Un magnifique témoignage de pardon du père Simon Baron.
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Il aurait pu devenir un écorché vif, un révolté, un destructeur reportant sur d’autres la violence d’une enfance saccagée. Il est aujourd’hui, à 50 ans, un homme donné à son sacerdoce, pleinement apaisé et capable de regarder son passé avec sérénité. Mais le père Simon Baron veut faire davantage en cette année de la Miséricorde : témoigner du miracle de l’amour de Dieu dans sa propre vie. “J’ai vécu beaucoup de souffrances, dit-il, mais elles ne sont rien à côté des merveilles dont le Seigneur m’a comblé.” Tant il est vrai que Dieu “fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment” (Rom 8,28) rappelle Mgr Centène, évêque de Vannes, dans la préface de ce petit livre – une interview qui se lit d’une traite comme on inspire une grande bouffée d’oxygène.
Une famille d’handicapés de la tendresse
Ce demi-siècle de vie se déroule presqu’exclusivement en Bretagne, dans le Morbihan. Le père, marin pêcheur, gagne péniblement de quoi nourrir sa famille de quatre enfants – Simon est le cadet, de loin “le petit dernier”. Au retour du père, après une quinzaine de jours en mer, c’est un vent de violence alcoolisée qui souffle dans la maison. La mère, fille de marin, ignore la tendresse ou du moins ne sait pas la prodiguer. S’il lui échappe parfois quelque confidence sur sa propre enfance, on n’est pas loin de Cosette chez les Thénardier. Elle sera toute sa vie une handicapée de la tendresse. Simon, le petit dernier, en fait particulièrement les frais : pas de mauvais traitements mais une indifférence glaçante. Une anecdote en dit long : le seul souvenir d’enfant que le père Baron garde d’un geste de tendresse de sa mère est une simple et unique caresse dans les cheveux. Adolescent, il tentera un jour d’en finir en avalant tous les médicaments de sa grand-mère : coma, hôpital, lavage d’estomac…
Des prières dans des bouteilles à la mer
Simon trouve refuge dans la prière et le spectacle de la mer. “Quand il y avait trop de souffrance, confie-t-il, je prenais ma mobylette et allais, par tous les temps, à la Barre d’Étel. J’avais l’impression, alors, d’atteindre quelque chose de Dieu, de toucher l’Éternel (…) Je mettais des prières dans une bouteille que je jetais à la mer : Dieu allait, sûrement, m’entendre ! Et il m’a entendu.”
Les religieuses qui tenaient l’école paroissiale primaire avaient perçu sa souffrance et lui avaient prodigué un peu de ces marques d’amour qui lui manquaient cruellement à la maison, favorisant la germination de la foi. Quoiqu’apparemment déconnectée de la charité, la pratique religieuse était en effet une donnée de base, incontestée, dans cette famille bretonne. Mais c’est en assistant à la messe du père Adam, curé de la paroisse, puis en devenant grâce à lui servant d’autel, que Simon Baron est entré dans la “grande aventure” qui devait l’amener, vingt ans plus tard, au sacerdoce.
Un prêtre exemplaire nommé Adam
C’est ici que commence vraiment l’histoire dont témoigne le père Baron : la figure exemplaire du père Adam, un humble curé de paroisse exerçant discrètement mais d’autant plus profondément cette paternité spirituelle bien plus forte que celle de la chair, a permis au jeune Simon de cheminer en toute liberté en le rendant capable de répondre à l’appel de Dieu. Le prêtre avait accueilli l’enfant, se tenant à son écoute sans jamais forcer la confidence, il l’avait souvent nourri au presbytère, il l’avait emmené à Lourdes avec le pèlerinage des enfants de chœur, une expérience très forte (“J’ai touché du doigt l’Église universelle”) pendant laquelle le jeune Simon ressentit pour la première fois l’appel intérieur.
Comme s’il avait accompli l’essentiel de sa mission, ce passeur mourut alors que Simon s’apprêtait à entrer au séminaire de Vannes. “Il m’a tout donné (…) Il m’a sauvé ! Il a donné du goût et du sens à ma vie en s’effaçant toujours pour ne pas faire d’ombre à la véritable lumière qui est Jésus” témoigne le père Baron. En l’ouvrant au sacerdoce, ce prêtre lui a donné en même temps la clé qui allait le délivrer au bout d’un long chemin de guérison intérieure : “Le père Adam m’a fait comprendre que cette soif d’être aimé ne pourrait être comblée qu’en me donnant aux autres.” Aujourd’hui, le curé de la Roche-Bernard, qui a pu conserver pour son propre usage l’humble bureau du père Adam, lui dédie ce beau témoignage de délivrance, ainsi qu’à tous les “blessés de la vie” dont il se sent si proche, sans oublier ses parents avec lesquels il peut dire en toute vérité qu’il est pleinement réconcilié.
NB : Le père Baron a voulu que ses droits d’auteur soient intégralement reversés aux Communautés du Cénacle créées par une religieuse italienne avec pour mission d’accueillir et de sauver par la “christothérapie” des jeunes devenus esclaves de la drogue.
De la souffrance à l’amour, entretien de Simon Baron avec Jean-Michel Houssay, Editions Le Livre Ouvert, 112 pages, 11,90 euros.