Mais ça, c’était avant de devenir père.
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Nous avons tous été enfant, et avons entendu nos parents dire des choses qui nous ont rendus fous. Nous nous étions promis de ne jamais dire de choses aussi ridicules à nos futurs enfants.
Puis nous avons grandi.
Je me suis trouvé dans les mêmes situations que mes parents, et malgré toutes mes bonnes intentions, je dois admettre que j’ai eu recours aux mêmes réprimandes agaçantes auprès de mes enfants. Mais maintenant, ces gronderies me paraissent être de sages paroles.
Je leur ai dit de nombreuses choses que je regrette. Voici les 5 phrases qui me font le plus grimacer :
1. “Si tu ne t’arrêtes pas tout de suite, je te laisse au bord de la route !”
Lors d’un récent voyage en voiture, j’ai lancé à mon fils : “Si tu ne t’arrêtes pas tout de suite, je vais te laisser sur le bord de la route !”.
Bien sûr, je n’allais pas me garer, et encore moins le laisser sur le bas-côté, et il le savait très bien. Néanmoins, être enfermé dans un monospace avec trois enfants pendant huit heures… cela peut vraiment vous mettre à bout de nerfs. Vous ne pouvez pas leur donner un nombre illimité de casse-croûte, ni écouter en boucle “Un éléphant qui se balançait” : les menaces finiront par tomber, c’est inéluctable.
2. “Jésus est mort pour toi, tu dois aller à la messe !”
J’étais enfant de chœur quand j’étais petit, et je n’ai jamais raté une seule messe jusqu’à ce que je rentre à la fac. Puis, quelques années plus tard, j’y suis retourné et j’ai obtenu des réponses à mes questions. Je me suis promis de fournir des explications adéquates à mes enfants quant à la vie catholique. Mes explications seraient claires, concises, et leur feraient comprendre la foi.
Ainsi, quand mes trois enfants ont refusé de mettre leurs chaussures parce que “la messe, c’est ennuyeux !”, je leur ai expliqué les belles vérités de l’Eucharistie, joliment adaptées à un enfant de 4 ans. J’ai fini par lancer : “Je me fiche de savoir que tu trouves la messe ennuyeuse, il faut y aller, et c’est tout !”.
Seul le temps dira si cette approche est efficace. J’ai de sérieux doutes.
3. “C’est pour ton bien !”
Quand j’étais petit, j’étais sûr que mes parents n’établissaient des règles que pour avoir de l’autorité sur moi. Mon fils de 6 ans en est aujourd’hui convaincu. L’autre jour, il a répondu à une simple demande en déclarant : “Vous me traitez vraiment comme un esclave !”.
Mais ce n’est pas le cas. Il est tout à fait raisonnable de dire à nos enfants de ne pas crier à la bibliothèque, ou de ne pas mettre les poules sur la table parce que c’est là où les gens mangent. Mais je me retrouve, comme le faisaient mes parents, à couper court à la dispute sans grande explication.
4. “Tu ne peux pas sortir habillé comme ça !”
Combien de fois mon style des années 1990 a poussé ma mère à me dire : “Tu ne peux pas sortir habillé comme ça” ? Adolescent, je me suis promis de laisser mes enfants s’exprimer au travers de leurs choix vestimentaires, et de ne leur imposer aucune limite.
Mais bien sûr.
En tant que père, je renvoie toujours mes enfants dans leur chambre pour qu’ils soient moins débraillés. Ils peuvent essayer d’avoir l’air cool en mettant des chaussettes avec des sandales, ou un costume intégral de Spiderman (avec le masque), mais sûrement pas sortir ainsi dans la rue.
5. “Finis ton assiette ! Il y a des enfants pauvres qui aimeraient bien manger des épinards !”
Je m’en souviens comme si c’était hier : mon assiette était complètement vide, hormis une cuillère de flageolets. La table était déjà débarrassée et mes parents étaient dans le salon. Ils m’ont dit que je ne pouvais sortir de table que si je finissais mon assiette.
Cela a pris une heure. Le traumatisme infligé était tel que je m’en souviens parfaitement, plusieurs décennies plus tard, et que je ne peux plus m’approcher de ces légumes tant redoutés. J’ai alors fulminé que mes enfants pourraient manger ce qui leur plairait, et refuser poliment ce qu’ils n’aimeraient pas.
Et me voici, aujourd’hui, élevant mes enfants qui refusent de manger des pâtes “parce qu’il y a de la sauce” ou un sandwich “parce que le jambon touche le beurre”. J’offre alors deux options à leur palais raffiné : c’est à prendre ou à laisser.
Et oui, je leur ai bien rappelé que des millions d’enfants sur terre mangeraient avec joie ce sandwich. Même si le pain est dur.
Non, je ne suis pas fidèle à mes propres promesses. Mais je ne m’en excuse pas. Un jour, mes enfants seront les parents de mes petits-enfants, et leur rétorqueront alors : “Parce que c’est comme ça, voilà pourquoi !”.
Et je ne m’en soucierai pas. Je serai le grand-père qui donnera le sandwich ouvert, sans coller le jambon au beurre, et qui leur montrera comment discrètement refiler les flageolets au chien, sous la table.