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Arménie, terre chrétienne encerclée (1/3)

© Michel de Remoncourt

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Michel de Remoncourt - publié le 13/09/16
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Une série à la découverte de ce pays méconnu.

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Le pape François avait fait la “Une” en reconnaissant le génocide arménien lors d’une visite à Erevan, le vendredi 24 juin 2016. Avec l’Allemagne et la France il est l’un des seuls à évoquer le massacre des Arméniens catholiques par la Turquie musulmane en utilisant ce terme de génocide. Cependant, la très vive réaction de la Turquie a par ailleurs obligé le Saint-Père à rester discret sur le sujet. La prudence du Pape est louable, car l’Arménie est encerclée par des pays musulmans avec lesquels les relations peuvent s’avérer compliquées.

À l’est, la guerre avec l’Azerbaïdjan

L’Arménie est un pays en guerre dans les faits, à défaut de l’être au regard du droit international, et c’est la première des données à prendre en considération. Le conflit avec l’Azerbaïdjan, pays musulman vivant des revenus du pétrole, dure depuis 1988. Les deux pays entretiennent une haine tenace alimentée par les médias. Les combats à la frontière sont réguliers et causent souvent des pertes parmi les soldats conscrits, la jeunesse arménienne étant en grande partie toujours tenue au service militaire.

La principale zone d’achoppement entre les deux pays est la région du Haut-Karabagh, enclave peuplée d’arméniens à l’intérieur du territoire azéri. À l’inverse, le Nakhitchevan est une enclave azérie perdue entre l’Arménie et la Turquie. Peu développés économiquement, les deux belligérants ne possèdent pas de capacités militaires décisives. La majorité des armements utilisée des deux côtés est vendue par la Russie, qui ménage les deux pays. La guerre a connu une brève flambée du 2 au 5 avril 2016 avec un assaut massif azéri qui a réussi à percer les lignes arméniennes sur quelques kilomètres. Il y a donc de forts risques de voir le conflit dégénérer.

À l’ouest, la Turquie

Si la frontière avec la Turquie n’est pas l’objet de combats, elle n’en demeure pas moins une zone de tensions. Actuellement, l’intégralité de cette ligne séparant les deux pays est hermétiquement fermée. Des militaires sont déployés à la frontière et des soldats russes, stationnés en Arménie, participent parfois au renforcement des mesures de sécurité, le tout sur fond de souvenir du génocide arménien.

Le musée de l’histoire de l’Arménie rappelle ce que cette nation fut jadis : une des plus anciennes terres de chrétienté au monde, deuxième royaume catholique après l’Éthiopie. Au plus fort de son extension, l’Arménie s’étalait largement sur l’actuel partie est de la Turquie et possédait quelques comptoirs au bord de la Méditerranée. Aujourd’hui les Arméniens contemplent le mont Ararat, plus haut sommet caucasien, de l’autre côté de la frontière turque.

Au nord, la Russie

La relation russo-arménienne révèle tout le paradoxe de ce petit pays. D’un côté l’Arménie accueille sur son sol deux bases militaires russes. Il est ainsi courant de voir des soldats russes en uniforme dans la rue. L’armée arménienne dépend en grande partie de la Russie pour l’approvisionnement en armements. D’un autre côté, l’Arménie cherche à conserver la plus grande marge de manœuvre possible. Celle-ci est en réalité quasi inexistante. Sa relation avec l’Occident se fait via deux principaux canaux : la France et l’OTAN. L’Arménie entretient un lien historique particulier avec notre pays et cherche à en tisser de plus forts avec l’OTAN, en envoyant des officiers en formation et en essayant de s’impliquer, à la manière de la Géorgie (envoi de troupes dans les missions de l’OTAN).

Au sud, l’Iran

L’Iran est le pays musulman avec lequel l’Arménie entretient les meilleures relations. La frontière est ouverte et permet quelques échanges, les Arméniens n’étant pas en mesure d’exporter beaucoup de biens. Une partie de la population est attirée par l’Arménie, notamment les jeunes du nord de l’Iran qui voient une opportunité de sortir pour profiter de produits habituellement moins bien tolérés dans leur pays, comme l’alcool.

La situation de l’Arménie est ainsi complexe. Prise entre une Turquie intraitable et l’Azerbaïdjan avec qui elle est en guerre, elle voit dans la Russie le seul moyen de garantir l’intégralité de son territoire (accords se fondant sur la frontière internationale reconnue). Si la zone est une poudrière, ce n’est pas son seul intérêt. L’Arménie est en effet l’un des plus vieux pays catholiques au monde et regorge de magnifiques trésors artistiques, littéraires et architecturaux.

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