Le film qui a frôlé la Palme d’Or mais gagné le coeur du public.
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Si vous n’avez jamais pensé rire devant un film allemand et si vous n’avez jamais tenu jusqu’au bout devant un film d’auteur, surtout s’il dure 2h45, alors “Toni Erdmann” est fait pour vous. Actuellement en salles, le troisième long-métrage de la réalisatrice Maren Ade, issue du courant de la “nouvelle nouvelle vague” allemande, donne matière à réflexion avec simplicité.
Une relation père/ fille étonnante
Première révélation du film : l’humour allemand existe ! Le décrire serait le dénaturer et lui voler sa surprise. L’histoire raconte celle d’une relation entre un père et sa fille, très éloignés dans leur quotidien. Le père est un clown, il n’est donc pas heureux mais fait rire. Ou bien est-ce plutôt qu’il prend la tristesse des autres sur lui et décide d’être heureux malgré tout ? Il choisit en tout cas de s’immiscer dans la vie de sa fille.
Elle est consultante en Roumanie et doit traiter un dossier important concernant l’externalisation d’une société. Autrement dit, elle est chargée de conseiller les entreprises pour limiter leur malaise à licencier et les désagréments qui s’en suivent. Beaucoup de sang-froid et de tact sont nécessaires pour ce travail. Au point qu’elle en oublie de se poser des questions sans chiffres, sans conventions, sans calculs dedans. Elle ressemble en cela peut-être à beaucoup d’autres femmes et hommes, non pas par son métier, mais dans sa manière de mener sa vie.
Un jour son père débarque sans prévenir, l’embarrasse et découvre sa vie. Et cela déclenche son amour de père ! Il ne possède pas grand chose pour faire le poids face à la société que sa fille fréquente mais ses mains de clowns ont un talent, celui de détourner le rejet de sa fille. Le chemin sera long avant qu’elle n’écoute vraiment une des premières questions de son père sur ce qui vaut la peine d’être vécu. Il prend sa place, à sa manière, déroutante et habile. Si sa vie n’a plus beaucoup de substance, il s’interroge sur celle de sa fille, qui a un peu perdu son esprit d’enfant.
On ne s’ennuie jamais
Certaines scènes peuvent paraître vides de sens ou de moralité, elles sont à l’image de la vie menée par les expatriés de Roumanie. Il ne faut donc pas s’attendre à des moments de profondeurs. D’autres se goûtent dans leur naturel, soutenues par une photographie épurée et efficace, conduite par des plans qui les suivent de très près. Nous sommes plongés dans une investigation où le bonheur ne se montre jamais, mais où les masques s’affrontent. D’un côté celui du jeu, de l’autre celui des règles des adultes. On pourrait avoir honte de s’y reconnaître, ou avoir honte de les aimer. On pourrait aussi ne rien comprendre à ce qu’ils font, ce qu’ils ne se disent pas et ce qu’ils taisent.
Pour réussir cette comédie allemande il fallait des acteurs de taille. Le casting est impeccable et joue parfaitement la partition de simplicité proposée par la jeune cinéaste. Et celle-ci a si bien travaillé son scénario qu’on ne s’ennuie jamais : on rit et on s’étonne.