La période estivale n’a pas été creuse pour les marchands de canons.
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Le Préambule et le premier article de la Charte des Nations Unies montrent quels sont les ciments de la construction juridique internationale : la paix, la résolution pacifique des conflits et le développement de relations d’amitié entre les nations. La tendance toujours actuelle à la prolifération des armes (…) contraste fortement avec ces affirmations et les nie dans la pratique. Une éthique et un droit fondés sur la menace de destruction mutuelle (…) constituent une manipulation de toute la construction des Nations Unies, qui finiraient par devenir des ‘‘Nations unies par la peur et la méfiance’’.
Extrait du discours du Saint-Père aux représentants des nations lors de sa visite au siège de l’Organisation des Nations Unies de New York, le 25 septembre 2015.
Les contrats de fourniture d’armements sont rarement évoqués dans la presse, sauf lorsqu’il s’agit d’énormes ventes au profit des industriels français. Pourtant ce genre d’actualité est très révélatrice des tendances mondiales. Là où se développe le marché des armes augmente en même temps le risque de tensions croissantes. Actuellement, cinq grandes zones se détachent.
Course à l’armement Maroc-Algérie
L’Afrique du Nord est depuis 2010 une zone rentable pour les marchés d’armes. Une course à l’armement s’y déroule sur fonds de tensions au Sahara occidental entre les deux pays. L’Algérie, le 11 août 2016, a signé avec l’Italie un contrat pour une usine de production d’hélicoptères (transport, sauvetage) de la marque Agusta Wesland. Le Maroc a reçu une barge LCT (Landing Craft Tank) de l’entreprise française Piriou, et lui a passé commande d’un BHO2M de 72 m (Bâtiment Hydro-Océanographique Multi-Missions). Les États-Unis ont livré les premiers chars Abrams M1 le 26 juillet 2016 ; le contrat datait de 2015.
Approvisionnement des terroristes syriens
L’OCCRP (Organized Crime and Corruption Reporting Project), qui assure entre autre un suivi sur les grandes lignes utilisées par le trafic d’armes vers le Moyen-Orient, a révélé une entente entre la Serbie et l’Arabie Saoudite sur l’acheminement d’armes de petit et moyen calibres. Les Émirats arabes unis (EAU) sont déjà mieux équipés, mais les armes sont acheminées ensuite jusqu’aux groupes terroristes. Ainsi, cet été, deux vols les 2 et 7 juillet ont permis d’acheminer l’armement (preuve à l’appui).
La méfiance vis-à-vis de la Russie
Les pays d’Europe de l’Est s’inquiètent des avancées russes tout autant que de la mollesse de l’OTAN. Certains d’entre eux décident de continuer à s’armer. La Lituanie achètera des stations portables lance-missile (Spike) le 30 septembre aux Israéliens et quatre-vingt-huit véhicules blindés (Boxer) à la société allemande ARTEC. La Pologne a signé une lettre d’intention pour l’achat de missiles Patriot (plus de 5 milliards d’euros).
Armement massif des pétromonarchies
La forte tendance à l’armement tous azimuts dans la péninsule arabique se poursuit : l’Arabie Saoudite a acheté le 10 août 2016 pour plus d’un milliard de dollars de chars blindés, mitrailleuses lourdes et munitions aux États-Unis ; la Chine a également vendu quatre drones M01 aux EAU. La France a vendu à son “fidèle partenaire”, le Koweït, trente hélicoptères Caracal le 9 août dernier pour plus d’un milliard d’euros. Les États-Unis sont en train de finaliser un contrat pour la vente de 36 F-15 avec le Qatar (qui soutient ouvertement Daesh), et pour la somme de trois milliards de dollars ce seront 28 F-18 qui seront vendus au Koweït.
Poussée asiatique sur le marché africain
La tendance asiatique à s’impliquer économiquement et militairement en Afrique se confirme : la Corée du Sud a annoncé le 19 juillet 2016 vendre quatre avions d’entraînement au Sénégal. Cela pourrait constituer une tête de pont pour le marché coréen en Afrique. La Chine a quant à elle vendu 30 VN-4 (véhicule blindé, pour la police) au Kenya grâce à NORINCO (China North Industries Corporation).
Bien sûr de tels marchés ne prennent en compte que les pays qui disposent d’une capacité technologique, industrielle et économique suffisante pour produire eux-mêmes leurs armements. Mais ces mêmes échanges révèlent aussi qui exporte le plus ses armes, et information beaucoup plus intéressante, avec qui sont conclus les contrats. On ne s’étonne plus de voir que les Américains, luttant contre Daesh, fournissent en parallèle des armes au Qatar, soutien avéré de… Daesh ! Les Américains ne sont pas les seuls dans ce cas, en effet: “Business is business”…