Interview avec un frère religieux palestinien.
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Frère Daoud (David) Kassabry, membre des Frères Catholiques des Écoles Chrétiennes (Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, réseau LaSalle), dirige quatre écoles et une université chrétienne en Terre Sainte.
Aleteia : Comment un groupe de Palestine s’est-il retrouvé aux JMJ de Pologne ?
Frère Daoud (David) Kassabry : Nous avons formé un groupe de jeunes de nos écoles et aumôneries, pour découvrir la foi des polonais, et renforcer la nôtre. En tant qu’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes, nous avons rejoint le pèlerinage organisé par le Patriarcat latin de Jérusalem. Au total, nous sommes 180.
Comment avez-vous préparé les JMJ ?
Pendant huit mois, nous avons organisé des réunions hebdomadaires. Par ce pèlerinage, notre objectif était de mieux connaître Jésus. Nous avons beau venir de sa terre natale, nous avons besoin d’événements tels que les JMJ pour régénérer notre foi.
Votre optique était donc purement religieuse ?
Pas seulement. L’Autorité palestinienne et les chrétiens arabes du pays connaissent une situation politique complexe, nous sommes tous épuisés. Nous ne voyons aucune porte de sortie au problème. Alors les JMJ sont pour nous une chance de redécouvrir l’espoir et la joie de vivre.
Quelles sont vos premières impressions de la Pologne ?
Les Polonais ont été d’une hospitalité exceptionnelle. Pour nous qui faisons face à la suspicion au quotidien, c’est très touchant. Sur le plan religieux, nous avons été impressionnés par le nombre de jeunes dans les églises, par la connaissance et la compréhension qu’ont les Polonais de la foi et de Jésus, bien supérieure à la nôtre, alors que nous venons de la Terre de Jésus Christ.
Vous entendre dire “Nous venons de la Terre de Jésus Christ”, pour nous c’est incroyable.
J’irais même jusqu’à dire que nous vivons la situation de Jésus, notre réalité est faite est de souffrances au quotidien. Mais tel qu’il proclamait un message de paix, nous le proclamons aussi.
Votre situation est assez compliquée. Vous vivez parmi les arabes musulmans, qui représentent la majorité des Palestiniens, et les juifs d’Israël.
Nous sommes environ 100 000, répartis un peu partout dans le pays. Mais nous n’appartenons pas vraiment à aucune de ces communautés. Nous sommes arabes, palestiniens, mais aussi chrétiens. Malheureusement, le processus de radicalisation de l’Islam a également atteint la Palestine. Nous ne sommes pas persécutés directement, mais les gens nous perçoivent, nous parlent et nous traitent différemment maintenant. Personne ne montre son soutien envers les chrétiens qui souffrent. Nous commençons à craindre pour notre avenir.
Pour résumer, nous sommes palestiniens et arabes, mais du fait de notre chrétienté, les palestiniens ne nous considèrent pas vraiment en tant que tels. Nous sommes chrétiens, donc notre foi est fortement liée au Judaïsme, mais les juifs ne sont pas avec nous non plus car nous sommes arabes et palestiniens.
Que pensent les chrétiens palestiniens du pape François ?
Il semble être l’espoir de l’Église. Nous sommes tous touchés par sa simplicité. François est capable de se saisir de tout problème, simplement et directement. Il sait également remettre les choses dans leur contexte. Nous avons vraiment besoin d’un tel témoignage et enseignement aujourd’hui.
Sa vision de l’Église est authentique, elle correspond à celle que Jésus voulait. Le pape porte un véritable message évangélique avec sa vie, sa simplicité et son ouverture aux autres, ainsi que par son attention envers les pauvres et les peuples qui souffrent.
Propos recueillis par Konrad Sawicki.