Carnet de route de deux jeunes Français sur la via Francigena. (1/6)
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Le plan Vigipirate aura eu raison de notre piété ce 9 août 2016… Impossible de rentrer dans Notre-Dame de Paris avec nos sacs de randonnée. Nous voilà obligés de pénétrer à tour de rôle dans la cathédrale pour remettre à Notre-Dame les 1700 kilomètres (approximativement) qui nous séparent de notre destination finale.
C’est curieux, on imagine ce genre de départ plein de solennité et d’émotion, alors qu’en réalité, nous n’avons pas la moindre idée de ce qui nous attend sur la route. Nous n’avons en visuel que les 240 kilomètres qui nous séparent de Bar-sur-Aube, commune où nous devons rejoindre la via Francigena, cet itinéraire traditionnellement attribué à l’archevêque de Cantorbéry Sigéric reliant l’archevêché britannique à Rome par la France et la Suisse.
Le corps a raison de nos grandes idées
Contrairement à ce que nous pensions l’agglomération parisienne se quitte assez rapidement et nous rappelle tout aussi vite que cette région, c’est aussi la campagne, les champs et la forêt. Au bout de quelques jours, ce sont d’ailleurs toutes nos idées reçues sur le pèlerinage qui volent en éclat. Nous nous sommes très vite aperçus que si l’on part avec de grandes idées et aspirations philosophiques, on est douloureusement ramenés à la raison par nos corps et plus précisément nos pieds. Maudit réel !
Ce réel nous réapprend cependant à prendre le temps, à adapter nos objectifs à nos capacités. Il nous fait aussi redécouvrir une France périphérique, agricole et tranquille, une France qui nous fait apparaître les discours martiaux et le plan Vigipirate totalement décalés, si ce n’est absurdes. En Parisiens autocentrés, nous serions tentés de dire que cette France vit en marge. En réalité, on commence à croire que c’est plutôt Paris qui vit coupée de la France.
Cette France n’est pas en guerre
Depuis une dizaine de jours, nous vivons avec le sentiment qu’au fond d’elle, entre son cœur et ses racines, la France n’est pas en guerre : c’est le cas. Vivant loin de l’agitation mediatico-politique parisienne, les betteraves et les carottes poussent, les enfants jouent et les cloches sonnent, elles ont carillonné ce 15 août pour faire monter les prières des fidèles pour leur vieux pays. Un carillon rappelant que certaines églises de village possèdent de vrais trésors si on a la curiosité d’y entrer (et la chance qu’elles soient ouvertes). Comme cette église de Géraudot dans l’Aube qui renaît grâce à la ténacité d’une poignée d’habitants qui ont décidé de reprendre en main leur patrimoine. C’est ce réel que nous rencontrons quotidiennement, celui d’une France qui n’a pas besoin de résister en terrasse pour se rappeler ce qu’elle est, envers l’isolement et contre l’oubli.
Marc et Louis-Marie
Chateauvillain, Haute-Marne, 18 août 2016.
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