Jean-Pierre Ramette nous parle avec émotion de cet écrin de verdure dans son dernier ouvrage.
Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.
*don déductible de l’impôt sur le revenu
Pourquoi vous inviter à faire la connaissance d’Eth, petit village de l’Avesnois, tout au sommet de la France, à deux pas de la frontière belge ? Pour trois raisons, belles et bonnes. Elles partent du principe suivant : tout le monde ne peut pas être, ou avoir été, enfant d’un village. Cela devient même rare. Or c’est un manque absolu. Alors il faut adopter un village et s’en faire adopter. Et voici que le village d’Eth fait parfaitement l’affaire.
Eth, un véritable écrin de verdure
D’abord le village est beau en son écrin de verdure, et il a tout ce qui fait un village : quelques maisons fleuries autour d’une église au fin clocher, un château de briques à coins de pierres, les bâtiments communs. D’un seul tenant, mairie, école, logement de l’instituteur, le monument aux morts, des rues et des chemins aux noms venus du fond des âges, une rivière qui n’est qu’un ruisseau mais s’offre un pont – et tout cela naturel, comme le marbre bleu de l’Avesnois, fait par l’histoire et le travail des hommes, et non point apprêté pour le tourisme et la carte postale. Naturel et vrai, amoureusement “tenu”.
Or, deuxième raison, ce village a vu se poser sur lui “un certain regard” : celui de l’auteur, qui fut son maire de 1990 à 2014, qui le connaît mieux que personne et qui l’a transporté dans un livre. Non pas à lui seul : photographes et peintres ont fourni leur part, ordonnant ainsi l’album, image à droite, texte à gauche.
Un texte poétique
La troisième raison tient au pouvoir de la littérature. Qu’il décrive, commente, raconte, à chaque fois le texte tourne au poème en prose (et parfois en vers). Professeur de lettres classiques en khâgne au lycée Faidherbe de Lille, Jean-Pierre Ramette nous offre ici la fine fleur d’une immense culture. Il a invité à Eth une cinquantaine d’écrivains (la plupart français, de Du Bellay et Ronsard à Philippe Jaccottet, mais aussi des étrangers, et des voisins, Verhaeren, habitué d’Eth, et le poète mineur, le cher Jules Mousseron), et il est manifeste qu’ils se sentent bien à Eth, on le sent à leurs citations, admirablement adaptées, qui du certain regard ouvrent sur le songe.
C’est un bonheur. Et puis, il faut le dire, ce village n’est pas sans âme. Depuis la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce-et- des-Petits-Enfants, qui date de 1713, si élégamment sauvée de la ruine que sa restauration a obtenu un prix national (mars 2000), tout conduit nos pas à l’église, dont l’auteur explique lui-même, pierre à pierre, le retour à sa beauté originelle, présentant chaque saint devant sa statue, Denis, patron de l’église, Roch, Eloi, Hubert, Jeanne d’Arc, Antoine de Padoue, sainte Thérèse. Et c’est à chaque fois un poème et une prière. J’achève sur le curé d’Ars. J.-P. Ramette cite quelques pensées du saint curé et il commente : “De la jeunesse du curé d’Ars, il est courant de retenir la difficulté qu’il eut à apprendre le latin… mais il pensait à la même profondeur que Pascal !”
Eth un certain regard, par Jean-Pierre Ramette, Mineur, 200 pages, 32 euros.