Est-ce l’anglicisme qui effraie ? Le mot leader est souvent perçu comme un synonyme déguisé de tyran, narcissique ou gourou !
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Si je pouvais faire une projection de ce qu’imagine un Français quand il entend parler d’un leader, je verrais un chef qui s’impose, cherche d’abord à asseoir son influence, quitte à recourir à des méthodes de marketing abusives ou à de la manipulation. Ou peut-être un coach de football américain, casquette vissée sur la tête, qui mobilise ses troupes d’un clignement d’œil en mâchant son chewing-gum. Despote potentiel dont il faut se méfier, ou héros made in US dont il vaut mieux rire, le leader n’a pas la cote.
Son autorité se fonderait sur les titres, la position, l’apparence, et son objectif serait d’imposer sa volonté et ses idées.
Je me souviens d’un commentaire en particulier, un patron d’une grande entreprise qui me disait : “Non, je ne suis pas un leader, et je ne veux pas en devenir un : je ne veux pas de moutons qui me suivent !”.
En France, on préfèrera le mot dirigeant ; moins intrusif, sans doute : le dirigeant se contente de veiller à l’avancée des travaux. Il s’adresse aux muscles ou aux tableurs Excel, et laisse les hommes tranquilles. Ce n’est pas un secret, le Français a du mal avec l’autorité, nos patrons ne sont pas très populaires. On leur prête toutes sortes de mauvaises intentions, et parfois à raison.
Mais je crois que bien souvent on jette le bébé avec l’eau du bain.
Redéfinir le leader
Les quelques conférences sur le leadership auxquelles j’ai assisté étaient suivies par des personnes inattendues : des artisans, des entrepreneurs, artistes, pasteurs, prêtres, mères au foyer, bénévoles. La première réaction bien française serait de dire : “Mais que font là toutes ces personnes ? Soit elles se prennent pour ce qu’elles ne sont pas, soit elles veulent dans leur domaine respectif apprendre à dominer l’autre, prendre l’ascendant…”.
À l’origine de ce jugement : une définition du leadership à géométrie variable et rarement positive.
Je vais à mes risques et périls proposer ma définition, inspirée de celle du pasteur évangélique Patrice Martorano (oui un pasteur peut aussi parler de leadership !). Le leader n’est pas leader des autres, mais il est leader de ses dons, il est leader de sa propre personne. Jésus nous donne dans la parabole des talents (Mt 25) une magnifique illustration de ce qu’est le leadership.
Nous sommes responsables de faire fructifier nos talents ! Cela peut être un don artistique, un don d’enseignement, un don de management, un don d’empathie, d’écoute, un don sur la gestion des finances, un don de communicant.
Le leadership, c’est l’art de faire croître ses talents au service des autres. Chacun de nos talents nous donne une forme d’influence, qui peut être positive ou négative, tournée vers soi ou vers le bien commun, exprimée pleinement ou étouffée pour ne surtout pas déranger.
Cet appel à développer ses dons est pour tous ; le fait est que les entrepreneurs ont un peu le monopole sur ces sujets. Mais je crois qu’on aurait besoin que des mères au foyer racontent comme elles développent leur leadership pour créer un fabuleux environnement dans leur maison. Et ainsi des hommes d’Église, des cadres, de tous ceux qui d’une façon ou d’une autre épanouissent leurs talents dans des responsabilités.
Voici donc quelques questions pour alimenter votre réflexion sur vos talents et la trace que vous voulez laisser sur cette terre :
- Quel est l’encouragement que j’entends le plus souvent ?
- Qu’est-ce que je veux qu’on retienne de moi ?
- Qu’elle est la raison qui me fait lever le matin ?
- Quand est ce que je me sens le plus en vie ?
Je vois souvent sur ma page Facebook des gens commenter et dire “Je ne suis pas un leader !” Ce n’est pourtant pas une pure question de charisme naturel, le tout est de prendre les choses dans l’ordre ; une fois leaders d’eux-mêmes, une fois déterminés leurs dons, ils verront qu’en les mettant au service d’un projet, d’un groupe, ils entraineront les autres, créeront autour d’eux un vrai dynamisme.
Vive les leaders français !