Le récent partenariat militaire avec les USA remet en cause la neutralité de l’Inde.
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Depuis 2012, l’Inde, qui tente de s’affirmer comme une puissance mondiale émergente, cherche à donner pour axe majeur à ses affaires internationales et géopolitiques la recherche de l’autonomie stratégique. Elle reprend ainsi le flambeau du mouvement des non-alignés de la Guerre Froide. Mais l’actualité montre que cet équilibre est difficile à atteindre.
Une politique étrangère tous azimuts
Dans le monde actuel, il est impossible pour un pays ré-émergent comme l’Inde de ne pas développer son réseau diplomatique. Pour éviter de tomber dans le champ gravitationnel d’une autre puissance (USA, Russie, Chine), les Indiens pratiquent une politique étrangère tous azimuts. Il s’agit peut-être là d’une actualisation du phénomène des non-alignés de la Guerre Froide.
Mais en Inde deux courants majoritaires de pensée s’affrontent : d’une part ceux qui proposent ce non-alignement 2.0, fruit d’un rapport publié par des experts indiens. De l’autre, certains affirment que le seul moyen de lutter contre l’hégémonie chinoise serait de se rapprocher des États-Unis. Et c’est ce pas en avant que semble avoir franchi l’Inde la semaine dernière.
Vers un tournant stratégique ?
La relation indo-américaine est le pivot central des relations de l’Inde sur la scène internationale. Or il est intéressant de noter qu’elle dispose en elle-même de toutes les caractéristiques propres à une bonne entente avec les USA : élite anglophone, démocratie stable, société multiculturelle, pluralisme religieux. Malheureusement, les affinités entre l’URSS et l’Inde lors de la Guerre Froide ont valu à cette dernière d’être rejetée par les États-Unis.
La tendance s’inverse et ce sont maintenant les américains qui tentent de charmer les Indiens pour participer à la mise en place d’un contre-pouvoir face à la Chine. C’est dans cette optique que le Protocole d’entente sur les échanges logistiques (LEMOA) a été signé par l’Inde et les États-Unis à Washington, en août dernier. Il permettra aux deux pays de partager leurs structures militaires de soutien, d’approvisionnement et de services logistiques. À terme, ce contrat favorise l’inter-opérabilité entre les deux armées.
Un nouveau rapport régional
Cette signature récente modifiera immanquablement quelques-unes des structures des échanges en Asie. Le Pakistan va condamner ce rapprochement. La relation avec la Chine, basée sur un triptyque coopération, compétition et confrontation, mettra l’accent sur les deux derniers éléments. La règle ancienne qui prévalait permettait d’approfondir ses partenariats, sans toutefois conclure d’alliance. L’Inde semble s’en être affranchie.
L’éloignement qui se dessine s’accompagne parallèlement d’une amélioration des relations avec les pays du bloc américain, à commencer par l’Australie. Cette dernière, après s’être opposée à l’Inde sur la question des essais nucléaires, va maintenant fournir de l’uranium au nucléaire civil indien. Le Japon se rapproche aussi pour des questions de souveraineté des mers et pour l’ouverture de sièges permanents supplémentaires à l’ONU (Allemagne, Brésil, Japon, Inde).
L’Inde, à l’instar d’autres pays, tente de se positionner sur l’échiquier mondial. La multiplication des acteurs ne facilite pas sa diplomatie. Pourtant, comme toujours, le monde est régi par de grandes tendances, dont le non-alignement n’a jamais vraiment fait partie. Le rapprochement avec les USA est en revanche une des options les plus courantes, et la balance indienne penche de plus en plus fortement de ce côté.