Tout comme l’amour, la foi est avant tout un choix.
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Donne-moi ton cœur, mon fils ; que tes yeux suivent mes pas ! (Pr 23, 26)
Que votre amour soit sans hypocrisie. Fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien. Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit, servez le Seigneur, ayez la joie de l’espérance, tenez bon dans l’épreuve, soyez assidus à la prière. (Rm 12, 9-12)
Le premier verset biblique qui provoqua un réel écho en moi fut celui-ci : “Aussi, puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche”. (Ap 3, 16)
J’avais 15 ans et je ressentais tout de manière passionnée – tout, sauf Jésus. Étant donné que me rendre à la messe ne me faisait ni chaud ni froid et que je préférais nettement regarder la télé à réciter un chapelet, j’étais convaincue d’être “tiède”. J’ai alors prié sans relâche pour que je devienne une passionnée du Seigneur : je voulais ressentir des émotions fortes.
La foi n’est pas une affaire de sentiments
Ce que je n’avais pas encore compris à l’époque, c’est que la foi n’est pas une affaire de sentiments. Tout comme l’amour, la foi est un choix. Vivre je ne sais combien de temps forts ou de retraites ne fera pas de vous un saint au même titre qu’enchaîner les vacances romantiques en tête à tête ne vous épargnera pas les problèmes de couple. Parce que les sentiments finissent par diminuer, quoiqu’on fasse pour les entretenir. Ce qui reste, c’est la volonté de vivre pour l’être aimé (ou l’Être aimé) quels que soient les sentiments du moment.
L’écrivain C.S. Lewis l’a bien formulé : “Or la foi est l’art de s’accrocher aux certitudes que votre raison a acceptées une fois pour toutes, en dépit de vos variations d’humeur”. Ce n’est donc pas l’art de changer d’humeur ou d’émotions, mais plutôt celui de refuser que notre humeur du moment nous définisse.
Donner tout notre être
Donc quand le Seigneur s’élève contre les chrétiens tièdes, ce n’est pas parce qu’il souhaite que nous ressentions des sentiments plus forts. Il en appelle à nos choix. L’appel, dans la citation des Proverbes, à lui donner notre cœur, c’est un défi qu’il nous lance de ne pas lui donner que nos émotions, mais bien tout notre être. C’est un cri contre le “catholicisme seulement à Noël ou à Pâques”, ou le “catholicisme seulement le dimanche”, ou même le “catholicisme tous les jours mais pas à fond”.
Dieu nous veut entièrement. Il veut nos dimanches matins mais aussi nos samedis soirs, notre bibliothèque et notre chambre, notre carrière, notre carnet de chèques. Il veut notre passé, notre présent, notre futur, il veut un chèque en blanc de nos vies. Il veut nos péchés aussi bien que nos vertus, nos peurs aussi bien que nos forces.
Un appel à la fois trop fort et trop vague
Dieu n’est pas intéressé par des “semi chrétiens”, à moins qu’ils ne soient en train d’avancer à sa rencontre. Et malgré la passion de mon cœur d’adolescente, je sentais que je n’étais pas totalement à lui et que ce n’était pas bien. Tout ce que je voyais, c’était les grands sentiments, mais il y avait tellement d’autres choses que je réfrénais. C’est toujours le cas, d’ailleurs. J’aspire toujours à contrôler ma vie, je voudrais que les gens pensent que je suis géniale, je voudrais avoir raison sur tout. Je L’entends qui m’appelle : “Donne-moi ton cœur, mon enfant, donne-moi ton cœur”, mais cet appel à me donner totalement à Lui est à la fois trop fort et trop vague.
Et saint Paul, dans tout ça ? Il était du genre à tout ressentir intensément. Mais aussi à hésiter parfois, à vouloir se donner entièrement au Seigneur sans parvenir à tout lâcher par ailleurs… Ce qu’il dit me parle. Et il ne dit pas simplement : “Ressentez plus de choses ! Soyez plus saints ! Priez mieux !”. Il est plus précis que ça.
“Fuyez le mal avec horreur”
Ce qu’il énonce là fait partie de ce qu’il y a de plus riche à lire dans ses épitres. C’est un condensé de nourriture pour l’âme distillé en quelques phrases (très longues, il est vrai !). Il ne dit pas : “Soyez plus aimable”, il dit : “Rivalisez de respect les uns pour les autres”. Envers qui pourrais-je explicitement montrer plus de respect cette semaine ? “Fuyez le mal avec horreur.” Dans quelle mesure est-ce que je suis en contradiction avec mes valeurs quand je regarde des idioties à la télévision ? “Tenez bon dans l’épreuve.” Quelles sont les relations difficiles pour lesquelles j’ai décidé de baisser les bras alors que le Seigneur m’appelle à y mettre une double dose d’amour ? “Ne ralentissez pas votre élan.” Ne pourrais-je pas parler de Jésus avec plus d’audace, et plus souvent ?
Ce passage de la lettre aux Romains est un fantastique examen de conscience pour les tièdes. Si vous entendez, comme moi, un appel à Lui donner votre cœur, suivez les conseils de saint Paul cette semaine. Pas tous à la fois, ce serait trop et cela risquerait de ne mener à rien. Relisez ce passage, méditez-le et priez. Choisissez un domaine où le Seigneur vous demande d’être sans réserve, de ne pas être mièvre vis-à-vis de Lui, et d’agir avec autant de fougue que celle que vous souhaiteriez ressentir.
Il s’avère que donner tout son cœur au Seigneur n’a rien à voir avec des émotions. C’est de l’ordre d’une décision à prendre, pour aujourd’hui, pour demain, pour tous les jours qui suivent. La décision de Lui appartenir, quoi que cela nous coûte. C’est une passion pour laquelle il vaut le coup de prier.