Carnet de route de deux jeunes Français sur la via Francigena.
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Nous avons passé le col du Grand-Saint-Bernard ! Passage emprunté depuis cinq millénaires qui s’est vu traversé par les armées de César, de Charlemagne et de Napoléon. Passage clef qui amena saint Bernard de Menton à y construire un hospice pour accueillir les voyageurs et les protéger. Il reste l’étape la plus difficile pour tout pèlerin de la via Francigena.
Répondre à l’appel des montagnes
C’est en quittant le lac Léman et en nous engouffrant dans la vallée du Rhône (Suisse) que nous avons pris conscience de ce qui nous attendait. Cette longue marche vers le col à contre courant du fleuve, poussé par un léger vent du nord, nous incitait à pénétrer dans cet étau majestueux pour répondre à l’appel des montagnes, à l’appel de Rome. Les Alpes que nous apercevions depuis trois jours loin derrière le Léman nous virent arriver à leurs pied. Il nous a fallu cinq jours pour les avoir aux nôtres.
Ce n’est qu’au pied du “mur” (qui n’en était pas un) que nous prenons conscience de notre petitesse et des limites de nos forces. “Tutti a piedi ?” demandent les Italiens, “tout à pied” leur répondons-nous. C’est devant ces paysages magnifiques que nous repensons à ce que nous avons déjà traversé : la forêt d’orient a l’est de Troyes, le plateau de Langre, la campagne verdoyante de la haute Marne, les gorges de la loue, le Jura et maintenant les Alpes déjà légèrement roussies par l’automne qui approche.
À la recherche du silence
La marche vers le col est longue et physique mais souvent récompensée par la satisfaction d’apercevoir notre monde de plus en plus haut. Quelque peu gâché par le bruit d’un incessant traffic routier vers le tunnel, elle n’en est pas moins belle. Ce silence tant recherché, nous le trouvons à Bourg-Saint-Pierre, magnifique village perché à 1 632 mètre d’altitude, ultime étape pour les pèlerins que nous sommes avant la frontière italienne.
C’est sans doute dans ces moment là, où le “monde” semble loin derrière nous, où l’euphorie citadine disparaît peu à peu, que nous comprenons ce qui pousse les Hommes à quitter leur quotidien pour prendre la route.
Une arrivée grandiose
L’arrivée sur le col sera aussi grandiose qu’on nous l’avait décrite, arrivée récompensée par l’accueil des frères de la congrégation du Grand-Saint-Bernard. Voilà plus de 1 000 ans qu’ils accueillent pèlerins et voyageurs et qu’ils vivent en autarcie pendant plus de sept mois de l’année. Frère Frédéric nous le confirme : “Nous n’avons que deux saisons : l’hiver et un court été avant l’hiver suivant”. Des moines qui appliquent à la lettre la recommandation du Christ, ils sont “dans le monde mais pas du monde”. Légèrement engourdis par le froid, nous voyons à quelques mètres la frontière italienne. Plus de 1 000 kilomètres nous séparent encore de Rome.