separateurCreated with Sketch.

Clinton ou Trump ? Pour les catholiques, la peste ou le choléra !

© ALETEIA

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Philippe de Saint-Germain - publié le 02/09/16
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Les Français auraient tout à gagner à se pencher sur ce cas d'école.

Pour qu'Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l'avenir d'Aleteia deviendra aussi la vôtre.

Je donne en 3 clics

*don déductible de l'impôt sur le revenu

Les Français auraient tout à gagner à se pencher sur ce cas d’école.

Pour qu’Aleteia poursuive sa mission, faites un don déductible à 66% de votre impôt sur le revenu. Ainsi l’avenir d’Aleteia deviendra aussi la vôtre.


Je donne en 3 clics

*don déductible de l’impôt sur le revenu

Hillary Clinton a reçu l’investiture démocrate pour la présidentielle du 8 novembre. Une semaine auparavant, c’est Donald Trump qui était officiellement désigné par le Parti républicain comme son candidat à la présidence. Pour les électeurs catholiques américains, le dilemme est entier : la peste ou le choléra, quoi que disent les sondages. Une situation que les citoyens français feraient bien de suivre avec attention pour nourrir leur réflexion quand ils devront choisir à leur tour…

La peste, c’est Hillary Clinton. Plus libertaire que les démocrates les plus libertaires, l’ex-secrétaire d’État de Barack Obama ne baissera pas la garde dans les assauts de l’actuelle administration contre la liberté religieuse et de conscience, elle qui juge les catholiques sectaires, intolérants et bigots.

La peste libertaire

Aux États-Unis, les questions sociales sont d’abord entendues comme des questions morales. Or Hillary Clinton a toujours soutenu l’avortement comme un droit, et elle défend son remboursement par les contribuables, et notamment les avortements tardifs ou postnataux. Elle choisira des juges à la Cour suprême qui feront tout pour verrouiller ces « droits », et sans doute pour longtemps. Elle veut renforcer l’emprise de l’État fédéral sur le système de santé, multipliant les promesses qui aggraveront la dette des États-Unis, avec des conséquences de plus en plus lourdes sur le niveau de vie de la classe moyenne et a fortiori des plus pauvres.

Le niveau de vie des Américains, ce n’est pas vraiment la préoccupation d’Hillary Clinton, qui a tenté de faire pleurer dans les chaumières en expliquant qu’après le mandat de son mari, elle et Bill avaient dû emprunter pour financer les études de leurs enfants… et dû facturer leurs conférences plusieurs centaines de milliers de dollars la soirée. Aujourd’hui, les Clinton disposent d’un patrimoine de 45 millions de dollars : ce n’est pas une tare, mais ils ont utilisé le pouvoir sans vergogne pour s’enrichir en se soustrayant habilement à la loi. Et l’administration Obama soutenue par Hillary Clinton a créé 10 millions de pauvres supplémentaires.

Clinton au pouvoir, c’est une féministe libertaire qui sera aux manettes. L’Église catholique aura du souci à se faire pour ses centres médicaux et ses organismes de santé, le plus souvent ouverts gratuitement aux malades sans ressources et aux sans-abris, mais soumis depuis l’Obamacare à des obligations éthiquement inacceptables (par exemple en devant distribuer des préservatifs ou des abortifs) et à des pressions de plus en plus fortes pour s’aligner sur la vision utilitariste de la santé promu par l’État fédéral, en contradiction flagrante avec les principes constitutionnels fondateurs des USA sur la liberté religieuse et de conscience.

Enfin, le vice-président qu’Hillary Clinton a choisi, Tim Kaine, présenté comme un catholique, est en réalité un « catholique » qui s’est toujours opposé à l’Église en soutenant systématiquement les mesures pro-choice, y compris en faveur de l’avortement tardif. Non seulement ce choix ne rassure pas les catholiques, mais il est pervers, car trompeur.

