Après deux ans de combat contre l’État islamique, la guerre est loin d’être gagnée. En France, la lutte contre le terrorisme ne doit pas faire oublier ces autres enjeux majeurs que sont la famille et la vie.
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Voilà deux ans qu’une coalition internationale d’une soixantaine de pays, menée par les États-Unis, se bat contre l’État islamique (Daesh) en Irak et en Syrie. Sud-Ouest fait le point : “Après plus de 14 000 bombardements, quelles sont les avancées ? (…) Daesh a perdu près de la moitié du terrain conquis en Irak et environ 20% en Syrie. Les experts prévoient bien une chute du “califat” autoproclamé par les jihadistes en Syrie et en Irak mais le groupe s’est renforcé par ailleurs en incitant ses partisans à commettre des attaques isolées à travers le monde. “On mène un combat perdu d’avance si on s’attend à détruire Daesh entièrement”, assure Charles Lister, analyste au Middle East Institute. “Je pense que des décennies d’efforts nous attendent.””
“Les plus monstrueux abus contre la liberté religieuse”
Dans son rapport sur l’état de la liberté religieuse en 2015 dans près de 200 pays publié le 10 août, le département d’État des États-Unis range l’État islamique et son allié du Nigéria Boko Haram “parmi les plus monstrueux auteurs d’abus contre la liberté religieuse dans le monde”, notamment à l’encontre des yézidis et des chrétiens, et accuse le groupe sunnite EI d’être “responsable de crimes contre l’humanité” – accusation “qui a des implications juridiques selon le droit américain” relève L’Orient Le Jour.
Mais l’exemple de la bataille d’Alep, qui fait rage en Syrie, montre que la menace islamique ne se résume pas à Daesh, explique l’universitaire Frédéric Pichon, géopolitologue et spécialiste du Moyen-Orient, dans un entretien au Figaro : Dans “la rébellion unifiée sous la bannière d’al-Qaïda (Jabhat al-Fatah al-Cham, ex-Front al-Nosra) (…), les djihadistes et les salafistes dominent de façon écrasante (…). C’est le résultat des facilités accordées par le passé par la Turquie à tous les éléments les plus radicaux venus combattre en Syrie, alimentés par les fonds du Golfe et formatés par la propagande salafiste de ces mêmes pays. (…) La Syrie constitue un terreau fertile pour les attaques terroristes à venir en Occident. 2017 sera une année malheureusement tragique pour l’Europe, ventre mou de cette lutte titanesque, avec un risque de recrudescence d’attaques terroristes tant qu’elle n’aura pas choisi son camp. “On n’a jamais le choix entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable” disait Raymond Aron.”
La révision des alliances semble d’autant plus cruciale que la Turquie d’Erdogan tourne le dos à l’Occident, préférant se rabibocher avec Poutine. Sur le site IHS News, le P. JM. Robinne relève “neuf questions qui n’ont toujours pas de réponse” à propos du putsch manqué, suggérant qu’il s’agit d’une manipulation menée de main de maître.
Travail du dimanche : une “libéralisation” néfaste pour la famille
La loi Travail (El Khomri) vient d’être promulguée par François Hollande et devient “la “loi du 8 août 2016”” rapporte I-Télé : “Considérée comme trop favorable aux entreprises, la loi Travail est depuis le départ contestée par une intersyndicale menée par la CGT et FO, ainsi que par des députés “frondeurs”. (…) La loi Travail reste par ailleurs impopulaire auprès des Français. De multiples sondages depuis mars dernier attestent de ce constat. Le dernier en date, réalisé pour Les Echos et Radio Classique et publié le 16 juillet dernier, affirme que 71% des Français sont mécontents de la loi Travail”.
Parmi les inquiétudes qu’elle suscite, les assouplissements et dérogations que, combinée avec la loi Macron, elle apporte au repos dominical et des jours fériés. Trois salariés sur dix travaillent d’ores et déjà le dimanche en France. Or “un salarié qui travaille le dimanche voit sa vie sociale et familiale altérée”, rapporte L’Express en citant une étude de l’INSEE parue le 7 juillet. “Une perte de sociabilité que le jour de repos en semaine ne permet pas de compenser.” Les auteurs de cette étude, Jean-Yves Boulin et Laurent Lesnard, pointent notamment “un impact très clair” sur le lien parents-enfants, le dimanche étant “avant tout le jour des loisirs”, avec en moyenne une durée des heures récréatives plus que doublée par rapport à un jour de semaine, et le jour le plus propice aux moments de partage en famille et avec les amis. “Une partie de ces temps de sociabilité parents-enfants et amicale “correspond à des pertes nettes pour les travailleurs dominicaux”, ont calculé les chercheurs.”
Ici et là, de courageux résistants à un travail imposé le dimanche et les jours fériés se lèvent. Tel Patrick Brun, restaurateur à Grand Var, un centre commercial de La Garde (Var), qui “a écopé d’une amende salée pour ne pas avoir ouvert son restaurant le 14 Juillet” et annonce qu’il récidivera le 15 août, rapporte Le Parisien : “Je n’ouvrirai pas le 15 août, amende ou pas ! Pour ne pas avoir à imposer à mes salariés de travailler. C’est une question de liberté du commerce !”, ne décolère pas après s’être vu infligé une amende de près de 187 000 euros pour avoir fermé son restaurant le 14 juillet.
