviendrait pas à s’échapper avec eux. […] “Quand les hommes de Boko Haram sont venus vers moi, ils m’ont menacée en disant : ‘si seulement nous avions tué ton mari, nous aurions reçu la récompense d’Allah… du coup, toi et tes enfants, vous allez travailler pour Allah’. Puis ils m’ont cassé les dents en me frappant avec un pistolet”. Rebecca revient sur son cauchemar.

Vendue au plus offrant

Après avoir tué tous les hommes qu’ils ont attrapés, les terroristes traversent le lac Tchad. Un enfer. Six jours avec de l’eau jusqu’au cou et des croquettes chin chin [apéritif africain, ndlr] pour seule nourriture. “Après 53 jours à Kwalleram, ils nous emmènent à Gurva, au Tchad, de peur que je ne m’échappe. 2000 combattants de Boko Haram y résident. Nous restons 70 jours à travailler aux cultures et à couper du bois de chauffage. À Tilma, je suis vendue à un homme appelé Bage Guduma. Commencent 55 jours d’horreur. La plupart des nuits, il veut me toucher mais je refuse et m’enduis le corps des excréments de mes enfants pour le tenir à distance. […] Ses garçons me battent. Chaque jour, je reçois 98 coups de fouet. Je perds le bébé que j’attends mais Boko Haram me prend aussi mon deuxième fils, Jonathan : jeté vivant dans le lac Tcha, il se noie.”

Maiduguri - Populations déplacées
@ AED

“Malla est le deuxième homme que les terroristes m’amènent. Comme je résiste encore, ils me jettent dans une fosse profonde, sans eau ni nourriture pendant deux jours. Quand j’en sors, Malla me brutalise et je tombe enceinte. Je tente alors d’absorber tous les comprimés que je trouve pour arrêter la grossesse, mais ça ne donne rien. Puis, je rencontre une femme enlevée à Gwoza, épouse d’un pasteur, maman de deux enfants issus de viols. Elle me supplie de tenir bon.”

“J’accouche seule, sans aucun soin médical, et coupe le placenta moi-même. Boko Haram appelle mon fils Ibrahim. Malla est en déplacement… Mes geôliers ont déjà promis de me vendre à un autre homme.”

Fuir

Au quotidien, les prisonniers doivent prier de 7 à 10 heures du matin, de 12 à 14 heures et de 16 à 18 heures. Les quelques chrétiens qui refusent sont tués, des petites filles de 8-9 ans , violées à mort. Rebecca pense à la fuite depuis longtemps, mais sans espoir. Elle assiste notamment la tentative avortée de Benjamin, cet homme igbo intercepté alors qu’il s’échappe. Les tortionnaires lui brisent les jambes et le laissent dans d’atroces souffrances.

Mgr Oliver Dashe Doeme
@ AED

Un jour, alors que la plupart des combattants de Boko Haram sont en déplacement, Rebecca obtient d’une femme –  probablement l’épouse d’un commandant de Boko Haram – la permission d’aller rendre visite à une amie, dans une autre zone sous contrôle de la secte islamiste. Elle part aussitôt avec ses fils et marche pendant six jours en direction de la frontière nigériane. Pendant le voyage, les privations d’eau et de nourriture manquent d’emporter l’un de ses enfants. Ils ne savent pas où ils vont. La situation est critique. Arrivés à Diffa, au Niger, ils rencontrent des militaires américains et nigériens qui soignent son fils, leur donnent de quoi manger et les amènent à Damaturu, au Nigeria. “Des soldats nigérians nous ont  alors directement conduits à Maiduguri”, là où se trouve son mari, rongé par les problèmes cardiaques et qui ne sait plus où chercher sa femme.

Bitrus et sa famille vivent aujourd’hui dans le diocèse catholique de Maiduguri, dans un camp de déplacés, au milieu de 500 personnes chassées de leurs maisons elles-aussi. Mgr Oliver Dashe Doeme prend soin d’eux, entre prières, soutien financier et aide alimentaire d’urgence mais Rebecca a besoin de soins médicaux complets et d’un logement.

En 2015, l’AED finance des projets au Nigeria à hauteur de plus d’un million et demi d’euros. Depuis 2014, l’association met également en place une aide d’urgence pour les réfugiés, victimes de Boko Haram au Cameroun et au Nigeria, diocèse de Maidiguri compris.

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