Le choléra démagogique

Le choléra, c’est Trump. On se souvient que de nombreux intellectuels catholiques s’étaient élevés contre la candidature de Donald Trump au cours du processus des primaires (Conscientia, 10/03). Sa démagogie, sa vulgarité, son inculture et ses outrances, sa morale douteuse, ses mensonges et son inexpérience diplomatique constituent pour eux une voie très dangereuse. Rien dans ses engagements laisse penser qu’il partage en conscience les engagements des catholiques en faveur des droits de la vie, de la liberté religieuse, à la reconstruction de la culture du mariage ou au principe de subsidiarité.

En politique étrangère, il n’hésite pas à bousculer les idées reçues, sans pour autant convaincre : s’il y a bien un homme qui cédera aux sirènes de la primauté des intérêts économiques, c’est bien lui.

Sa critique irrespectueuse du pape François — qui lui reprochait son « mur » anti-immigration (Conscientia, 24/02) — et son mépris des pauvres et des populations immigrées indisposent autant que le mépris de Clinton pour les catholiques.

Mais désormais candidat officiel désigné par le GOP, le temps n’est-il cependant pas venu de considérer sa candidature autrement, c’est-à-dire comme un moindre mal ? La « difficulté Trump », c’est son imprévisibilité, surtout pour le pire, mais pourquoi pas pour le meilleur ? L’homme sait affronter les lieux communs de l’antipopulisme. Comme tous les démagogues, il peut être en résonnance avec l’opinion populaire sur des points positifs et son pragmatisme, fût-il aussi cynique que son challenger démocrate, peut avoir des vertus.

Pour certains conservateurs, Trump prévoit des nominations de juges a priori recommandables, il a choisi un vice-président, Mike Pence, digne de soutien. Son élection permettrait de renouer le contact avec le mouvement populaire anti-establishment et d’obtenir quelques victoires en faveur de la vie et de la famille.

Bref, l’élection de Trump le démagogue permettrait d’éviter Clinton l’idéologue, mais entre ces deux caricatures du libéralisme, sans foi ni loi pour l’un, socialo-libertaire pour l’autre, comment choisir ? L’isolement n’étant pas une tradition catholique, il faut bien trancher en affrontant le réel tel qu’il est.

Donc, la peste ou le choléra ?

Les républicains avaient le choix entre 17 candidats, les démocrates trois. Les tentatives pour imposer un candidat de la dernière chance lors de la convention républicaine ont échoué. Aucune candidature indépendante n’est viable. Le candidat libertarien, Gary Johnson, est publiquement pro-avortement et hostile à la liberté religieuse.

Les sondages montrent un électorat catholique très divisé. Plutôt proches des républicains sur les questions sociales, les catholiques sont plus sensibles aux arguments démocrates sur les questions économiques, et la politique internationale n’entre pas prioritairement dans leurs décisions. Alors que la majorité d’entre eux avaient voté Mitt Romney il y a quatre ans, ils penchent désormais nettement en faveur d’Hillary Clinton, à défaut d’avoir un candidat républicain acceptable. Une enquête du Pew Research Center publiée le 13 juillet révèle un retard de près de vingt points du candidat Trump sur la candidate Clinton dans les intentions de vote des catholiques pratiquants réguliers (16 points chez les pratiquants occasionnels). Une tendance confirmée par un sondage réalisé pour le Washington Post et la chaîne ABC News, relevé par Henrik Lindell dans La Vie. À titre de comparaison, les Blancs évangéliques choisissent massivement Trump (79%).

Mais la sociologie politique ne peut suffire à donner une réponse sur les hésitations réelles du corps électoral. Mgr Charles Chaput, archevêque de Philadelphie, a clairement posé le débat en renvoyant dos à dos les « très riches » candidats à la présidentielle. Dans une chronique publiée sur le site de son diocèse, il a bien mis en évidence le caractère « problématique » de l’élection de novembre, notant bien, lui un archevêque peu réputé pour son progressisme, qu’aucun candidat n’était meilleur qu’un autre.

