Devant les évêques polonais, le Saint-Père se révolte contre la dérive du monde.
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Contre toute attente, le Bureau de presse du Saint-Siège a publié, le 2 août dernier, le texte de la conversation à huis clos que le pape François et les évêques polonais ont eu dans la cathédrale de Cracovie (Pologne), six jours plus tôt. Selon l’agence I.media, le Saint-Siège entendait probablement mettre fin à des rumeurs de la presse italienne qui affirmait que le Pape aurait parlé avec eux de la question des divorcés-remariés. Or, en parcourant le texte officiel de cette conversation, ce sujet n’est jamais abordé.
L’idéologie du gender
En revanche, le Saint-Père a vivement critiqué l’avancée de “l’idéologie du gender” qui est en train de “coloniser” l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique, et certains pays d’Asie, a-t-il dénoncé. Aujourd’hui, “on enseigne cela aux enfants – aux enfants !”, s’est-il écrié d’une voix étranglée. “On leur apprend que chacun peut choisir son sexe.” Et pourquoi ? Le Saint-Père répond : “Parce que les livres appartiennent aux personnes et aux institutions qui te donnent de l’argent”. Avant d’insister :”Oui, on est confronté à une vraie colonisation idéologique (…) soutenue le plus souvent par des pays très influents. Et ceci est terrible”.
Il y a peu de temps, a rapporté le Pape aux évêques polonais, lors d’une conversation, Benoît XVI lui a dit : “Sainteté, c’est l’époque du péché contre Dieu Créateur”. “Ce qu’il a dit, nous devons le penser”, a-t-il exhorté, car “Dieu a créé l’homme et la femme, Dieu a créé le monde ainsi… et nous faisons le contraire. (…) C’est l’époque du péché contre de Dieu Créateur”.
L’idéologie de l’argent
À propos d’idéologie, le Saint-Père n’a pas manqué d’évoquer la mort atroce du père Jacques Hamel par les djihadistes de Daesh, dénonçant encore une fois “la mère des corruptions et des guerres : l’idolâtrie de l’argent” qui a enlevé à l’homme et à la femme “sa place au sommet de la Création pour y mettre une idole, l’argent, qui vend et achète tout”.
Les migrants
Et la question des migrants entre dans cette logique de domination, dictée par la corruption. À cela, impossible de donner “une réponse universelle”, a souligné le Pape, car “l’accueil dépend de la situation et de la culture de chaque pays”, mais le problème est “mondial” et exige un investissement d’énergies de la part de tous. Les évêques polonais ont été invités, avec leurs fidèles, à “prier une fois par semaine devant le Saint-Sacrement pour ceux qui frappent aux portes de l’Europe mais qu’on ne laisse pas entrer”.
Vitalité des paroisses
Répondant aux questions de quatre évêques polonais, le pape François a aussi invité à redonner de l’importance aux paroisses. Il y a certaines “secrétaires qui ressemblent à des “disciples de Satan”, qui effraient les gens”, a-t-il alors plaisanté, et “des paroisses qui gardent leurs portes fermées”. Les églises, a-t-il insisté, doivent rester un “lieu de créativité, un lieu de référence” et non des “paroisses-bureaux”.
Déchristianisation
Sur la déchristianisation, rapporte de son côté Vatican Insider, le Pape a relevé une “sécularisation du monde moderne forte, très forte”. À ceux qui prétendent néanmoins voir apparaître “des phénomènes de religiosité, comme si le sens du religieux se réveillait”, il répond : “Oui, mais ils peuvent représenter un danger. Car dans un monde aussi sécularisé que le nôtre, le risque est de voir grandir une “spiritualisation gnostique”, une “spiritualité subjective, sans le Christ”, hérésie contre laquelle l’apôtre Jean lutta dès les premiers temps de l’Église. Pour le Saint-Père, le problème de la déchristianisation est bien plus grave que cette sécularisation : “Enlever le Christ, enlever le Fils. Je prie, je sens… et c’est tout. C’est cela le gnosticisme”.