Une série à la découverte de ce pays méconnu.
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Nous avons évoqué dans la première partie de notre série consacrée à l’Arménie, comment celle-ci, entourée de pays musulmans, connaît un développement compliqué. Car l’Arménie est un pays où vivent quasiment exclusivement des catholiques. Son histoire, deux fois millénaire, est incontournable pour comprendre l’évolution des deux communautés catholiques (romaine et arménienne) jusqu’à nos jours.
Saint Grégoire l’Illuminateur
Chaque pays a son grand saint fondateur ou tout du moins un saint qui représente l’âme et l’unité d’un pays. Saint Grégoire l’Illuminateur apparaît comme les deux à la fois.
Le royaume d’Arménie fut fondé en 190 av. J.-C. par Artaxias Ier. Puis, succèdent aux Artaxiades la dynastie des Arsacides qui conservent le trône du Ier siècle à 428. Saint Grégoire finit par convertir le roi Tiridate et sa famille entre 301 et 314, au moment où les persécutions dioclétiennes se déchaînent sur les chrétiens de Rome. L’Arménie, alors entre les deux géants, romain et perse, voit son Église chrétienne évoluer selon une spécificité propre. Ce qui explique qu’elle ne rejoindra jamais le giron du Pape de Rome.
Le rite arménien
Les premières traces du rite arménien remontent aux environs du Ve siècle. En raison de la situation géographique de l’Arménie, le rite arménien a quelque peu évolué au contact des rites byzantins et syriaques. La liturgie utilisée demeure La Divine Liturgie de notre Saint Docteur et Bienheureux Père Grégoire l’Illuminateur, qui est commune aux Églises apostolique arménienne (orthodoxe) et catholique arménienne.
Le rite arménien est relativement long : il dure 3 heures, soit bien plus que les rites latins (ordinaire et tridentin). Cependant, il est construit selon le même découpage : préparation, liturgie de la parole (Synaxe), canon, dernière bénédiction et renvoi. Parmi les particularités, notons que ce rite opère toujours la distinction des catéchumènes : ceux-ci ne peuvent assister qu’au début de la messe.
L’Église apostolique arménienne (orthodoxe)
Au Ve siècle, l’Église d’Arménie était une communauté intégrée au reste de la chrétienté. On la retrouve ainsi représentée aux concile de Nicée (325), concile de Constantinople (381), et à celui d’Éphèse (431). Mais le concile de Chalcédoine voit apparaître une division doctrinale. La querelle concerne le miaphysisme adopté par les “Églises des Trois Conciles” (Arménie syriaque orthodoxe, copte orthodoxe, malankare orthodoxe syrienne). Celles-ci refusent d’admettre que le Christ possède deux natures distinctes (divine et humaine) en une même personne ; ils confessent que Jésus-Christ possède une nature (miaphysis) à la fois humaine et divine. Depuis, l’Église d’Arménie est autocéphale, avec un Catholicos à sa tête (actuellement Garéguine II), dont le siège est à Etchmiadzin.
L’Église catholique arménienne
Ce sont les populations déplacées en Cilicie au XIe siècle, à cause de l’avancée Seldjoukide, qui vont se rallier à Rome. Le Catholicos s’installe alors dans le Comté d’Édesse en 1166. Dès lors l’Église arménienne sera en contact avec les églises grecques et latines par l’intermédiaire des croisés. Les efforts continus sont concrétisés en 1439 : le décret Exultate Deo du 22 novembre voit l’entrée d’une partie de l’Arménie dans le giron romain. Actuellement, l’Église catholique arménienne a des diocèses en Grèce, Irak, Syrie, Iran, Ukraine, etc. Depuis le 24 juillet 2015, son patriarche est Grégoire Pierre XX Ghabroyan.
La chrétienté est bien implantée en Arménie ; elle est une part importante de l’identité arménienne. La foi se manifeste tous les jours : il est rare de trouver une église vide, sans personne en train d’y prier, et les jeunes ne sont pas en reste. Cette longue tradition chrétienne a permis à ce pays d’accumuler des trésors liés à son histoire, qui font du patrimoine arménien un magnifique exemple de la fusion des arts et de la religion.