“Le Groupement d’intérêt économique de la zone (GIE) ne varie pas sa position et rappelle que la décision d’ouvrir le 14 juillet “avait été votée par tous les commerçants en assemblée générale” avant l’été. Seize d’entre eux, restés fermés, avaient écopé de pénalités allant de 28 000 à 72 000 euros. La brasserie le Phenix, elle, a reçu l’amende la plus salée : 186 624 euros ! “On ne payera pas pour le 14 juillet. Pas plus qu’on ne paiera pour le 15 août si une nouvelle amende tombe”, renchérit Patrick Brun qui entend intenter une action en justice à Toulon pour contester les sommes réclamées. “J’écris à Emmanuel Macron, au Premier ministre et même au président de la République”, a-t-il annoncé.”
GIE ou pas, si la permission d’ouvrir les jours fériés devient une obligation, il est permis de s’inquiéter. C’est plus grave à long terme que la croissance française en berne selon les derniers calculs de l’INSEE que répercute le Huffington Post.
Les médecins confrontés aux “directives anticipées” sur la fin de vie
La torpeur estivale ne doit pas nous démobiliser sur le front de la bioéthique. S’agissant de la fin de vie, la loi Claeys-Leonetti est entrée officiellement en application ce 5 août avec la publication de deux décrets et un arrêté qui donnent un cadre légale aux “directives anticipées” contraignantes pour le médecin, signale le Journal International de Médecine : le médecin devra se plier aux déclarations écrites permettant à chaque individu “d’indiquer à l’avance s’il souhaite limiter, ou arrêter, les traitements qu’il pourrait recevoir en fin de vie, au cas où il deviendrait alors incapable d’exprimer sa volonté”.
Cela concerne aussi le choix d’un “traitement qui endort et qui a pour objectif la perte de conscience jusqu’au décès (…) Néanmoins il est prévu qu’un médecin peut ne pas tenir compte de ces directives anticipées dans le cas où il les juge “manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale””. Mais s’il juge que sa conscience et le serment d’Hippocrate lui interdisent de donner volontairement la mort, qu’adviendra-t-il ?
Les femmes enceintes fichées à leur insu
Pour sa part, le Dr Patrick Leblanc, gynécologue obstétricien et coordinateur du Comité pour sauver la médecine prénatale, s’insurge dans Le Quotidien du Médecin contre la création d’un fichier national de dépistage prénatal de la trisomie 21. Un décret et un arrêté ministériels “publiés sans publicité” obligent en effet les biologistes chargés des calculs de risque maternel de colliger toutes les données des tests réalisés chez les femmes enceintes puis à les transmettre à l’Agence de la Biomédecine (ABM) chargée de les communiquer à d’autres instances : Haute Autorité de Santé (HAS) et Fédération des réseaux de périnatalité.
“Ceci équivaut bien à l’instauration d’un fichier national incluant environ 700 000 femmes enceintes testées par an sur l’éventuelle trisomie 21 de leur enfant. Cette démarche est totalement inédite dans notre pays et inexistante ailleurs dans le monde !” Voilà la France en tête de ce type d’eugénisme ! Car il s’agit ni plus ni moins que d’éradiquer la trisomie 21 en éliminant les malades ! “Aussi le collectif pour sauver la médecine prénatale vient de déposer un recours auprès du Conseil d’État pour tenter de casser un dispositif que nous considérons comme un étau insupportable et inadmissible, poursuit le Dr Patrick Leblanc. Notre protestation rejoint celles d’autres médecins spécialistes, d’associations de parents de personnes handicapées ainsi que de patientes enceintes qui refusent l’utilisation à leur insu de leurs données personnelles. (…) En stigmatisant une pathologie expressément citée, ce fichier est contraire à l’esprit de la loi bioéthique 2011 voulu par le législateur.”
Gestation pour autrui : “un procédé machiavélique”
Le 3 août, le Conseil d’Etat a ordonné au Ministère des Affaires étrangères de laisser entrer sur le territoire français un enfant né à l’étranger, “quand bien même sa naissance résulterait d’une convention de gestation pour autrui”, rapporte le site Gènéthique. Aude Mirkovic, maître de conférences en droit privé et porte-parole de l’association Juristes pour l’enfance, y dénonce “le caractère machiavélique du procédé de GPA” et les “arguties juridiques [qui] permettent d’entériner comme si de rien n’était des achats d’enfant.” Alors que “des états comme l’Italie ont refusé de reconnaitre des acheteurs d’enfant comme parents” ce qui a valu à l’Italie d’être condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (l’appel est en cours), en France, l’Assemblée nationale a refusé de sanctionner le recours à la GPA : “beaucoup de députés, en dépit de leurs belles déclarations sur le respect de la femme et le refus de faire des enfants des marchandises, ne souhaitent pas vraiment lutter contre la GPA”.
La Manif pour tous redescend dans la rue
Face à ces menaces contre la famille et contre la vie, La Manif pour tous prépare une manifestation le dimanche 16 octobre, annonce sa présidente, Ludovine de la Rochère, dans Le Figaro (9 août) : “Au premier rang desquelles la PMA sans père, précise Ludovine de La Rochère. Il y a aussi la GPA qui avance à petits pas (…). Sans parler du changement d’identité sexuelle sur simple déclaration… En matière de politique familiale – congé parental, allocations, quotient familial, prélèvement à la source en vue de l’individualisation de l’impôt -, là aussi les Français veulent dire “Stop, ça suffit!” Il faut non seulement mettre un terme à la casse sociétale, mais aussi poser les bases d’une politique de reconstruction de la famille.” Après un été marqué par de terribles attentats, il faut s’attendre à une rentrée mouvementée.