La voix de la sagesse consiste à ne pas se perdre dans des voies hasardeuses et stériles, autrement dit à ne pas se tromper de question. Mgr Chaput invite d’abord à prier… et à bien réfléchir, notamment en travaillant les sujets de fond.

Chez tous ceux qui partagent la même vision du bien commun (common good), quand aucun candidat à l’élection suprême n’est acceptable, l’important est de se souvenir que la vie d’un pays ne dépend pas d’abord de son chef et de ses institutions, quel que soit le régime. Si aucun candidat ne convient, il ne sert à rien de se lamenter, de se faire des nœuds dans la tête comme si le salut de sa conscience dépendait de son vote. Non seulement l’homme politique parfait, infaillible, n’existe pas et n’existera jamais, mais la politique d’un peuple ne se réduit pas au pouvoir d’un seul.

Accepter la réalité avec humilité, même quand elle est détestable, c’est la marque du chrétien qui, pour autant, ne se satisfait pas du désastre moral que représente l’absence de dirigeants politiques sages et honnêtes. Mais précisément, il s’agit de ne pas accepter l’inacceptable en se perdant dans l’illusion du vote parfait ou du vote irréalisable. La politique est le domaine du possible, pas de l’anathème ou de l’émotion.

D’où quatre orientations.

1/ Préférer l’action. Quand les candidats sont tous pires les uns que les autres, et qu’aucune évidence ne s’impose, il faut revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au pouvoir réel qui est le sien. La question est : Que puis-je faire concrètement pour mon pays dans le cadre de mon devoir d’état ? Autrement dit : quel candidat sera celui dont l’élection et ses conséquences me donneront le plus de possibilités pour faire ce qui est à ma portée ?

2/ Accepter la différence. Respecter le choix de ceux qui partagent les mêmes principes, et qui pourtant peuvent opter pour des stratégies ou des moyens différents. Il est bien connu que les batailles politiques les plus dures opposent les militants les plus proches. C’est particulièrement vrai entre les chrétiens qui ont tendance à sacraliser leur approche de la politique et donc à anathémiser la chapelle d’à côté. Il vaut mieux concentrer son énergie sur les critiques de fond de chaque candidat pour faire évoluer la réflexion, sans se disperser dans de vaines querelles partisanes.

3/ Occuper le terrain. Soutenir tous les moyens de se faire entendre auprès des candidats et de leurs équipes afin qu’ils sachent ce qu’ils doivent entendre directement de la part des catholiques, quand ces derniers sont satisfaits, ou quand ils ne le sont pas. Cela peut permettre d’obtenir des inflexions programmatiques positives.

4/ Choisir la bonne cible. Viser la victoire utile, c’est-à-dire le coup d’à côté… pour après. Quel que soit le vainqueur, la vie quotidienne poursuivra son cours et la vie politique aussi. La responsabilité politique du chrétien ne commence ni ne s’achève le jour de l’élection. Le coup d’à côté du 8 novembre pour les Américains, ce sont les élections à la Chambre des représentants pour renouveler 435 sièges, les élections sénatoriales (34 sièges sont à pourvoir sur 100) les élections gouvernatoriales (12 postes en jeu). Les catholiques se mobiliseront sur la victoire des parlementaires qui donneront une majorité pro-vie et pro-famille. En outre, ce bloc électoral sera appelé à approuver ou non les candidats qualifiés à la Cour suprême, ce qui sera déterminant pour la protection des libertés fondamentales.

 

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Aleteia vit grâce à vos dons

Permettez-nous de poursuivre notre mission de partage chrétien de l'information et de belles histoires en nous soutenant. 

Profitez de cette fin d'année pour bénéficier d'une déduction de 66% du montant de votre don sur l'impôt sur le revenu en 2024.

Newsletter
Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !