Un prêtre vietnamien dénonce les ravages des décharges sauvages du Formosa Plastic Group.
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“Mes paroissiens vivent de la pêche. Maintenant que le poisson est mort, ils commencent à mourir à leur tour”, témoigne père Dang Huu, vicaire de Phù Yên. Au mois d’avril 2016, les Vietnamiens découvraient des tonnes de poissons échoués sur leurs plages. Depuis, même si les autorités affirment que les eaux sont à nouveau saines, les acheteurs demeurent méfiants. Le groupe responsable de la pollution, Formosa Plastic Group, a payé, le 31 août 2016, une amende de 550 millions de dollars, mais aucun dédommagement n’est encore parvenu aux pêcheurs, et le risque d’une nouvelle pollution n’est pas exclu.
“Ils ont délibérément dégradé l’environnement”
Le prêtre ne croit pas aux excuses avancées par la compagnie, mais pense plutôt qu’elle a, en connaissance de cause, utilisé la mer comme une décharge pour ses produits toxiques. Par ailleurs, il s’inquiète de révélations faites dans la presse selon lesquels Formosa avait aussi enfoui des déchets toxiques sous terre. Les accords passés avec le gouvernement vietnamiens ne le satisfont pas, et il demande, comme d’autres manifestants, que l’affaire soit portée devant une cour internationale.
Les autorités complices
L’attitude des autorités a été pour le moins ambigüe : elles ont sévèrement réprimé les manifestations demandant des comptes à Formosa Plastic Group. Par ailleurs, l’aide promise au villageois, et notamment la distribution de riz, n’est jamais venue. L’appel à une cour internationale serait un gage d’indépendance, et les manifestant pourraient s’appuyer sur l’activité de la firme en cause pour justifier leur démarche. Spécialisée en biotechnologie et en pétrochimie, la firme en question produit des composant électroniques, essentiellement vendus en Occident : 60% sont exportés en Europe et 30% aux Etats-Unis.
Chrétiens en première ligne
Les Vietnamiens chrétiens réclament justice, en tentant de faire connaître leur situation internationalement. Outre les paroissiens qui sont directement touchés, le clergé catholique vietnamien ne mâche pas ses mots quand il dénonce cette pollution. L’évêque de la province de Hinh, touchée par cette pollution, Mgr Paul Nguyên Thai Hop, a condamné l’attitude des autorités dès les débuts de la pollution, dans une lettre vigoureuse.