Là où l’éducation nationale prétend exceller, cette école est cent fois meilleure. Avec la loi à venir sur l’éducation, le gouvernement veut mettre sous tutelle les écoles hors contrat, qui réussissent pourtant bien mieux dans tous les objectifs que se fixe le public, et je parle ici d’expérience.
J’ai en effet passé les trois dernières années du secondaire dans un internat catholique hors contrat tenu par des prêtres. Et j’ai pu constater une chose : c’est que là où l’éducation nationale prétend exceller, cette école était cent fois meilleure.
Une mixité sociale sans pareille
Là où j’étais, je n’ai jamais vu un mélange social et géographique aussi réussi. Dans les classes, il y avait autant des paysans des environs immédiats de l’école que des héritiers de fortunes parfois immenses, en passant par la petite et haute bourgeoisie ainsi que par les aristocrates sans le sou. Il y avait des locaux, des Parisiens mais aussi des gens venant de Provence ou de Martinique ; il y avait même des Belges, des Anglais, des Américains et des Québécois ! Et tout ce petit monde ne faisait pas qu’assister aux mêmes cours car bien loin de vivre en tribu, ils se parlaient, jouaient, se liaient d’amitié, voir, pour certains, d’intérêts une fois la vie professionnelle commencée.
Une pédagogie individualisée
Nous avions avec nos professeurs une proximité presque d’oncles à neveux. Ils nous connaissaient, avec nos forces et nos faiblesses, nos ambitions, notre caractère et, sans qu’il fut besoin d’une circulaire du ministère, adaptaient leur notation, l’attention qu’ils nous portaient et leurs méthodes autant que possible. Par exemple, moi pour qui les mathématiques étaient un enfer, j’appris un jour que le directeur s’était entendu avec un professeur d’une autre classe pour me donner des cours particuliers. Pour cela nul besoin de s’inscrire dans un “module” en envoyant pièces justificatives en cours de validité à la scolarité et toutes les démarches administratives que vous pouvez imaginer. Le directeur décide, c’est appliqué, terminé ; et si cela ne marche pas, on arrête.
Une réelle transmission des savoirs
Nous apprenions en Histoire la grandeur de la France, la gloire des rois et le courage de nos soldats, nous lisions en Lettres de grands écrivains, Racine, Corneille, Molière, Pascale, Châteaubriant, Balzac. En philosophie surtout, c’était Aristote et Platon, puis Descartes, puis Thibon et seulement alors Sartre, qu’on ne pouvait plus guère que mépriser comme le dernier des escrocs après avoir lu tant de merveilles. Cela nous a structuré et édifié bien mieux que le surréalisme d’André Breton et les cours d’enfilages de préservatifs. Ne croyez pas, du reste, que cela nous pénalisait : nous avions 100% de réussite au bac presque chaque année et certains de nos camarades ont fait de fort belles études supérieures.
La véritable neutralité du service
Enfin, la neutralité. Cela vous surprend sans doute puisque la foi chrétienne était omniprésente. L’école n’est certes pas neutre dans ce qu’elle fait, mais dans ce qu’elle est : l’image vivante de la liberté scolaire qui permet de choisir comme on l’entend l’éducation que recevra son enfant. L’école publique, sous couvert de neutralité soumet en fait les chrétiens à une pression sociale constante, leur intimant de ne pas s’exprimer et de souffrir en silence les pires calomnies. Là-bas, nous pratiquions constamment et apprenions les articles de notre doctrine, pouvions en somme librement nous forger une âme qui plaise au Christ, cette fois dans la communion et non seulement dans l’adversité. Et si on ne voulait pas, personne ne nous interdisait d’aller dans le public. Qu’y-a-t-il de plus neutre que cela ? De plus, en y réfléchissant, la Vérité (alètheia, en grec, eh oui !), est objective, donc neutre, n’est-ce pas ?
Précisons que ces écoles coûtent un prix ridiculement bas en comparaison avec la plupart des écoles sous contrat, si bien que c’est pour les parents un investissement rentable pour l’avenir de leur progéniture. Cela vaut bien le coup de défendre cet avenir !