On aura ferraillé dur sur deux sujets récurrents cette semaine : la théorie du genre dans les manuels scolaires et le « sauvetage » d’Alstom par la commande étatique de TGV pour une ligne Intercités.
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Coucou, revoilà la théorie du genre ! Elle a occupé une bonne part de l’actualité de la semaine après la remarque du pape François dénonçant, dimanche 2 octobre, la « colonisation idéologique » que cette théorie exerce dans le monde entier, et notamment en France via des manuels scolaires qui propagent son endoctrinement, rapporte Radio Vatican .
Au micro de France Inter, le 3 octobre, Najat Vallaud-Belkacem a qualifié de « légères et infondées » les paroles du pape François qui l’auraient « peinée » et mise « très en colère » tout en assurant qu’il n’y avait pas de « théorie du genre – qui d’ailleurs n’existe pas – dans ces livres ».
« L’endoctrinement se fait sournoisement »
« Najat Vallaud-Belkacem sait parfaitement que les postulats du genre sont enseignés dans les établissements scolaires » rétorque dans Le Figaro Bérénice Levet, docteur en philosophie, professeur de philosophie au Centre Sèvres et auteur de La théorie du genre ou le monde rêvé des anges (Grasset, 2014). Najat Vallaud-Belkacem, ajoute Bérénice Levet, « aurait même pu se défausser en incriminant son prédécesseur Luc Chatel » [C’est en 2011, sous le ministère Chatel, que les manuels scolaires de Sciences & Vie de la Terre ont introduit des éléments de la théorie du genre. NDA]
Pour Bérénice Levet, pas de doute : « Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre (…) Le Pape a raison de dire que l’endoctrinement se fait sournoisement, car le genre avance toujours masqué: c’est au nom de l’égalité, du respect des différences, que s’opère la déconstruction du masculin et du féminin. » De fait, en 2012, Najat Vallaud-Belkacem affirmait clairement ses intentions : « Il faut profiter de cette porte entr’ouverte [à l’école par le débat sur l’égalité entre filles et garçons] pour y glisser (sic) les questions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ».
Dans sa chronique de France Catholique diffusée le 5 octobre sur Radio Notre-Dame, Gérard Leclerc voit dans le retour de cette polémique « au moins un avantage : celui de désigner un sujet essentiel, anthropologique, sur lequel il faut absolument se déterminer. Les enjeux sont trop graves. (…) Il faudrait prendre le temps nécessaire (…) pour constater (…) qu’il dépend de toute une conception philosophique, qui dévalorise la différence sexuelle à l’aune d’un naturalisme rudimentaire. »
Alors que Najat Vallaud-Belkacem a une nouvelle fois nié son existence, « le concept de genre existe bel et bien, rappelle sur son blog le philosophe (professeur, normalien) François-Xavier Bellamy. Apparu dans la littérature universitaire il y a une quarantaine d’années, il s’est déployé dans des directions variées, au point qu’il est aujourd’hui utilisé dans des champs aussi éloignés que la sociologie, la littérature, l’économie ou les politiques publiques.
Quel est le sens de ce concept ? Il sert à ceux qui l’emploient de critère d’interprétation pour décrypter la vie sociale et les relations humaines, à partir d’une idée essentielle : les différences entre hommes et femmes ne sont pas liées à une altérité naturelle, mais produites par une construction culturelle, tout entière organisée pour consolider la domination d’un sexe par l’autre.
Ainsi explicité, le concept de genre recouvre bien une certaine vision du monde – c’est-à-dire, au sens étymologique du terme, une théorie. »
Dans tous les manuels d’éducation civique
Trouve-t-on, oui ou non, des succédanés de la théorie du genre dans des manuels scolaires ? Sur son site, Vincent Badré , professeur d’histoire-géographie au lycée Stanislas de Paris, auteur de L’histoire politisée ? réformes et conséquences (Éditions du Rocher, 2016), fait le point sur l’ensemble des manuels de 6ème et 5ème publiés par les principaux éditeurs scolaires (Belin, Bordas, Hachette, Hatier, Lelivrescolaire.fr, Nathan, Magnard) : rien dans les manuels d’histoire (« Ni études de genre ni théorie du genre ou idéologie du genre »), mais « omniprésence » dans les manuels d’éducation civique avec une « présence systématique d’une inversion des modèles « traditionnels » du masculin et du féminin. » « L’objectif d’égalité est associé à celui de lutte contre les stéréotypes culturels attribuant certains rôles aux hommes ou aux femmes (études et théorie du genre) (…) Tous les manuels étudiés ont choisi de ne présenter que des exemples de modèles d’homme ou de femme inverses des représentations habituelles. »
Parmi les nombreux indices corroborant l’existence d’ une « théorie du genre », il existe, en France, un « Institut du genre » dont l’un des membres, la juriste Martine le Friant, présidente de l’Association française du droit du travail, vient d’être nommée cette semaine membre du Comité Consultatif National d’Ethique dont le renouvellement se fait « sous haute tension », relève Le Figaro.
Le suicide des jumeaux David et Brian
À l’origine des « études de genre » (de l’anglais « gender studies »), on trouve l’universitaire américaine Judith Butler mais aussi, avant elle, le sexologue et psychologue néo-zélandais, John Money, que Le Point qualifie de « gourou ». Celui-ci n’a pas seulement manié la plume mais le bistouri ! Pour le plus grand malheur des jumeaux Reimer, deux garçons David et Brian, dont le premier subit en 1966 un traitement hormonal suivi de l’ablation des testicules pour être transformé en fille, et fut éduqué comme telle par ses parents sous la direction du « gourou » auquel cette expérience inspira un livre, “Man – Woman, Boy – Girl” dans lequel « il affirme que seule l’éducation fait des humains des sujets masculins ou féminins. La “théorie du genre” est née. » L’issue fut catastrophique : « En 2002, Brian se suicide. Le 5 mai 2004, David fait de même. (…) Il est rarement mis en avant par les disciples des études de genre de quel drame humain et de quelle supercherie scientifique le père du genre, John Money, se rendit responsable » conclut Le Point.
Alstom et la SNCF : très chers TGV…
L’autre grand débat de la semaine a porté sur le « sauvetage » du site Alstom de Belfort annoncé mardi 4 octobre, par le secrétaire d’État à l’industrie. Le gouvernement a en effet décidé d’injecter plus de 730 millions d’euros de commandes publiques de matériel ferroviaire pour conserver l’activité industrielle. « Un sauvetage tarabiscoté » selon Le Parisien qui souligne le contraste entre « Alstom qui rit, la SNCF qui fait grise mine ». En effet, « comme le site de Belfort est spécialisé dans la conception de motrices TGV, le gouvernement a promis que l’État achèterait, avec de l’argent public, quinze doubles rames TGV pour 450 millions d’euros. Sauf que la compagnie n’en a pas besoin. Le gouvernement a donc indiqué que ces trains circuleraient sur la ligne Intercités entre Bordeaux et Marseille, le temps que soit construite la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. Une solution baroque, d’autant qu’un TGV coûte 10 millions d’euros de plus qu’un train ordinaire, soit un surcoût de 150 millions d’euros. »
Ce plan de sauvetage présente quatre faiblesses majeures, selon Le Monde : « 1. Des trains surdimensionnés (…) pour une ligne Intercités» pour lesquels « l’État va dépenser (…) deux fois plus cher qu’une rame classique d’Intercités. Les TGV consomment aussi davantage d’électricité et leur exploitation coûte 30 % de plus. » « 2. Des emplois sauvés au prix fort (…) Au total, le plan est estimé aux alentours de 770 millions d’euros. Même avec une estimation large de 1 500 emplois directs pérennisés, on arrive à un ratio de plus de 500 000 euros d’argent public investi pour chaque poste conservé » et cela, alors « qu’Alstom n’avait pas prévu de détruire ces emplois par des licenciements mais de les transférer à Reichshoffen, en Alsace. » « 3. Une commande juridiquement risquée : (…) Bruxelles pourrait considérer que la commande de TGV pour un réseau Intercités n’est pas logique et constitue une aide déguisée de l’Etat à l’entreprise Alstom. » 4. « Un interventionnisme qui ne peut pas tout » comme le montrent les précédents de PSA (usine d’Aulnay-sous-Bois, fermée en décembre 2013 et des hauts-fourneaux d’ArcelorMittal à Florange. « De droite comme de gauche, le pouvoir politique n’a pas assez d’influence pour enrayer la dégradation de l’emploi industriel, qui est constante depuis trente ans. » conclut Le Monde.
Ajoutons que cet achat de TGV-Intercités n’est pas de nature à rendre les contribuables euphoriques…